“Kun kaatiman”, un bréviaire de résilience

Il peut être judicieux de se poser souvent la question : comment œuvrer pour Bamba ? Question qui, au demeurant, est répondue par le saint homme lui-même dans ses nombreux œuvres et panégyriques. Œuvrer pour Bamba n’est point chose aisée, point de tarabiscotages. Ça requiert une rectitude tirant ses soubassements dans le Coran et les hadiths du Prophète(PSL). Et la voie la plus sûre et recommandée par Bamba, est sans aucun doute, celle de la science. Il dit quelque part dans un de ses ouvrages : ‘’Je fais la guerre sainte par la foi et le savoir’’, répondant ainsi à ses détracteurs.
Sa vie a toujours été marquée par l’adoration et la quête permanente de savoir, qu’il considère comme lumière indispensable, seule capable de guider l’homme. ‘’Le savoir et la pratique sont deux lumières qui conduisent l’homme jusqu’à atteinte de ses objectifs’’, un crédo de méditation, incitant l’homme à faire fi du savoir afin d’atteindre la félicité. Nombreux de ses contemporains ont pu témoigner le respect que Bamba vouait aux savants et aux chercheurs, il leur manifestait toute sa sympathie et sa reconnaissance, parce que perpétuant l’œuvre des prophètes.
À méditer dans un monde où savants et chercheurs sont relégués au rang de marginaux au profit des parvenus opulents, mélangeant religion et business. C’est ce mélange qui fait qu’on ne reconnait plus personne, selon le poète mouride, Serigne Moussa Ka. Mais Bamba avait déjà vu les signes avant-coureurs dans ‘’Aaxiruzamaan’’, un de ses poignants ouvrages où il prévenait des signes caractéristiques de la fin du monde et dont la relégation des savants y constituait un passage majeur.
Cependant, comment doit être la posture de l’apprenant ? Une interrogation cruciale !
Intégré dans les programmes scolaires par les nouveaux gouvernants, ‘’Kun kaatiman’’ a le mérite d’être une sorte de bréviaire résilient au profit des apprenants. Un viatique pour faire éviter les dérives, les dévoiements et les délassements permanents jonchant le chemin de l’apprenant. Un poème de seize vers où sont mêlés tawhid, esthétique dans la versification et profondeur littéraire. Bamba dit en ces termes subliminaux : ‘’Soit endurant dans les épreuves et peines toi qui es en quête du savoir. Ainsi, tu atteindras ton objectif et tu surpasseras ta génération. Ne sois pas toujours plaintif, soit courageux, au point que les gens croiraient que tu ne manques de rien. Le savoir n’est jamais octroyé à celui qui craint la faim. Mais Dieu l’octroie plutôt à l’adorateur confiné dans l’endurance. Persiste dans la révision constante des sciences.
Je m’émeus de celui qui s’apitoie par peur de faim. Ne te préoccupe pas de l’acquisition des biens matériels, car le Seigneur des mondes pourvoit aux besoins de l’apprenant. Crains Dieu dans l’observance de sa religion, car n’obtiendront jamais le savoir ni le déviant, ni le pécheur. Éloigne-toi des jeunes filles et des femmes, car celui qui ne cesse de s’approcher d’elles ne s’est jamais encore épargné de la perdition. Ô toi mon interlocuteur ! N’échange pas l’Au-delà contre ce monde. Certes, celui qui substitue la lumière à l’obscurité le regrettera’’
‘’Kun kaatiman’’ résonne telle une leçon de vie, strictement pas pour les apprenants, mais pour tout aspirant en quête de savoir et d’une vie meilleure. Des recommandations utiles, destinées à la fois pour l’homme et pour la femme sans distinction de sexe, car conscient de la Miséricorde pour tous. Un projet inspirant, afin de bâtir une société où les citoyens demeureront justes, disciplinés et endurants. La politesse ! Ce que Bamba fait appelle, à la fois dans les rapports avec nos semblables, et dans les rapports avec soi-même. Et le savant, se plaçant en acteur majeur, doit être discipliné pour être utile à sa communauté.
Ablaye Touré (Stagiaire)