Publié le 9 Mar 2021 - 20:25
SERIE D’EXIGENCES DU LEADER DU PASTEF AU PRESIDENT MACKY SALL

Le manifeste de sortie de crise 

 

Après sa libération et la démonstration de force de ses partisans, le leader du Pastef a lancé un ultimatum au président de la République, avec une série de revendications à satisfaire pour ce qui lui reste de son mandat. 

 

Le temps n’est plus à la négociation, pour le leader de Pastef/Les patriotes. Fraichement placé sous contrôle judiciaire par le doyen des juges Samba Sall, dans les accusations de viols et de menaces de mort qui le visent, Ousmane Sonko a exigé, hier, du président de la République, un certain nombre de revendications. Ceci, dans l’optique de mener à bien le reste du mandat de 5 ans pour lequel Macky Sall a été réélu en février 2019. Fort du soutien mémorable que la jeunesse du Sénégal lui a témoigné depuis son arrestation le mercredi 3 mars, l’opposant demande au peuple de ne pas baisser la mobilisation.

‘’Il faut que les vies perdues aient servi à quelque chose, pour que cela ne se reproduise jamais. Nous proposerons, après concertations, peut-être deux fois dans la semaine, que le peuple sorte massivement et de manière pacifique, pour rejoindre une place, avec le drapeau national, pour exiger que ses revendications soient rapidement satisfaites par Macky Sall. Ce n’est pas le moment de faiblir. Maintenons le cap’’, a-t-il exalté ses partisans. 

Ces revendications concernent d’abord les 10 victimes officielles des différentes manifestations qui secouent le pays depuis 6 jours. Après leur avoir rendu hommage, l’opposant exige du gouvernement une réparation aux familles des victimes : ‘’L’Etat doit indemniser les familles des personnes qui ont été assassinées, parce qu’il s’agit bien de cela. Cette réparation financière doit également toucher les blessés civils et militaires.’’  

Lors des manifestations, des personnes armées ont été aperçues dans la répression, parfois aux côtés des éléments des forces de sécurité. Sur certaines vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux, des hommes armés poursuivent des manifestants à travers des quartiers de Dakar. Dans certains cas, ils tirent en direction des jeunes avec ce qui semble être des balles réelles. Au fait de tous ces éléments, le leader du Pastef, qui assimile ces gros bras à une ‘’milices de Macky Sall’’, exige du président de la République ‘’l’ouverture d’une enquête indépendante pour situer les responsabilités, identifier les auteurs et leurs commanditaires, et les traduire en justice’’. En même temps, une plainte sera déposée auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes contre l’humanité.

La vague d’arrestations qui a visé des éléments de son parti, de même que des activistes l’ayant soutenu, n’a pas été tue par Ousmane Sonko. Ce dernier dénonce également plus d’une centaine de personnes emprisonnées dans le pays, ‘’dont la plupart ont été kidnappés pendant qu’ils vaquaient à leurs occupations, avec les méthodes fascistes’’. Il exige ainsi la libération immédiate et inconditionnelle de ces ‘’prisonniers politiques’’.

Dans la même optique, Ousmane Sonko impose la fin des persécutions et la surveillance des opposants. Ces pratiques concernent même, selon lui, des agents des forces de sécurité et de défense. Prenant en exemple le capitaine Touré, un des enquêteurs de la Section de recherches ayant auditionné l’accusatrice du député. Ce dernier a annoncé sur les réseaux sociaux avoir présenté sa démission, craignant pour sa sécurité et celle de sa famille. Ousmane Sonko en a profité pour assurer qu’il n’avait ‘’aucune accointance’’ avec lui. Selon certaines rumeurs, le capitaine Touré est soupçonné d’avoir renseigné le leader du Pastef durant cette procédure qui le vise.  

Sonko blanchit le capitaine Touré

Les exigences d’Ousmane Sonko et de ses partenaires de l’opposition concernent également la planification des prochaines échéances électorales. Les élections locales ont été repoussées à trois reprises, alors qu’elles devaient se tenir depuis 2019. Désormais, l’opposant en chef exige, avec ses partisans, qu’il soit créé les conditions de transparence, de sincérité et d’équité pour leur organisation. Que ‘’les Locales et les Législatives prévues pour 2022, et la Présidentielle de 2024 se tiennent dans les délais et avec une autorité consensuelle.’’

Pour ce faire, ils ne comptent pas faire confiance à Antoine Félix Diome, Ministre de l’Intérieur. ‘’Ce n’est pas avec ce ministre arrogant, incompétent, immature et partisan qui peut organiser des élections. Nous exigeons son relèvement le plus rapide. Les Sénégalais ne sont pas en sécurité avec un ‘ministron’ qui les a tous traités de terroristes et les a menacés de représailles’’, déplore-t-il.

Toujours dans l’optique de la tenue des prochaines élections, le député exige la restitution des droits civiques, ‘’illégalement, inconstitutionnellement confisqués par Macky Sall’’ à l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall et à Karim Wade, fils de l’ex-président de la République Abdoulaye Wade.

Le temps de l’ambiguïté ne sera plus accordé au président Macky Sall, sommé de déclarer publiquement qu’il quittera le pouvoir en 2024. ‘’Notre ultimatum, alerte le leader du Pastef, n’est valable que le temps de la légalité de son mandat. Lorsque celui-ci expirera, d’une manière ou d’une autre, comme il l’a dit à son prédécesseur, on ira le déloger au palais’’.  

