Christophe Bigot en croisade contre les mines en Casamance
L’Ambassadeur de France au Sénégal qui séjourne à Ziguinchor veut, entre autres, se faire son propre avis sur la question de déminage en Casamance.
Après les régions de Sédhiou et de Kolda, premières étapes de sa tournée en Casamance naturelle, l’Ambassadeur de France au Sénégal est arrivé, hier, à Ziguinchor. « Aujourd’hui (hier), je suis à Ziguinchor pour le début d’un séjour. L’action a été mise sur la question du déminage. Il y a des efforts importants qui ont été menés. La France a apporté son soutien, de 2009 à 2012 », a déclaré Christophe Bigot qui tenait une rencontre avec la presse, en fin de matinée, dans les locaux de Handicap International ; le seul opérateur aujourd’hui sur le terrain mais qui, faute de ressources financières, ne parvient plus à poursuivre les opérations de déminage humanitaire en Casamance.
Donc, selon le diplomate, la question de la définition des termes d’un plaidoyer se pose pour l’obtention d’un financement. Un financement sénégalais et un financement international. « Pour le financement sénégalais, cela ne relève pas de ma compétence. Mais pour ce qui est du financement international, je crois que la communauté internationale est sensible à tous les éléments qui permettront de démontrer que ce travail progresse, et peut progresser dans toutes les zones. Je sais qu’il y a cet objectif pour zéro mine, d’ici 2021. Il faut définir un calendrier, des moyens et examiner comment ce déminage peut être entrepris. On voit bien qu’il existe des zones qui peuvent être déminées et d’autres dont la dépollution dépend d’éléments qui sont liés au contexte sécuritaire dans la région », a ajouté l’Ambassadeur de France au Sénégal.
Christophe Bigot a mis à profit sa descente sur le terrain « pour rencontrer des victimes de mines, mais aussi des villageois qui, dit-il, étaient heureux de constater que le travail de déminage leur a permis de revenir sur leurs terres, sur leurs champs ». « Heureusement, aujourd’hui, il y a très peu de victimes de mines. Si je comprends bien, la question du déminage est d’abord celle du retour sur leurs terres, du retour au village. Il n’y a pas beaucoup de villages qui ont été abandonnés. Il est important de contribuer au développement de la Casamance, au développement économique, au développement social. Même si aujourd’hui les travaux sont arrêtés, le jugement qui a été porté sur ce qui a été fait est très positif aussi bien par les associations, les villageois évidemment sous l’autorité du Centre National d’Action Anti-Mines du Sénégal (CNAMS). Car c’est à lui que revient l’évaluation du travail qui a été fait », a-t-il souligné.
Les activités de dépollution de la Casamance avaient été portées par des pays comme l’Italie, les Etats-Unis, le Canada, la Norvège, la Suède et l’Afrique du Sud. Mais ces partenaires se sont retirés. « Il faut voir qu’est-ce qui permettrait de manière globale de relancer ce sujet sur la base d’éléments fournis par le CNAMS et sur la base d’un calendrier et d’objectifs qui tiennent compte de la situation sur le terrain », poursuit l’Ambassadeur. Selon lui, il faut un effort collectif pour poursuivre le déminage, pour la simple raison que si l’on observe la carte, on se rend compte qu’il y a des zones où l’on suspecte la présence de mines.
Lutte contre les abris provisoires Avant Ziguinchor, l’Ambassadeur de France au Sénégal s’est rendu dans les régions de Sédhiou et de Kolda. A Sédhiou, avec le ministre de l’Education Nationale, il a été question du Programme d’Amélioration de l’Enseignement de Base en Casamance (Paebca) dont « l’objectif est de mettre fin aux écoles et collèges qui sont sous la forme d’abris provisoires, et dont les conséquences sont néfastes sur la scolarité qui commencent plus tard et qui finissent plus tôt, mais également qui réduit la part des jeunes filles en terme de scolarisation. » Ce programme est mené dans la région de Sédhiou et de Ziguinchor. « Il y a eu quelques difficultés concernant le démarrage mais maintenant, il commence à porter ses fruits, puisque dans la région de Sédhiou, nous avons visité plusieurs projets qui devraient être prêts pour la rentrée scolaire 2018-2019. Nous avons, avec le ministre de l’Education, lancé plus que la première pierre, les mille premières pierres du projet de Boughari », a informé le diplomate. La question des migrants A Kolda, l’Ambassadeur de France s’est appesanti sur la question des migrants. « J’ai écouté beaucoup de migrants raconter leurs difficultés, les épreuves qu’ils avaient subies pendant leur voyage, les raisons pour lesquelles ils étaient partis et les raisons pour lesquelles ils étaient revenus. La migration est au cœur de l’actualité. C’était important de les entendre directement », a expliqué Monsieur Christophe Bigot qui révèle que ce contact avec les migrants entre dans la volonté de la France de répondre aux besoins des migrants, en développant les zones de départ. |
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)