Soufisme et choc des civilisations
La cellule Zawiya Tidianiyya veut ériger à Tivaouane un centre de recherches et de documentation sur l’islam et la Tidianiyya, pour donner à la jeunesse les armes de faire face à les enjeux de l'heure.
Dans le processus de dialogue ou de choc des civilisations, les peuples ont besoin de s’appuyer sur leurs traditions et valeurs, lesquelles, au Sénégal, sont indissociables de la tradition islamique soufiste. À cet effet, l'une des résolutions fortes du symposium organisé samedi dernier à Dakar, par la cellule Zawiya Tidjaniyya, en prélude au Maouloud 2014, est l'ouverture d'un Centre de recherche et de documentation sur l’Islam et la Tidjaniyya (CREDIT), à Tivaouane, en 2014.
Selon le professeur Serigne Mbaye Thiam, président du comité scientifique du symposium, ''il s’agira de sauvegarder toute la production scientifique, intellectuelle ou même spirituelle de l’islam, particulièrement de la Tidianyya pour permettre à notre jeunesse de faire face au défi du dialogue des cultures, en allant à la découverte de ce formidable trésor’’.
Des bibliothèques dans les mosquées d’El Hadj Malick Sy et de Serigne Babacar Sy à Tivaouane sont aussi prévues, afin de répertorier, classer ou numériser des manuscrits et documents de la tradition islamique sénégalaise menacés de dégradations, a-t-il ajouté.
Forger une identité forte
Avec comme thème : ‘’La valorisation du patrimoine intellectuel et culturel de la Tidianyya : Enjeux et Défis pour les générations actuelles et futures’’, la rencontre a regroupé un panel d’universitaires, d’hommes politiques et de représentants de différentes confréries.
Ainsi, Serigne Ababacar Sy ibn Abdoul Aziz est revenu sur l’importance de ce legs, souvent édité de manière traditionnelle par des calligraphes de la communauté.''La diffusion de ces silos de connaissances, que constituent les écrits et les enseignements des érudits comme El Hadj Malick Sy peut constituer un recours, face à la crise des valeurs à laquelle notre pays est confrontée’’, a déclaré le maître de cérémonie.
La conservation de ce patrimoine culturel, constitué de manuels ou de poèmes à la gloire de l’islam, permettra, à coup sûr, de nous forger une identité culturelle forte et donner un autre visage à l’Islam, souvent assimilé à la violence et au terrorisme, s’est exclamé avec force le professeur Iba Der Thiam. Devant les nombreuses délégations issues des nombreux dahiras qui ont fait le déplacement, Cheikh Ahmed Tidiane Sy ibn Abdoul Aziz a salué l’importance de ce travail pour les générations futures.
La patrimonialisation de cet héritage, par le maintien des espaces de religiosité de villes saintes et sites divers, des œuvres d’illustres personnes, des fêtes et autres célébrations (Pèlerinages, fêtes…) participe à la consolidation de l’héritage culturel sénégalais, fortement inspiré de la tradition soufiste, base de la paix sociale au Sénégal, a-t-il soutenu.
En outre, pour Seydina Issa Thiaw Laye, la recherche dans la tradition islamique est la seule arme pour lutter contre le processus de l’aliénation culturelle qui attaque nos valeurs culturelles menacées par la mondialisation.
Mamadou Makhfouse Ngom