Publié le 5 Mar 2025 - 02:04
RASSEMBLEMENT DES TRAVAILLEURS DU SÉNÉGAL (RTS)

Panser la plaie des licenciements

 

Le Rassemblement des travailleurs du Sénégal (RTS) est né, afin de dire basta aux nombreux licenciements devenus monnaie courante depuis quelques mois.

 

Du Port autonome de Dakar à la Lonase, en passant par la Sapco, entre autres, les licenciements, depuis un certain temps, dépassent “3 000 personnes”, selon les chiffres fournis par le Rassemblement des travailleurs du Sénégal (RTS). Face à cette situation et dans un contexte de ramadan, ces anciens travailleurs manifestent leur ras-le-bol, car, estiment-ils, ces licenciements “abusifs” ont une coloration politique. “Notre collectif regroupe aujourd'hui de milliers des Sénégalais injustement évincés de leur poste, des salaires retenus de manière illégale sans aucune procédure, des pratiques totalement aux antipodes de l'État de droit, d'un État respectueux du droit et des conventions collectives nationales et internationales”, souligne le coordonnateur du RTS Boubacar Fall. 

Dans sa prise de parole, cet ancien de Dakar Dem Dikk a dressé l'état des lieux des licenciements. “Dans d'autres pays, l'État se glorifie du plein emploi et la réduction du taux de chômage. Ici, c'est l'inverse, c'est l'État qui met des milliers de pères de famille au chômage”, dénonce-t-il. Parmi les structures concernées, il cite le Port, la Lonase, Saf Industriel, la Sapco, le Fongip, le Promise, DDD, le Fera, l’Onas, EFS (Base française), GDS, CDC-Habitat, le ministère des Mines et du Pétrole, la Direction de l'emploi et autres ministère. Partout, la tendance c'est de licencier les dignes filles et fils de ce pays.  Il poursuit pour évoquer l'exemple le plus actuel, à savoir l'AIBD.

“L'AIBD compte licencier 500 agents pour motif économique. Le Conseil d'administration doit recevoir la proposition de la direction pour approbation, si ce n'est pas déjà fait. Au total, plus de 3 000 salariés licenciés déjà répertoriés dans ces différentes structures étatiques sous le fallacieux motif économique”.

Afin de restaurer la dignité de ces milliers de pères, mères et soutiens de famille, le collectif lance un appel à tous ceux qui peuvent jouer le rôle de “partenaires techniques pour accompagner ces travailleurs, dans ce contexte difficile de début du mois saint de ramadan”. Boubacar Fall ne manque pas d'inviter les dirigeants de ces multiples boîtes pourvoyeuses de chômeurs à céder la place, s'ils sont incapables au moins de sauver l'existant. “Si ces managers n'arrivent pas à trouver des solutions autres que le licenciement, c'est qu'ils ne sont pas à la bonne place ou ils veulent simplement faire de la politique, licencier pour recruter des militants”.

Pape Mama Fall, licencié de la CDC-Habitat 

Pour Pape Mama Fall, un licencié de la CDC-Habitat, le manager de la boîte a agi en parfaite illégalité pour remercier une douzaine d'agents. “À la CDC-Habitat, le directeur général a saisi l'occasion du 1er janvier pour licencier beaucoup de monde pour motif économique. Cette excuse ne tient pas, car une boîte en perte de vitesse ne peut pas se permettre de quitter les locaux de la maison mère et contacter un bail au Point E. Où est la logique dans cette façon de faire ?”. Dans cette logique de déconstruction, le désormais chômeur laisse entendre que l'argument du “tok muy dox” n'est pas avéré. “Pour justifier leur sale besogne, ils ont évoqué l'absentéisme. C'est aussi faux. J'étais toujours sur place avant 7 h. Nous savons que c'est une commande politique qu'on exécute à notre détriment. Mais je tiens à rappeler qu'appartenir à un autre parti politique que le Pastef n'est pas synonyme de crime”.

Victime parmi tant d'autres, M. Fall a tenu à interpeller les plus hautes autorités. “Le président de la République n'est-il pas au courant de cette injustice que certains directeurs généraux font subir à de dignes Sénégalais ? Que dire du ministre du Travail ? Comment peut-il rester aussi insensible, alors que plus 3 000 Sénégalais ont perdu leur travail lors des 10 derniers mois ?”, s'interroge-t-il. Enfin, si rien n'est fait, fulmine M. Fall, la lutte va tout simplement s'intensifier avec l'organisation de “marches pacifiques” et autres formes de contestations. 

Xrum Xakh : “On nous avait promis le plein emploi. Voilà qu'on nous sert des licenciements tous azimuts.”

"Dans quel Sénégal sommes-nous ?". C'est la question que se pose Abdou Karim Guèye Xrum Xakh à l'entame de son propos. À en croire l'activiste, ce n'est guère pour de telles pratiques qu'il s'était engagé aux côtés de Pastef dans la lutte contre l'ancien régime. "Quand nous nous battions pour le changement de régime, ce n'était pas pour vivre ça. Là, nous sommes en face d'un net recul. En 10 mois à peine, on regretterait presque Macky Sall, car on nous avait promis le plein emploi. Voilà qu'on nous sert des licenciements tous azimuts. Le gouvernement ne s'arrête pas à la diminution des salaires, il supprime des postes, mettant ainsi pères, mères et soutiens de famille au chômage".

À l'instar des travailleurs licenciés, M. Guèye bat en brèche l'argument financier pour corroborer ses innombrables licenciements. “Nous ne sommes pas dupes. La crise n'explique pas tout dans ce processus enclenché depuis plusieurs mois maintenant. La vérité, c'est qu'il y a une clientèle politique qui est là, qu'il faut satisfaire. En d'autres termes, on renvoie X pour recruter Y. Et encore une fois, nous n'avons pas mené tous ces combats pour que ce genre de pratique subsiste encore en 2025”, assène le célèbre activiste, ex-fervent défenseur de Sonko et Pastef. 

Mamadou Diop 

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