Le problème demeure entier
La séance de validation sur la consolidation des accords s’est révélée être un non-événement. Malgré la bonne volonté du Haut conseil du dialogue social (HCDS) de concilier les positions, il y a eu plus de points de divergences qui demeurent que de plages de convergences entre Gouvernement et mouvements syndicaux.
‘‘Une montagne qui accouche d’une souris’’, s’exclame le syndicaliste Dame Mbodji de l’Union pour la défense de l’école publique (Udep). Une sentence qui traduit toute la déception du bord syndical hier à la séance de validation. L’initiative louable du HCDS n’aura pas abouti à grand-chose d’autre qu’à du déjà-vu, un statu quo inquiétant. Comme prévu, les ministres concernés ont fait le déplacement pour clôturer la fin des travaux de la session des accords avec les syndicats d’enseignants. Mais ceux-ci et leurs représentants ont exposé toutes leur déception face à ce qui ressemblait à une dernière chance que cette année ne soit pas frappée du syndrome 2015. ‘‘Nous sommes déçus. Tous les délais d’exécution des accords sont dépassés. Nous sommes là pour écouter la matérialisation des engagements, pas pour négocier. Nous sommes restés sur notre faim. C’est dommage, nous attendions des réponses précises’’, a lancé Abdoulaye Ndoye du Cusems.
Validation des 2/3, paiement rappel, lenteurs dans la délivrance d’actes administratifs, formation diplômante, surimposition des reclassés, commission administrative paritaire, gestion démocratique du personnel enseignant, et bien sûr la question du régime indemnitaire… n’ont pas trouvé grâce aux yeux des syndicalistes qui accusent le gouvernement de toujours différer les problèmes jusqu’au dépôt de préavis de grève pour essayer d’éteindre l’incendie. Sur ce dernier point d’ailleurs, Abdoulaye Ndoye rejette l’argument de la soutenabilité financière puisque les ‘‘500 mille F CFA d’indemnités aux femmes d’ambassadeurs, les dépenses de prestige et les remises gracieuses d’impôt éventées par les agents de la DGID’’ sont autant de sources de revenus qui auraient pu permettre de régler les problèmes de finances publiques, selon lui.
12 milliards pour les rappels
Pourtant les ministres n’étaient pas venus les mains vides. Une validation a été faite en procédure d’urgence nécessitant 5 milliards dont 13 mille 245 dossiers ont déjà été traités sur les 16 012 reçus à la mi-janvier de cette année, fait savoir le ministre de la Fonction publique, Laure Viviane Bampassy. Quant à son homologue de l’Economie et des Finances, il a rappelé que 1000 agents sont concernés par la mise en solde de mars 2016 et 1000 autres en avril, tout en promettant de donner un chiffre exact entre 6000 et 7500 bénéficiaires, d’ici 15 jours. En outre, la somme initiale de 10 milliards pour les rappels a été portée à 12, selon Amadou Ba. ‘‘Pour le prêt DMC, tous les mandats émis en 2015 ont été payés. En 2016, 16 milliards sont prévus’’, renseigne pour sa part le ministre du Budget Birima Mangara.
Quant à la gestion démocratique du personnel enseignant, Serigne Mbaye Thiam a fait savoir que l’arrêté n’était pas signé, mais que la concertation est toujours de mise avec les syndicats. Toutes choses qui font qu’il y a de l’espoir. ‘‘Le processus est bien enclenché. On ne peut pas tout régler d’une baguette magique. Le fil n’a jamais été rompu’’, déclare le ministre de la Fonction publique qui demande aux syndicalistes, pour une session spéciale, de s’accorder sur les modalités de... l’exercice du droit de grève et de cultiver la confiance.
‘‘Il faut créditer vos interlocuteurs de bonne foi. Ceux que vous avez en face de vous veulent l’intérêt de l’Ecole. On n’a pas intérêt à revivre le cycle de 2015. Il faut qu’on revienne à la centralité de l’Ecole’’, plaide-t-elle. Promettant que la mise sur pied du fichier unifié des agents de l’Etat, pour le premier semestre de cette année, permettra la résolution de ces problèmes, elle appelle les syndicalistes à la concertation. Alors que les vacances de Pâques s’annoncent, une grève est en cours dans l’élémentaire. Une raison de vive inquiétude pour Bacary Badiane de la Fédération nationale des parents d’élèves du Sénégal. ‘‘Après, ce sont nos enfants qui vont payer’’, se désole-t-il.
OUSMANE LAYE DIOP