La nouvelle directrice du Cesti décline ses ambitions
En marge de la cérémonie de remise de diplômes à la 45e promotion du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) qui porte le nom de feu Momar Kébé Ndiaye, la nouvelle directrice, Mme Sall Cousson Traoré, a esquissé les grandes lignes de ses ambitions pour cet établissement d’excellence.
Moins d’un an depuis son élection et prise de fonction effective en tant que nouvelle directrice du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti), Mme Cousson Traoré a profité, hier, de la cérémonie de remise de diplômes à la 45e promotion du Cesti, baptisée ‘’Momar Kébé Ndiaye’’, pour dévoiler son ambitieux programme pour le premier établissement de formation en journalisme en Afrique francophone. Ce programme, en réalité, est une sorte de package de projets de réformes, d’innovations et d’améliorations dont la finalité vise à répondre aux exigences de modernité, de management et de révolution pour repositionner le Cesti sur l’estrade des grandes institutions du monde dans le domaine des sciences de l’information et de la communication.
‘’A l’horizon 2023, d’importantes réalisations sont en vue et les procédures se trouvent déjà enclenchées pour certaines. Au plan pédagogique, le Cesti a introduit, depuis quelques mois, l’enseignement des langues nationales et le mandarin dans la formation des journalistes. Cela pour renforcer, d’une part, le droit du public à l’information et, d’autre part, favoriser l’ouverture sur l’international’’, a-t-elle renseigné. Dans le même ordre d’idées, la directrice informe que le Cesti entend créer de nouvelles filières et mettre en place un programme de licence professionnelle en productions audiovisuelles en journalisme scientifique, culturel et sportif.
Les responsables du Cesti souhaitent aussi rendre effectif, à moyen terme, l’enseignement à distance pour élargir et diversifier son offre de formation dans les métiers de la communication. L’école veut également sauvegarder ses archives. Il s’agit de numériser toutes les productions réalisées au Cesti de 1973 à nos jours : les grandes enquêtes de fin d’études, les mémoires de maîtrise, les mémoires de Master. Au plan de la recherche, le Cesti souhaite rendre plus visibles les travaux scientifiques de ses enseignants en consolidant la Revue africaine de communication. Enfin, le Cesti, sous la direction de Mme Sall, envisage de redynamiser ses relations avec les entreprises afin de faciliter l’insertion des étudiants dans la vie professionnelle.
A propos justement de l’angoissante question relative à l’insertion professionnelle, les étudiants savent déjà à quoi s’en tenir : ‘’Aux portes de la profession qui nous attend, les conditions de journalistes se dégradent de plus en plus. Malgré la multiplicité des supports médiatiques enveloppés sous le manteau de la précarité, le journalisme, au Sénégal, cache mal, très mal, son mal être. S’y ajoute un déficit de formation notoire pour un métier qui semble ouvert à tous. Il est loin d’être surprenant si, dans cette profession, la curiosité professionnelle se confond à la curiosité personnelle, du droit d’informer au droit de nuire’’, décrit le porte-parole des étudiants.
Le journalisme, un métier noble
Pour faire face à ces défis, les différents orateurs n’ont pas tari de leçons à l’endroit des nouveaux récipiendaires pour les réarmer davantage. Tous ont rappelé et insisté, dans leurs interventions, sur les principes qui constituent l’essence même du journalisme. ‘’Le métier que vous allez embrasser est d’autant plus difficile qu’il est noble. Vous devez concevoir le journalisme pour ce qu’il doit être fondamentalement un sacerdoce, une véritable vocation. Le journaliste, lorsqu’il joue pleinement son rôle, est un régulateur social dans la cité. Quelle que soit la position du journaliste, les exigences déontologiques lui font face et il doit privilégier l’intérêt général ainsi que la probité intellectuelle. Lorsque l’intérêt personnel motive le journaliste plus que l’intérêt commun, le moins qu’il risque est la perversion de son métier et le sacrifice éternel de sa dignité’’, a laissé entendre Mme Sall.
Quant au doyen Amadou Abdou Sow de la faculté des Lettres et sciences humaines, il a rappelé la relation et l’apport des médias dans la construction d’une opinion publique responsable dans une société démocratique et pluraliste. ‘’La démocratie exige une sphère publique bien informée, intégratrice, pluraliste dont les médias sont, dans une large mesure, les vecteurs. L’absence d’éthique, le manque de distanciation critique par rapport aux faits doivent être proscrits dans la pratique du journalisme. Et c’est seulement de cette manière que l’apport des médias sera bénéfique dans l’approfondissement de la démocratie’’, a souligné M. Sow, par ailleurs représentant du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Au total, ils sont 27 journalistes (10 en télévision, 9 en presse écrite et 8 en radio) à avoir reçu leur parchemin.
MAMADOU YAYA BALDE