Les raisons des disparités
Dans un effort notable pour introduire une structure salariale plus transparente et basée sur des critères mesurables, le gouvernement de Macky Sall, en 2012, avait révisé le système de rémunération des directeurs des agences d'exécution. Selon ce décret, les salaires étaient calculés en fonction du budget de l'agence, de son positionnement stratégique et de son effectif, mettant ainsi un frein aux accusations de clientélisme politique longtemps associées à ces nominations. Le nouveau gouvernement sera-t-il fidèle à cette nomenclature dans la pratique ?
Un décret de 2012, portant sur la restructuration des agences d'exécution et structures assimilées, avait introduit un nouveau système de classification et de rémunération visant à standardiser les pratiques et à améliorer la transparence au sein de l'Administration publique sénégalaise.
Le décret établit une classification des agences en quatre catégories selon trois critères principaux : le budget, le positionnement stratégique et l'effectif. Ces critères sont pondérés différemment, attribuant une importance majeure au budget (50 %) et au positionnement stratégique (45 %), tandis que l'effectif compte pour seulement 5 % de la note finale.
Ce pas vers une gestion plus rationnelle et équitable des rémunérations au sein des agences d'exécution avait pour objectif de pérenniser les finances des services publics et de maintenir la confiance des citoyens dans l'Administration publique. La réforme, en attente de son application définitive, marque une étape importante dans la modernisation de la gestion publique au Sénégal.
Détails des rémunérations et indemnités
Les indemnités des membres des conseils de surveillance et les salaires nets des directeurs varient significativement entre les catégories :
* Catégorie 1 = Président 2 000 000 F CFA/mois ; membres 300 000 F CFA/session
* Catégorie 2 = Président 1 750 000 F CFA/mois ; membres : 250 000 F CFA/session
* Catégorie 3 = Président 1 500 000 F CFA/mois ; membres 200 000 F CFA/session
* Catégorie 4 = Président 1 250 000 F CFA/mois ; membres 150 000 F CFA/session
Le décret stipule également l'attribution d'une prime annuelle de rendement, plafonnée à 35 % du salaire de base annuel pour les directeurs, selon les performances de l'agence. Cette initiative vise à encourager l'excellence et l'amélioration continue au sein des agences d'exécution.
Transparence et équité
Ces mesures reflètent une volonté du gouvernement de rendre la gestion des agences d'exécution plus transparente et équitable. En alignant les rémunérations avec les performances et les responsabilités réelles des directeurs et membres des conseils de surveillance, le gouvernement de Macky Sall espérait renforcer l'intégrité et l'efficacité des services publics.
Dans le cadre des efforts continus pour optimiser l'efficacité des agences d'exécution, le gouvernement, par le biais de multiples lois et décrets antérieurs, a mis en place une série de normes et procédures. Le dernier en date, le décret du 31 décembre 2010 relatif au contrat de performance, a été complété par des mesures additionnelles qui ciblent la rémunération et les critères de performance des directeurs généraux et des conseils de surveillance des différentes agences.
Pour rappel, au Sénégal, l'Administration publique a connu une transformation significative au cours des deux dernières décennies, avec la création de nombreuses agences d'exécution. De seulement deux agences en 2000, le pays en compte aujourd'hui 63. Un accroissement qui témoigne de la volonté de renforcer l'efficacité et la qualité des services publics. Cependant, cette expansion s'est opérée sans un cadre normatif rigoureux, engendrant une grande disparité dans l'organisation et le fonctionnement de ces entités, notamment en ce qui concerne la rémunération de leurs dirigeants.
Chaque agence, fonctionnant à l'image des fonds autonomes, a développé ses propres politiques salariales, souvent sans lien avec ses missions d'utilité publique ou ses ressources financières. Cette situation a également affecté les indemnités des membres des conseils de surveillance, avec des pratiques disparates et parfois contestées, renseigne le communiqué portant sur ce décret.
Face à ces incohérences, une loi d'orientation sur les agences d'exécution a été adoptée le 4 mai 2009 (loi n°2009-20), entraînant la mise en place d'une commission d'évaluation des agences. Cette dernière a eu pour mission de classer les agences et de fixer les rémunérations des dirigeants en fonction de critères tels que le budget, le positionnement stratégique et l'effectif de chaque agence.
À l’heure actuelle, Bassirou Diomaye Faye et son équipe ne se sont pas encore prononcés sur l’applicabilité de ce décret. Reste à savoir s’ils vont suivre le chemin établi par leur successeur ou apporter des modifications.
AMADOU CAMARA GUEYE