Le supporter accusé d’avoir lancé une pierre à Garga Mbossé dit être victime de ses ‘’rastas’’
Accusé d’être l’auteur du jet de pierre qui a atteint le lutteur Garga Mbossé lors de son combat avorté contre Lac Rose, Ousseynou Mbengue a été relaxé hier, par faute de preuve.
Le 9 mai dernier, le combat opposant Lac Rose (écurie Fass) à Garga Mbossé (écurie Door dooraat) n’a pas eu lieu. La faute à une pierre balancée sur la tête du petit frère de Zoss, chef de file de l’écurie ‘’Door dooraat’’. Évacué à l’hôpital, Alioune Bâ Ngom dit Garga Mbossé s’est retrouvé avec une incapacité de travail temporaire de 10 jours. Au même moment, sur les écrans des postes téléviseurs, défilait l’image d’un homme avec des dreadlocks menotté. Il s’agit du nommé Ousseynou Mbengue désigné comme étant l’auteur du jet de pierre qui a fait ajourner le combat.
Traduit hier devant le tribunal départemental de Dakar, le supporter poursuivi pour coups et blessures volontaires a été relaxé au bénéfice du doute. Le tribunal, le délégué du procureur et même l’avocat de la partie civile ont estimé qu’il n’y a rien qui prouve qu'Ousseynou Mbengue a lancé la pierre. D’autant que depuis son arrestation, le prévenu a constamment contesté les faits. A la barre, il a soutenu qu’il y a une méprise sur sa personne à cause de ses ‘’rastas’’ (coupés après son placement sous mandat de dépôt).
‘’Quand je suis arrivé, je me suis installé à la tribune où les gens ne portaient pas de t-shirt de leur lutteur’’, dit-il tout en précisant qu’il voulait éviter des problèmes. Mieux, il a indiqué être un fan du lutteur blessé. ‘’Étant un fan de Garga, comment aurais-je pu lui jeter une pierre’’, s’est-il interrogé. En l’absence des témoins et de preuves, le tribunal a choisi de relaxer Ousseynou Mbengue au bénéfice du doute, même si la défense voulait une relaxe pure et simple.
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PROCÈS DE LA LUTTE : CNG, Lutteurs et amateurs à la barre
Le procès d'hier a été également celui du monde de la lutte dans son intégralité. Juges et avocats n’ont pas mis de gants pour faire un diagnostic sans complaisance de la pratique de ce sport national tout en fustigeant le CNG.
Amateurs, supporters, lutteurs, membres du Comité national de gestion de la lutte. Personne n’a été épargné par les juges et avocats pour dénoncer la violence qui caractérise le milieu de la lutte. D’abord, c’est le président de l’audience qui a ouvert le bal pour condamner l’attitude des supporters prompts à verser dans la violence. ‘’Chaque fois, vous vous tuez pour des adversaires qui, après, se retrouvent entre eux. Au moment où vous, vous êtes dans la rue en train de vous poignarder, le lutteur que vous défendez est devant son assiette de poulet pour manger’’, a lancé le juge au prévenu.
Abondant dans le même sens, Me Mouhamadou Bamba Cissé a soutenu que les actes de violences sont du gâchis pour les amateurs en quête de spectacle. Il a déploré l’attitude des responsables du CNG qui, dit-il, ne se sont point enquis de la situation de son client. Pour lui, il est temps que le CNG se remette en cause. Un avis partagé par le délégué du procureur Yoro Moussa Diallo.
Ce dernier trouve «lâche» l’attitude des responsables du CNG qui, dit-il, auraient dû venir témoigner à la barre. ‘’Ce procès devait être une occasion en or pour les responsables de venir sensibiliser les jeunes’’, a renchéri le juge. Pour qui il est temps de faire le bilan de la pratique de la lutte au Sénégal. ‘’Il faut évaluer ce sport pour voir ce qu’il rapporte car, à chaque fois qu’il y a combat de lutte, les gens sont stressés à cause des agressions, et même des viols.’’ L'occasion pour le juge Diallo d'affirmer que ''la lutte, c’est un fourre-tout, sans contrôle antidopage, où les lutteurs qui sont comme des gladiateurs ne sont pas protégés''.
A l’endroit des lutteurs, le juge Yoro Moussa Diallo a été sans concession pour les lutteurs. ‘’Sous d’autres cieux, ils ne mériteraient pas autant de considération de leurs concitoyens’’, certains d'entre eux étant de véritables modèles de «contre-valeurs». Du reste, si la lutte suscite autant de passion malsaine, c’est parce que la société a donné de la notoriété ‘’à des gens sortis de nulle part, sans formation, sinon que faire de la musculation’’.
FATOU SY
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