Le cerveau mouille le maire Thierno Diagne
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Les problèmes du foncier, dans le département de Mbour, sont loin de livrer leurs secrets. Après plusieurs communes qui ont déjà connu la boulimie des prédateurs, Sindia revient encore, cette fois-ci, dans une histoire de lotissement irrégulier. Trois personnes ont été déférées au parquet de Mbour.
El Hadj Sidy Niang Diongue, Assane Diop Guèye et Ousseynou Diouf viennent d’être déférés au parquet de Mbour, pour une affaire de lotissement irrégulier et de vente de parcelles à usage d’habitation dans le site qu’ils ont appelé Ndombo 2. C’est suite à plusieurs plaintes qui visaient les membres de cette bande de spéculateurs fonciers qui auraient vendu à des tiers des parcelles à usage d’habitation sur un site irrégulièrement loti, que les éléments de la Direction de la surveillance et du contrôle de l’occupation des sols (DSCOS) ont réussi cette belle moisson. Le trio a été déféré, ce mardi, au parquet du tribunal de grande instance (TGI), après les premiers éléments de l’enquête.
En effet, Assane Guèye, qui réclame la propriété du site et qui avoue avoir vendu plusieurs parcelles avec une délibération de la mairie à l’appui, est frappé par l’article 80 du Code foncier qui a fait l’objet d’une requête qui vise ce délit.
Ainsi, les pandores ont ouvert une enquête qui a permis de mettre la main sur ce trio. Les autres, Ass Diongue et Ousseynou Diouf, se chargeaient de trouver des clients à qui ils proposaient des terrains dans le lotissement de la Sonatel, appelé Ndombo 1. Ce site viabilisé était l’argument de vente que les faussaires brandissaient pour attirer dans leurs filets les clients. Les courtiers ou démarcheurs proposaient le plan de lotissement au client et lui demandaient de déterminer le nombre de parcelles qu’il compte acheter.
Lorsque le marché était conclu, ils exigeaient au client de passer à la caisse moyennant 3 millions de francs au minimum pour chaque parcelle. C’est par cette stratégie que les courtiers ont fini par berner plusieurs personnes au rang desquelles on peut compter des professeurs d’université, des médecins, des émigrés et des retraités. Certains d’entre eux ont été spoliés à hauteur de 21 millions de francs CFA, d’autres à hauteur de 6 millions.
Aveux circonstanciés
Devant les enquêteurs, les prévenus ont reconnu les faits. Ainsi, El Hadj Sidy Diongue a reconnu avoir reçu un virement d’une somme de 15 millions de l’un des plaignants et d’un autre transfert d’argent d’un million de F CFA.
Toutefois, il a affirmé être dans les dispositions de rembourser un million, après avoir remis l’autre somme à Assane Guèye. Mais il a nié avoir vendu une parcelle, soutenant qu’il a juste été un intermédiaire. Il dit avoir remis l’argent à Assane Guèye.
Pour sa part, Ousseynou Diouf a reconnu avoir, également, encaissé presque plus de 30 millions venant de plusieurs plaignants, mais que cette somme a été versée intégralement à Assane Guèye.
Par contre, concernant le site de la Sonatel appelé Ndombo 1, qui constituait l’appât utilisé pour gruger les clients, le sieur Diouf a soutenu qu’il n’a jamais demandé à quelqu’un d’acheter un terrain sur ce site qui est une propriété privée des agents de la Sonatel.
Enfin, le cerveau du gang, Assane Guèye, a, lui, reconnu avoir encaissé la totalité de l’argent et que ses deux acolytes ne sont que des collaborateurs. Mais il soutient n’avoir rien fait d’illégal, dans la mesure où il a remis à plusieurs clients des actes de délibération en bonne et due forme, et se demande même la raison qui pousse les clients à se plaindre de cette transaction.
Ensuite, il a nié avoir demandé à ses acolytes de vendre des terrains dans un autre site que celui qu’il leur a indiqué. Du coup, pour ce qui relève de l’irrégularité du site, Assane Guèye estime que cette thèse n’est pas plausible et renvoie la balle au maire de Sindia, Thierno Diagne, et au sous-préfet, parce que, dit-il, certes, il ‘’est illettré, mais comment est-ce possible qu’il puisse obtenir des documents administratifs alors ?’’, s’est-il dédouané.
Néanmoins, il promet qu’il va rembourser l’argent des plaignants, dans un délai de 20 jours au maximum.
IDRISSA AMINATA NIANG