Publié le 11 Mar 2025 - 16:57
SÉNÉGAL, PLUS GRAND IMPORTATEUR DE PÂTES ET DE COUSCOUS MAROCAINS

Dépendance royale

 

Les produits à base de blé "Made in Maroc" ont conquis plusieurs marchés de la CEDEAO. Le Sénégal est à la tête des plus grands importateurs, avec 38 343 t de produits à base de blé reçues entre juillet 2023 et juin 2024. Le volume d'importations de ces produits a doublé en quatre ans. Les agrumes ne sont pas en reste, avec 140 t d’oranges importées. Cette dépendance alimentaire interpelle encore une fois les nouvelles autorités qui prônent la souveraineté agricole. Une nouvelle route maritime commerciale entre Agadir et Dakar a été ouverte pour livrer les produits périssables. Selon les données récentes, la balance commerciale joue en faveur du Maroc. Le Royaume chérifien courtise également la communauté mouride. La République du Sénégal et le Royaume du Maroc se félicitent de ‘’l'état des relations stratégiques singulières les unissant’’.

 

Les Sénégalais savourent avec appétit les pâtes et le couscous marocains. Selon les données partagées par le ministère américain de l’Agriculture (USDA) le 23 janvier, le Sénégal est devenu le plus grand importateur de la région CEDEAO, recevant 38 343 t de produits à base de blé, entre juillet 2023 et juin 2024. Ces produits marocains sont principalement exportés vers les marchés de l'Afrique de l'Ouest, sous forme de pâtes et de couscous, a rapporté l'USDA, citant l'Office des changes du Maroc.

Les importations du Sénégal sont en croissance constante, depuis 2021. D'après les données, ces importations en blé marocain ont connu une croissance significative au fil des années, passant de 14 617 t en 2021-2022 à 22 616 t en 2022-2023, pour atteindre 38 343 t en 2023-2024. Les données révèlent que les importations du Sénégal, au cours de la campagne de commercialisation 2023-2024, ont dépassé celles vers l’UE27, qui ont totalisé 28 898 t.

Cette dépendance en pâtes et couscous produits à base de blé intervient dans un contexte où les autorités nationales prônent l'autosuffisance alimentaire. Le Sénégal s'est lancé, depuis quelques années, dans la recherche et la production de blé. L'Isra a déjà fait homologuer huit variétés, dont quatre tendres pour la production de pain et quatre types de blé dur pour la fabrication de couscous, de pâtes alimentaires, de biscuits, de gâteaux et beaucoup d’autres produits transformés. Pendant ce temps, les pâtes et le couscous marocains foisonnent dans le menu des consommateurs sénégalais, au détriment des céréales locales.

Les agrumes : le Sénégal a importé 140 t d’oranges en 2024

Les fruits et légumes marocains sont visibles dans tous les grands marchés de Dakar. Au ‘’Parc Nadio’’, l’un des coins du marché Castors, on peut dénombrer une dizaine de chambres de stockage de fruits, légumes et agrumes en provenance du Royaume chérifien. En 2024, les exportations d’oranges du Maroc ont enregistré une croissance significative. Selon EastFruit, cette année, le Maroc a livré plus de 11 000 t sur les marchés internationaux en neuf mois, pour une valeur totale dépassant 18 millions de dollars. Le Sénégal s’illustre dans le top 5 des pays importateurs après l’UE, avec 140 t, au cours des neuf premiers mois de l’année écoulée. Il convient de noter que le Maroc est l’un des plus grands producteurs d’oranges d’Afrique, deuxième après l’Égypte et l’Afrique du Sud.

L’axe maritime commercial Agadir - Dakar pour livrer fruits et légumes

Le Royaume chérifien tire déjà profit des retombées de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), qui vise à renforcer le commerce intra-africain et l’intégration économique. Début décembre 2024, le Maroc et Atlas Marine Group ont signé un protocole établissant une nouvelle route maritime commerciale entre Agadir et Dakar. ‘’Ce service devrait bénéficier aux camionneurs marocains, en particulier ceux qui transportent des denrées périssables telles que les fruits et légumes qui nécessitent une livraison rapide et fiable pour conserver leur fraîcheur. En proposant une route maritime, le nouveau partenariat vise à réduire le temps de transport, à assurer des arrivées plus rapides et à préserver la qualité des marchandises en transit’’ rapporte ‘’Morocco World News’’.

Balance commerciale déficitaire

Les exportations marocaines vers le Sénégal s'élèvent à plus de 123 milliards de francs CFA. En s’appuyant sur les statistiques relayées par maritimafrica.com, les relations commerciales entre le Maroc et le Sénégal jouent actuellement en faveur du Royaume chérifien. ‘’Les données récentes montrent que les exportations marocaines vers le Sénégal s'élèvent à plus de 123 milliards de francs CFA, tandis que les exportations sénégalaises vers le Maroc sont d'environ 20 milliards de francs CFA. Ce déséquilibre met en évidence la nécessité de stratégies de rééquilibrage des échanges, comme l’implantation d’unités de production au Sénégal et l’exportation de produits locaux. La nouvelle route maritime devrait améliorer davantage la logistique commerciale, réduire les temps de transit et diminuer les coûts pour les exportateurs et les importateurs, renforçant ainsi les liens économiques’’, note la société britannique Atlas Marine.

