10 000 jeunes pour alléger l’insécurité
L’Agence nationale de la sécurité de proximité a lancé hier son programme de recrutement de 10 mille jeunes, en présence de ses partenaires nationaux dont la Police nationale et la gendarmerie. Son objectif est de renforcer la dynamique sécuritaire des personnes et des biens.
L’insécurité est en voie d’être allégée au Sénégal. C'est la conviction affichée hier par les responsables de l’Agence nationale de sécurité de proximité (ASP) au lancement de ce programme qui vise à prévenir la délinquance et à assurer la sécurité de manière globale. Ce sont 10 mille jeunes sénégalais qui seront recrutés à cet effet, selon Me Pape Khaly Niang, directeur général de l'agence. Pour qui le président de la République a fait le choix d’une «nouvelle démarche sécuritaire participative axée sur la prévention et la proximité». D’où l’objectif d'instaurer sur le territoire national «une nouvelle dynamique sécuritaire des personnes et des biens», ce qui se traduira par les milliers d'emplois annoncés au profit de la jeunesse.
D'après Pape Khaly Niang, les futurs agents devront assurer une sécurité de proximité, rurale, touristique environnementale, routière, maritime, aéroportuaire, etc. Ils interviendront également contre un phénomène de grande ampleur dans le pays, et notamment en zone rurale : le vol de bétail. ‘’Nous pensons que tout ce qui n’a pas été pris en compte au niveau de la sécurité sera relayé par les agents’’, dit Pape Khaly Niang. Il note que ces derniers seront présents au niveau des quartiers, d’où la dénomination «sécurité de proximité». «Nous allons travailler avec les contrats locaux de sécurité, recueillir une cartographie de la délinquance pour mieux nous imprégner des réalités locales», note le Dg de ASP.
«Les ex-militaires seront privilégiés»
Concernant le processus de recrutement, les candidatures seront lancées sur tout le territoire national, avec dépôt des dossiers au niveau des préfectures et sous-préfectures. Il sera donné aux nouveaux agents une formation de 45 jours, avant la prise de service prévue pour le 2 janvier 2014. Sans distinction ni discrimination, ajoute Pape Khaly Niang, l’appel d’offres vise autant les jeunes filles que les garçons. Mais a priori, ceux qui sont déjà passés par l'armée nationale seront privilégiés sur les autres. De même les handicapés auront des services adéquats à leur statut.
Interpellé sur la question du port d’arme, le DG de ASP note que toutes ces questions seront exploitées. Pour le général Cheikh Sène, représentant de la gendarmerie territoriale, il n’y aura pas d’empiétement et tout sera fait autant que possible pour asseoir une harmonisation des principes d’action par une approche inclusive et par une inter-opérabilité de tous les services. D'ores et déjà, a-t-il ajouté, le programme gouvernance de sécurité prend en compte tous les acteurs de la sécurité, la gendarmerie, la police et les élus locaux.
CHEIKHNA KEÏTA (POLICIER A LA RETRAITE)
«S’ils ne font pas attention, il y aura échec...»
Selon le président du Mouvement national des policiers à la retraite tous corps confondus, Cheikhna Keïta, joint au téléphone hier, les quarante-cinq jours de formation des jeunes sont insuffisants pour l'objectif déclaré. «En tant que retraité de la police, nous disons que cela est impossible, ces jeunes devraient être encadrés impérativement par des anciens de la police pour éviter des dérives», affirme-t-il. A son avis, l’agence nationale de sécurité de proximité ne devrait pas être assimilée à un ministère et confié à un avocat, comme c'est le cas. «Nous applaudissons l’initiative de mettre en place cette agence, mais nous craignons vraiment qu’il y ait des dérives.»
Les constats faits dans la banlieue montrent que cela peut éclater à tout moment et que les gens ne voudront jamais les respecter. Il donne l’exemple de la police municipale qui a été mise en place, mais dont les membres, finalement, ne pouvaient exercer à bien leur métier, car les gens ne les considéraient pas comme de véritables policiers.
Pour Cheikhna Keïta, il faut impérativement faire en sorte que les jeunes éléments de cette agence basée au ministère de l’Intérieur ne se considèrent pas comme des policiers. «Ils ne le sont pas, ils n’en ont pas le diplôme, mais juste une formation de 45 jours», précise-t-il. Non sans laisser entendre qu'il y a un souci de satisfaire une clientèle politique pour régler le problème du chômage, notamment chez la jeunesse.