La Banque mondiale gâte le Sénégal
298 732 500 000 F CFA. C’est la bagatelle que la Banque mondiale vient d’accorder au Sénégal, pour le financement de quatre projets qui vont intervenir dans les secteurs de l’éducation, de l’énergie, des transports et de l’environnement. Le directeur des Opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau et Cabo Verde a insisté, hier, sur ce montant record.
Le Sénégal et la Banque mondiale ont signé, hier, quatre accords de financement pour un montant record de 495 millions de dollars (298 732 500 000 F CFA). D’où le bon mot du directeur des Opérations de la Banque mondiale pour le Sénégal, la Mauritanie, la Gambie, la Guinée-Bissau et Cabo Verde, Nathan Belete, qui, à l’entame de son propos, s’est fendu de l’interjection ‘’Guleet !’’, en wolof, qui peut se traduire : ‘’C’est la première fois’’, pour saluer ces signatures.
‘’Pour résumer les quatre projets, je dirais qu’ils permettront à un enfant, que nous appellerons Maguette, prénom qui a l’avantage d’être féminin et masculin, d’étudier dans des conditions décentes, notamment sous une lumière électrique, pour réaliser des activités économiques et dont les parents pourront mieux accéder aux marchés porteurs, grâce à la connectivité routière’’.
Dans le détail, il informe que le Projet d’appui pour la performance du système éducatif (PAPSE) doté d’une enveloppe de 100 millions de dollars, va impacter plus de six cent mille (600 000) enfants et jeunes. ‘’L’objectif est d'améliorer la qualité, l'équité et l'accès dans le secteur de l'éducation. Ce projet se veut transformateur, avec des innovations comme le développement d'une approche d'apprentissage hybride ou Open School, qui permet aux enfants et aux jeunes qui ont quitté le système éducatif de commencer et/ou de terminer leur formation grâce à un mélange d'enseignement virtuel et en présentiel. J’allais dire encore ‘Guleet !’, puisque c’est une première dans la sous-région et une étape essentielle pour atteindre les jeunes les plus vulnérables’’. Monsieur Belete ajoute que le nombre d’élèves impactés sera encore plus élevé, ‘’après la clôture du projet, grâce à des approches durables d'apprentissage à distance, de lycées d'excellence en sciences et en mathématiques, et de formation initiale des enseignants’’.
Le deuxième projet concerne la région sud du pays. ‘’En Casamance, annonce le directeur des Opérations de la BM, 750 000 personnes vont avoir un accès plus facile aux services et aux infrastructures locaux résilients au climat, grâce à des systèmes de gouvernance locale inclusifs que veut contribuer à faire émerger le Projet de développement économique de la Casamance (PDEC). Pour éviter un saupoudrage sans impact, le PDEC, doté d’un financement de 45 millions de dollars, va se concentrer sur 60 communes rurales, réparties dans les trois régions administratives de la Casamance, identifiées en raison de leur fragilité globale, notamment aux risques climatiques, à travers un processus participatif avec les acteurs nationaux, régionaux et locaux’’.
Pour que l’enseignement à distance puisse se faire, il faudra une électricité de qualité et abordable pour les populations ciblées par le Projet d’appui pour la performance du système éducatif. Cette préoccupation est prise en charge par le Projet d'amélioration de l'accès à l'électricité au Sénégal (PADAES) financé par l’IDA à hauteur de 150 millions de dollars. ‘’Plus d'un million et demi de personnes bénéficieront directement du PADAES, grâce au raccordement de 200 000 ménages au réseau, dont 40 000 ménages vulnérables qui recevront des kits de raccordement standardisés, adaptés à leurs besoins. En outre, environ 700 micros, petites et moyennes entreprises, 200 écoles et 600 établissements de santé bénéficieront de services d'électricité nouveaux ou améliorés’’, explique Nathan Belete.
Améliorer la connectivité dans les zones de production agricole du nord et du centre du Sénégal
A propos du quatrième accord signé, le Programme d’amélioration de la connectivité dans les zones de production agricole du nord et du centre du Sénégal (PCZA), le Directeur des Opérations de la BM informe que ‘’le programme va améliorer la connectivité entre des zones agricoles du nord et du centre du Sénégal, et les principaux centres de consommation, grâce à un réseau routier durable, adapté aux changements climatiques’’. Ainsi, poursuit-il, ‘’cet appui de 200 millions de dollars est aussi une étape importante pour la consolidation de la position du Sénégal en tant que hub de transport régional. Les inégalités spatiales affectent l'accès aux services sociaux et les marchés. Nous pensons que l'amélioration de la connectivité routière est primordiale pour soutenir le développement économique et social du pays, et principalement dans les zones de production agricole et rurales confrontées à de grandes difficultés d'accès aux services de base nécessaires au développement du capital humain que sont la santé et l'éducation’’.
En outre, M. Belete a insisté sur la diversité géographique des quatre projets qui n’ont pas ‘’l’ambition de régler tous les problèmes’’.
Ainsi, il termine en disant : ‘’Ces quatre projets sont seulement le signe d’une volonté de trouver des réponses à des questions qui sont au cœur des préoccupations de tous les responsables et pour lesquelles notre institution sera aux côtés du Sénégal, comme l’a réaffirmé le président du groupe de la Banque mondiale, David Malpass, lors de sa rencontre avec le président Macky Sall le mois dernier.’’
GASTON COLY