‘’Huit ans dans l’eau’’
Nguinth est sous les eaux. Les populations de cette localité ne dorment plus du sommeil du juste, depuis l’arrivée de l’hivernage. Dans cette partie de la ville de Thiès, les populations sont perpétuellement plongées dans les eaux, depuis 8 ans. À force d’attendre une solution de la part des autorités, elles semblent résignées.
''Huit ans dans l’eau, huit ans de colère''. Le ''Y en a marre'' de Nguinth tonne fort. Les populations en ont assez. Elles sont agressées par les eaux. Dans cette localité située au cœur du centre-ville de Thiès, l’espoir n’est plus permis. La plupart des habitants de cette localité vivent la souffrance à l’état pur. Elles pataugent dans les eaux. Dans certaines maisons, l’eau verdâtre y a élu domicile. Les meubles flottent dans l’eau, des pans entiers de murs menacent de s’affaisser, à cause de la présence permanente de l’eau. Des maisons sont désertées par leurs occupants, à la recherche de surfaces plus habitables.
Un mal irrémédiable ? Certains experts de l’aménagement de la ville soutiennent que Nguinth est une zone marécageuse. La nappe affleure, les herbes poussent à longueur d’année. L’eau verdâtre des dernières inondations refuse de quitter les lieux. Conséquence : des animaux domestiques y ont élu domicile. Cela renseigne, d’après certains, que la zone doit ‘’absolument’’ être libérée.
Les dernières pluies ont aggravé la situation. ‘’Nous sommes lassés par les manipulations politiques sur la question des inondations. Combien de fois les politiciens sont passés dans ce quartier, parmi eux : le premier adjoint au maire de la ville de Thiès, Yankhoba Diattara, le ministre de l’Assainissement Oumar Guèye, les députés de la coalition Benno Bokk Yaakaar, même le ministre de la Restructuration et de l’Aménagement des zones d’inondations, Khadim Diop est passé par ici, mais jusqu’à présent, rien n'a été fait’’, s’étrangle un jeune du quartier. Son domicile a été englouti par les eaux. La trentaine révolue, d’une petite corpulence, Souleymane Kandji n’arrête pas de fulminer. Comme lui, plusieurs habitants de ce quartier souffrent dans leur chair. Leur dignité est presque bafouée. ''Combien de fois nous avons organisé des marches et des sit-in ? Combien de fois nous avons déversé notre colère sur les autorités ? On en a assez. Nous voulons qu’ils nous écoutent et règlent notre problème’’, gémit sa voisine. De l’avis des habitants, l’arrêt des chantiers de Thiès, le pont à ciel ouvert, la source d’eau de l’Église catholique, le forage qui alimentait le château d’eau de Nguinth sont les causes des inondations.
A l’image de ce quartier, les familles des quartiers de Sampathé, Diamaguène, Hersent, Thially vivent presque la même souffrance. Que dire des grandes avenues en plein centre-ville qui ne sont plus usitées et qui sont transformées en lac artificiel à la moindre goutte de pluie ? Les populations ne demandent qu’un bon système d’assainissement. Aussi espèrent-t-elles, que le programme de relogement social 2014 de Thiès, promis par le ministre chargé de la Restructuration et de l’Aménagement des zones d’inondations, Khadim Diop, ne restera pas à l'état de promesses.