Les jeunes réclament le départ du médecin-chef de district

Le divorce est consommé, entre le médecin-chef de district de Ranérou et une frange de la population qui continue de réclamer son départ. La sortie de la section régionale du Sames, ce jeudi, dédouanant leur camarade des griefs portés à son encontre, n’a pas tempéré les ardeurs.
A Ranérou, il n’y a qu’un seul médecin pour 66 848 habitants répartis sur une superficie de 15 708 km2. Malgré cela, les jeunes réclament le départ de la blouse blanche. Ils ont récemment manifesté pour cela et accusent le médecin-chef de district de négligence, suite au décès d’un patient dans les locaux du centre de santé.
En guise de réponse, le Syndicat autonome des médecins du Sénégal de la zone Matam, a salué le travail irréprochable, dans des conditions peu idoines, de l’agent en question, avant de souligner le rôle que le président du Conseil départemental de Ranérou aurait joué dans la démarche des jeunes manifestants.
Ainsi, le Sames ne s’est pas contenté de laver à grande eau le docteur Aliou Ndour. Il s’en est pris vigoureusement au président du conseil départemental de Ranérou, Aliou Doumbourou. ‘’Au lieu d’appuyer le Dr Ndour dans le plaidoyer pour un service complet et efficace, en complétant les éléments hors de sa portée, cette autorité (NDLR : Aliou Doumbourou Sow) divertit la galerie par la désinformation et la manipulation. Elle l’avait fait en se faisant porte-parole des gazelles oryx, alors qu’elle ne s’était jamais intéressée à la réserve du Ferlo-Nord’’.
Ce passage musclé du communiqué du Sames zone Matam n’a pas été du goût des jeunes manifestants. Ils se disent accusés d’être manipulés par le président du Conseil départemental de Ranérou. Un affront qu’ils ont tenu à laver. ‘’Le communiqué du Sames que nous avons bien lu et bien écouté nous a vraiment fait du mal, martèle Bocar Diallo, Président du Conseil départemental de la jeunesse de Ranérou. Ce communiqué nous a écœurés, car nous sommes une structure de jeunesse. C’est nous les jeunes du département de Ranérou en particulier qui avons initié ce mouvement de combat. Nous avons appelé toutes les parties prenantes, bref toute la population de Ranérou, parce que nous faisons face à une situation qui perdure depuis 2017’’.
Il poursuit : ‘’La situation du centre de santé de Ranérou est très désolante. Le bloc opératoire ne fonctionne pas, depuis 2012. En cas de complications, les femmes sont acheminées à Touba ou à Linguère. Le cabinet dentaire est bien équipé, mais il n’y a pas d’agent et beaucoup d’autres services qui ne fonctionnent pas. C’est cela qui nous a motivés à mettre sur pied le Mouvement des jeunes unis de Ranérou. Donc, nous avons pris nos propres initiatives. Alors, quand le Sames déclare que nous sommes manipulés par un leader politique, ça nous fait mal. Nous sommes des jeunes responsables.’’
Sur le déficit de personnel, le Sames et les manifestants parlent le même langage. En effet, le centre de santé fait face à un déficit criard de ressources humaines. Le Sames relève qu’il n’y a qu’’’un seul infirmier d’Etat dans tout le centre de santé de Ranérou, au moment où le besoin est d’au moins 6 infirmiers’’.
Il révèle, en outre, que le service de radiologie est non-fonctionnel, à cause d’une absence de technicien supérieur en imagerie médicale, depuis l’ouverture du centre en 2012.
Bref, si la situation est peu reluisante en termes de personnel, le Sames pointe du doigt le président du conseil départemental : ‘’La santé étant une compétence transférée et ces manquements traduisent aussi une absence du Conseil départemental de Ranerou-Fero dans l’appui au district sanitaire. En effet, cette collectivité locale, dirigée par le député Aliou Dembourou Sow, ne contribue presque pas à la santé publique. Aucun agent qualifié (médecin, technicien supérieur, sage-femme, infirmier…) n’est recruté par cette collectivité pour soutenir l’Etat dans sa politique de décentralisation’’, fait savoir le syndicat.
La réponse du Pdt du Conseil départemental
Ces révélations du Sames ont été vite balayées d’un revers de main par le chef de cabinet du président du conseil départemental, Demba Pathé Diallo. ‘’Ce sont des accusations gratuites du Sames. Le Conseil départemental de Ranérou a beaucoup fait pour le district. La quasi-totalité du personnel est pris en charge par le conseil départemental. Quatre matrones, 2 gardiens, un chauffeur, 2 techniciens de surface et un gestionnaire de pharmacie ont été recrutés par le conseil. Alors, si le Sames soutient que nous n’avons rien fait, c’est des accusations sans fondement. Sans oublier que le conseil a réparé à hauteur de 2 millions la chaise dentaire’’, se défend-il.
En attendant un dénouement, les populations de ce département désœuvré sont obligées de faire des centaines de kilomètres pour avoir accès à des soins.
Djibril Ba