Le Ps fustige les choix du régime de Me Wade
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La crise de l'eau (momentanément ?) dépassée, le Parti socialiste, anciennement au pouvoir, audite à sa manière la gestion du secteur par l'ancien régime libéral coupable d'avoir laissé modifier l'actionnariat de la SDE. Un laxisme qui a permis l'arrivée d'un fonds d'investissement plus préoccupé par le gain à la place d'un partenaire technique stratégique à l'expérience avérée.
La polémique sur la rupture de l’eau se poursuit malgré le retour à la normale de l’eau à Dakar. Si pour les libéraux, cette pénurie «est la preuve tangible de l’inefficience du régime de Macky Sall», le Parti socialiste lui, en impute la «faute» au pouvoir d’Abdoulaye Wade. Dans une déclaration rendue publique hier à issue de son Bureau politique, le Ps rappelle que «l’incident du 12 septembre 2013 est le cinquième du genre depuis la mise en service des installations en décembre 2004, après un premier incident intervenu en 2009». Ce qui «met en cause la qualité de la pièce à l’origine de l’incident livrée par l’entreprise adjudicataire», Degrémont, filiale de Suez Environnement. «Or, poursuit le document, la garantie décennale n’a pas été utilisée pour obliger l’entreprise à honorer sa responsabilité telle que prévue dans le contrat».
Mais pour les socialistes, «l’autre faute inexcusable», c’est le fait que le «précédent régime, non seulement ne (se soit) pas opposé au retrait du partenaire stratégique, la SAUR, qui a cédé ses actions dans la SDE à FINAGESTION mais (ait) apparemment cautionné cette cession réalisée contre les objectifs visés dans le contrat d’affermage». La conséquence est que «cette transaction installe dans le capital de la SDE un gestionnaire de fonds d’investissement plus préoccupé par le gain à la place du partenaire technique stratégique choisi pour son expérience dans la gestion de l’eau».
Autant de «fautes» qui, selon Ousmane Tanor Dieng et ses camarades, «disqualifient l’ancien régime et tous ceux qui, parmi ses tenants, tentent de récupérer cette affaire pour se faire une virginité».
Le Parti socialiste se défend également contre ceux qui critiquent la privatisation de la SONES. Car, précise-t-il, «conscient (…) que la maîtrise de l’eau constitue à la fois un enjeu national et un défi permanent, (il) avait engagé (au pouvoir) une véritable politique de mobilisation des ressources en eau et d’amélioration du service public de l’eau potable en adoptant une stratégie de transfert des ressources en eau des zones excédentaires vers les zones déficitaires».
Ce choix avait d'ailleurs conduit les pouvoirs publics, lit-on dans le communiqué, à entreprendre de gros investissements à travers le Projet Sectoriel Eau (PSE) qui comprenait plusieurs phases : une phase d’urgence (1989-1997), une phase intérimaire, une phase à long terme dit «Projet Eau Long Terme». Ce qui a «au total (…) permis de porter le taux d’accès à l’eau potable dans les centres urbains à 99,6%.»
Convaincu d’avoir bien agi, le Ps indique que «le contrat d’affermage avec la SDE, dont le capital est détenu par l’Etat du Sénégal, le personnel et le secteur privé national, fait suite à ce choix stratégique de confier à un opérateur privé l’exploitation technique et commerciale de l’eau». Ce qui a conduit, indique-t-il, à l’ouverture du capital de la SDE à la SAUR, spécialisée dans la gestion technique et commerciale de système d’approvisionnement en eau des grands centres urbains, à la suite d’un appel d’offres où avaient également soumissionné la Générale des Eaux (devenue Vivendi puis Veolia Environnement), la Lyonnaise des Eaux et la CISE.
Ces précisions étant faites, les socialistes invitent néanmoins l’Etat à préciser en amont les éléments consubstantiels à tout avenant avec la SDE, pour exiger de cette société de s’investir davantage dans la gestion technique des infrastructures à lui confiées, autant qu’elle le fait dans la gestion commerciale». En même temps, ils exhortent la SONES à «exercer plus efficacement son rôle dans le contrôle de l’exploitation en procédant, hors de toute routine inhibitrice, à des inspections techniques périodiques et à un audit technique tous les trois ans conformément au contrat d’affermage».
S’agissant de l’option de la construction d’une station de dessalement d’eau de mer envisagée par le gouvernement, le Ps pose un préalable de taille. «Il reste à maîtriser d’une part les risques environnementaux qui y sont attachés, notamment le rejet de l’eau salée dans la faune et la flore, et d’autre part, le coût énergétique des technologies utilisées, à savoir la distillation ou l’osmose inverse, qui sont de grandes consommatrices d’énergies dans un pays déjà confronté à un déficit dans ce domaine».
Sur ce dossier, le Parti socialiste s'affirme en éclaireur en rappelant que «les pays qui ont opté pour cette technologie sont le plus souvent producteurs de pétrole ou de gaz et disposent, à ce titre, d’une énergie bon marché».