2013, l'internationale...
Même si la course a quitté l'Afrique, l'épreuve a néanmoins continué de gagner en popularité. Pour preuve : plus de cinquante nationalités seront représentées cette année.
Vendredi matin encore devant une télé japonaise... le patron opérationnel du Dakar, Etienne Lavigne, doit se répéter malgré lui : ''mais pourquoi le Dakar ne va pas à Dakar ?'' Ben parce que le rallye, ses concurrents casques dorés et ses suiveurs chéch bleu touareg ont été rejetés à la mer par les menaces terroristes. ''Retourner en Afrique, ce n'est pas pensable'', assène t-il. Le Dakar a su comprendre qu'il était une marque. Qu'il était peut-être temps, au passage, de régénérer l'enthousiasme en s'offrant à des pays neufs. ''Quand on est agrippé par la foule, qu'on ne voit pas comment la haie va s'ouvrir, c'est quand même quelque chose'', s'enthousiasme le motard de tête David Casteu.
Le Pérou a payé six millions de dollars
Le Dakar nouveau a bien sûr également intégré que la survie économique passait par des pays plus aisés, avides de vitrine touristique. Jeudi soir, en terrasse du Hilton, Roger Kalmanovitz, l'homme au ceinturon gravé "R.K" incarnait un certain passé. Il fut l'homme à la mallette, "le ministre des Affaires Étranges" de Thierry puis Gilbert Sabine. La mallette était un leurre. L'argent se dissimulait dans son inséparable chasuble de pêcheur. Fallait bien qu'un homme sûr remplisse la main tendue qui ensuite donnait le tampon. ''Autre époque'', résume Kalma. Aujourd'hui, le Dakar est payé pour passer. C'est le Pérou. Six millions de dollars pour le départ. Autant pour le Chili et l'arrivée. Quatre pour l'Argentine. Et l'Equateur, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay ont déjà été prospectés.
53 pays, un record
Mais on retiendra surtout l'enthousiasme venu de 53 pays, un record. Une arche de Noé mécanique. En descendant vers les rives du Pacifique et l'esplanade du contrôle technique, un motard pressé double dangereusement par la berme. On relève son numéro : 174. On regarde la liste : Lkhamaa Namchin, Mongolie. Saruul, son cousin raconte l'histoire d'un pays de cavaliers équestres qui rêvait de voir un de ses enfants chevaucher une mécanique à deux roues sur la grande épreuve. Picorer un dossard est un bout de voyage. 456 : Rumpi Slivko, Slovaquie, a affrété un truc qui ressemble à une voiturette de golf pour, rigole t-il, quérir nouvelle femme à Santiago. 408 : Michoulier, France, a vendu deux maisons, soldé son PEL, passé 1300 coups de fils quémandeurs, pour en être. C'est encore un Anglais estropié à la guerre, qui croise un Polonais énorme champion de saut à skis. Etc…
Devant, c'est tout aussi international. Les quatre projets auto susceptibles de l'emporter dans 8000 km et 14 étapes sont issus de quatre continents. Stéphane Peterhansel, pilote une Mini moteur BMW conçue en Alllemagne. Giniel de Villiers développe, en Afrique du sud, une Toyota japonaise. Nasser Al-Attiyah, le Qatari, s'est payé un buggy assemblé en express aux Etats-Unis. Enfin, Robby Gordon s'est fabriqué un sautillant engin à coque de Hummer dans ses ateliers de Charlotte, Etats-Unis. Sur l'esplanade, les organisateurs ont renoncé à trouver assez de mats pour faire flotter les couleurs des 53 pays...
L'Équipe