Sauvageons
On croyait en avoir fini avec la prétention séculaire de l'Occident, contestée par l'immense majorité des peuples du Sud. Mais le mal que l'occupant nous a fait n'est pas encore guéri, pour parler comme Son Excellence Cheikh Anta Diop. En regardant la violence sadique d'une gratuité sans nom exercée par les FDS sénégalaises sur des citoyennes journalistes sénégalaises - qu'elles sont pourtant censées protéger et servir-, et l'incroyable magnanimité envers un journaliste blanc qui était ouvertement en défiance, on comprend un peu mieux le mépris du Noir à travers le monde. Mais on est surtout partagé entre colère, déception, honte et affliction.
Hier, l'insupportable manifestation d'arrogance d'une police réputée professionnelle et républicaine est comme le viol d'une conscience collective noire qui essaie de se réhabiliter d'un passé douloureux. Jadis l'administration coloniale française établie au Sénégal avait inoculé cette idée de 'supériorité' aux spahis et policiers sur les indigènes. La police sénégalaise conserve manifestement cette doctrine raciste de maintien de l'ordre et s'embourbe dans un anachronisme qu'elle montre et démontre à chaque manifestation. Nous sommes au XXI siècle, s'il est besoin de le rappeler.
L'Etat du Sénégal a réussi à faire interdire les châtiments corporels dans l'Education nationale. Il est absolument hors de question qu'il laisse la police nationale avoir recours à des méthodes apparentées à de la sauvagerie.