Mbane, des terres de conflits
Depuis la crise alimentaire, la terre est devenue un enjeu économique pour beaucoup de groupes qui veulent se l’approprier. Dans ce sens, une course vers le foncier est ainsi engagée, avec souvent des tentatives d’accaparement que dénoncent les populations locales.
Quatre ans après le scandale foncier de Mbane, qui a vu de hautes personnalités du régime libéral se faire affecter des milliers d’hectares, provoquant l'ire de la population locale, le sol reste toujours un élément d'enjeu au niveau de la communauté rurale. Ainsi, le Forum civil, membre de la section sénégalaise de Transparency international, dénonce dans un communiqué parvenu, hier, au quotidien EnQuête, ‘’la spéculation foncier ainsi que le processus d’affectation des terres‘’ dans la communauté rurale de Mbane.
Pour Mouhamadou Mbodj et ses amis, le détachement de Ndombo, élevé au rang de commune en 2011, est une tentative de l’État de mettre ces terres à disposition de la Compagnie sucrière sénégalaise. Selon eux, cette dernière projette de s’approprier 4000 hectares sur les terres de la communauté rurale de Mbane dont 300 ha de la commune de Ndombo, pour leur projet d’expansion agricole.
C'est pourquoi, le Forum civil prévient contre ce qu’il appelle les ‘’ risques de répétition des évènements tragiques de Fanaye en 2011 et à Mbane’’, et appelle l’État à mettre fin à ses tentatives de spoliation de terres, au profit de spéculateurs ou de privés.
''Cette injustice ne peut produire que des effets néfastes qui débouchent inéluctablement sur la marginalisation de la petite exploitation familiale abandonnée à elle même’’, souligne le texte. En outre, pour le leader du Forum civil et ses amis, la dissolution de la communauté rurale, depuis deux ans, ne vise qu’à laisser un vide juridique, pour permettre à l’agrobusiness de s’imposer dans la communauté rurale.
C'est pourquoi, ‘’un audit du foncier avant toute affectation de terres’’ est nécessaire pour éviter toute détérioration de la situation et assurer une meilleure intégration des locaux dans les cessions de terres. ‘’Le gouvernement doit faire preuve de plus de responsabilités, sur cette question aussi sensible que peut être la terre, qui plus qu’un bien économique, possède une dimension sociale, politique et culturelle’’, pour les populations locales, avertit le Forum civil.
Mamadou Makhfouse Ngom