Ousmane Sonko a appelé les politiciens de l’opposition à entendre les exigences du peuple sénégalais qui en a marre d’une certaine manière de faire la politique. Sûr qu’une révolution est en marche avec la détermination affichée par la jeunesse depuis la semaine dernière, il exhorte ses collègues à ‘’être à hauteur de ce peuple’’, en rendant à la politique ses lettres de noblesse.

OUSMANE SONKO AU MDFC

‘’Je vous appelle à déposer les armes dans les six mois à venir’’ 

En digne fils de la Casamance, Ousmane Sonko a, à nouveau, lancé un appel à la paix dans le conflit qui oppose l’Etat du Sénégal au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MDFC) dans le sud du pays, depuis une quarantaine d’années. A l’image de la capitale sénégalaise et de beaucoup d’autres villes du pays, Ziguinchor et Bignona ont été les lieux d’importantes manifestations appelant à la libération du leader du Pastef.

Ce qui fait dire à l’opposant que ‘’cette mobilisation exceptionnelle de tous les Sénégalais sans distinction de région, de race ou d'ethnie, d'âge a fait tomber des stéréotypes, certaines croyances. Debout comme un seul homme, ils ont émis un message au monde entier en se battant pour un fils de la Casamance, en donnant leur vie pour un Sénégalais originaire de la Casamance. Cela montre que la Casamance est une part entière, totale du Sénégal’’. 

Conscient d’un moment important de son histoire que le Sénégal est en train de vivre, Ousmane Sonko privilégie la diplomatie aux bombardements pour en finir avec cette crise. C’est ainsi qu’il appelle les membres du MDFC à déposer les armes sans condition, dans les six mois à venir : ‘’Que tout détenteur d'arme le dépose auprès de l'armée nationale et qu'ensemble, avec cette vaillante armée nationale, nous procédons à l’identification des lieux de dépôt de mines antipersonnel qui ont fini de faire des ravages chez les populations innocentes. Le déminage doit être fait pour que la Casamance redevienne ce qu'elle n'aurait jamais dû cesser d'être, notamment le grenier du Sénégal, de l'Afrique’’.

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OUSMANE SONKO, LEADER DE PASTEF-LES PATRIOTES

‘’La révolution est en marche, rien ne peut l’arrêter’’

Pour l’opposant Ousmane Sonko, il n’est plus question de reculer sur les acquis du peuple. D’autant plus que Macky Sall, accuse-t-il, a trahi le peuple et n’est plus légitime pour présider le Sénégal.

Fatigué, amaigri, c’est un Ousmane Sonko pourtant déterminé qui a fait face hier aux journalistes. Visiblement amoindri par une semaine passée en détention à la Section de Recherche de Colobane, le leader de PASTEF-Les Patriotes s’est tout de même présenté en chef de l’opposition, prêt à regarder le président Macky Sall, les yeux dans les yeux. En une semaine, beaucoup de choses ont changé. Un rapport de forces a eu lieu. Et le peuple a parlé. « La révolution est déjà lancée. Rien ne peut l’arrêter. Aucune puissance interne ou externe, car le peuple a compris les enjeux et pris ses responsabilités. Conduisons-la à son terme, c’est-à-dire en 2024, au plus tard », se positionne l’opposant dont l’arrestation, mercredi dernier, a été l’élément déclencheur d’une série de manifestations inédites, depuis plusieurs années.    

Selon l’opposant, les évènements ayant provoqué la mort de 10 personnes « assassinées » ne sont que le résultat de « la cupidité, la boulimie de pouvoir d’un homme qui ne connait que le complot contre ses opposants, adoubé par une cour de laudateurs dont les plus en vue sont ses trois affidés : le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome, le ministre de la Justice Malick Sall et le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye ». En agissant de la sorte, accuse Ousmane Sonko, Macky Sall, qui a juré de respecter et de faire respecter la Constitution et les lois du pays, a trahi son serment et n’est plus légitime pour diriger le peuple sénégalais.

Alors que des voix se sont élevées pour exiger le départ du président de la République, l’opposant n’est, tout de même, pas dans l’optique de soutenir cette logique. S’il estime qu’en d’autres circonstances, le peuple aurait pu marcher sur le palais et en sortir Macky Sall de force, Ousmane Sonko déconseille fortement cela, préférant s’en tenir à la légalité du mandat en cours du président de la République. Tout de même, précise-t-il, « nous ne participerons à aucun gouvernement d’union nationale avec Macky Sall ». 

Placé sous contrôle judiciaire, Ousmane Sonko a été libéré, mais avec la confiscation de son passeport, l’obligation de signifier au juge d’instruction sa présence sur le territoire nationale et l’interdiction d’évoquer en public l’instruction en cours dans lequel il est accusé de viol et de menaces de mort par Adji Sarr. Sans entrer dans les détails, le leader de Pastef a rassuré ses partisans : « Si ce que l’on me reprochait était vrai, je n’aurais jamais osé demander aux Sénégalais de résister contre l’injustice. Car je porterais la responsabilité de toutes ces vies perdues. Nous n’avons jamais fui la justice. Nous avons juste exigé que tous nos droits soient respectés. Nous voulons que ce procès se tienne au plus vite ». 

Lamine Diouf

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