SECTEURS CLÉS ET INVESTISSEMENTS

Coopération bilatérale

Le Sénégal et le Maroc se félicitent de ‘’l'état des relations stratégiques singulières les unissant’’. Le 27 mai 2024, la ministre de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères, Yassine Fall, et son homologue marocain, Nasser Bourita, ont procédé, à Rabat, à la signature d’un communiqué conjoint entre la République du Sénégal et le Royaume du Maroc. Dans ce communiqué, les deux parties se sont félicitées de ‘’l'état des relations stratégiques singulières les unissant et de la profondeur des liens historiques uniques entre les peuples marocain et sénégalais’’. Madame Fall a hautement salué ‘’les grandes avancées réalisées dans le cadre de ce partenariat stratégique entre les deux pays, illustré notamment par des visites fréquentes de Sa Majesté le roi Mohammed VI, que Dieu l'assiste, à Dakar, et le lancement de plusieurs projets dans divers secteurs, tels que l'infrastructure, la pêche, l'habitat, la santé, l'agriculture et le développement humain’’. La République du Sénégal et le Royaume du Maroc ont également souligné le rôle clé des secteurs privés des deux pays dans la promotion du développement des relations bilatérales et l'encouragement de nouveaux investissements ‘’dans les deux pays frères, dans le cadre d'un partenariat économique gagnant-gagnant". Les deux pays sont partenaires depuis la signature d’un accord commercial en 1963, renforcé le 26 mars 1981 par le protocole additionnel entrée en vigueur dès sa signature ‘’pour une période d'un an, renouvelable par tacite reconduction d'année en année, tant que l'une ou l'autre des parties contractantes ne l'aura pas dénoncé par écrit, avec un préavis de trois mois avant son expiration’’, stipule le protocole.

LA RAM SIGNE UNE CONVENTION AVEC LA COMMUNAUTÉ MOURIDE

‘’Transporteur officiel de Touba’’

Le Royaume chérifien courtise également la communauté mouride. En mai 2024, Royal Air Maroc a bénéficié du titre de ‘’Transporteur officiel de Touba’’. Le président de la compagnie aérienne, Hamid Addou, et le maire de Touba, Abdou Lahad Ka, ont procédé à la signature d’une nouvelle convention institutionnelle entre la RAM et la confrérie mouride en présence des hauts représentants de cette communauté.

Selon le communiqué relayé par la presse marocaine, ‘’la convention inclut également des dispositifs spéciaux pour le pèlerinage annuel à la ville sainte de Touba et le rapatriement des dépouilles des membres décédés à l’étranger’’.

 

F. Bakary Camara

Section: 
FUITES DE GAZ NATUREL - PRÉVENTION ET SOLUTIONS : La recette de l’ingénieur pétrolier Ousseynou Souaré
FACT-CHECK : Ce qu'il faut comprendre de la divergence entre l'ANSD et le PAD 
FUITE DE GAZ : Le gouvernement hausse le ton, BP minimise 
Précisions du PAD
POUR RELANCER L’AGRICULTURE DANS 4 RÉGIONS DU SÉNÉGAL : L'UE casque 15 millions d’euros  
PRODUCTION FÉVRIER 2025 : Sangomar produit 2,70 millions de barils de pétrole brut
BALANCE COMMERCIALE, TRAFIC À L’AIBD ET AU PAD… : Les révélations du rapport de l’ANSD en 2024
INDICES DES PRIX DE PRODUCTION DES SERVICES (IPPS) : Entre hausse, constance et chute
RAPPORT COUR DES COMPTES : Grand malaise au Trésor
Aides étrangères
PAPA MAMA GUEYE (ÉLEVAGE, ARBORICULTURE…) : À 77 ans, toujours déterminé à développer l’élevage d’autruches
STANDARD & POOR’S ABAISSE LA NOTE SOUVERAINE DU SÉNÉGAL DE B+ À B, AVEC UNE PERSPECTIVE NÉGATIVE : Une alerte économique majeure
Conseil des ministres africains chargés de l'eau
Production industrielle
Acson-New Deal Technologique
Visite directrice Banque mondiale
PERFORMANCES 2024 : La Sonatel franchit la barre des 1 776 milliards F CFA
KAOLACK : POUR LA MAÎTRISE DES BUDGETS DE L'ÉTAT ET DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES Des associations et mouvements de jeunes formés
MAÎTRISE DES EAUX, AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE, CRÉATION D'EMPLOIS… : Bassirou Diomaye Faye lance le Promoren d'un coût de 36 milliards F CFA
NEW DEAL TECHNOLOGIQUE : Le Sénégal lance sa nouvelle stratégie numérique