Après plus de quatre ans de détention préventive, Saër Diop a finalement fait face, hier, aux juges de la chambre criminelle de Dakar. Chauffeur de camion de son état, il est accusé de trafic international de drogue. Malgré les dénégations du prévenu, la représentante du ministère public a requis contre lui 15 ans de réclusion criminelle. Il sera édifié sur son sort le 10 janvier 2022.
Le 28 janvier 2017, la Section de recherches de la gendarmerie a reçu un renseignement faisant état de l’arrivée imminente, à Dakar, d’un camion avec, à bord, une importante quantité de drogue en provenance du Mali. Ainsi, les éléments de l’unité d’enquête ont mis en place un dispositif pour repérer le véhicule. À l’arrivée du camion, Ils l’ont suivi jusqu’à Poste-Thiaroye où le conducteur s’est garé pour remettre les colis aux destinataires. Ce sont deux scootéristes qui sont venus prendre les caisses. N’ayant pas réussi à arrêter ces derniers qui ont pris la fuite, les gendarmes ont saisi le camion chargé de 80 kg de chanvre indien. L’exploitation des documents du véhicule a permis aux enquêteurs d’entrer en contact avec le nommé Samba Ndao, propriétaire dudit véhicule, qui a convaincu le chauffeur Saër Diop de se présenter à la Section de recherches.
Interrogé sur les faits, ce dernier a reconnu être le conducteur du véhicule, tout en déclarant qu’il ignorait le contenu de ces caisses appartenant à un certain Fallou, sans autre précision, pour le compte de qui il assurait le transport de la marchandise du Mali au Sénégal, moyennant 6 000 F CFA par carton. Poursuivant ses propos, il a souligné que le colis devait être réceptionné à Dakar par une personne inconnue qu’il a appelée au téléphone à partir d’un numéro que lui a donné l’expéditeur. Mais selon lui, après avoir déchargé trois cartons, le destinataire a été suivi par les gendarmes qui n’ont pas réussi à le rattraper.
Entendu en qualité de témoin, Samba Ndao Sarr a fait savoir qu’il a appelé son chauffeur qui avait abandonné son véhicule en le convaincant de se rendre, s’il était, comme il le prétend, qu’un transporteur de bonne foi.
Accusé de trafic international de drogue, Saër Diop a contesté les faits à la barre de la chambre criminelle de Dakar, tout en déclarant que le nommé Fallou lui a fait croire que les colis contenaient du savon et des boubous en bazin (Thioub). Il informe que c’est la deuxième fois qu’il transportait de la marchandise pour le compte de Fallou, en précisant que la première fois, il avait pris le soin de vérifier, ce qui lui avait permis de s’assurer qu’il s’agissait bien de savon.
Par ailleurs, il indique qu’en raison de la confiance qui régnait entre Fallou et lui, il n’avait pas trouvé nécessaire de vérifier les colis lors du deuxième voyage. ‘’Je suis chauffeur depuis 2005, mais c’est en 2016 que j’ai commencé à faire le trajet Sénégal - Mali. Je suis allé quatre fois au Mali’’, renseigne-t-il.
Sur les faits, l’accusé, âgé de 40 ans, raconte avoir rencontré Fallou au marché où il tient une boutique. ‘’C’est à 23 h que les gendarmes ont débarqué’’, soutient-il. Alors que sur le PV, les enquêteurs ont indiqué être intervenus à 2 h du matin. Interrogé sur les raisons de sa fuite, Saër Diop rétorque : ‘’Si j’ai fui, c’est parce que je voulais appeler les propriétaires des colis.’’
Pour la représentante du ministère public, les faits reprochés à l’accusé sont constants. ‘’Beaucoup de drogue passe par le corridor Dakar - Bamako. Il reconnaissait que Fallou lui avait payé la somme de 6 000 F par carton. On ne va pas discuter sur la propriété de la drogue, parce que les faits de trafic international de drogue sont constants. Lui-même déclare qu’il savait transporter de la drogue, lorsque les scootéristes ont tenté de prendre la fuite. Fallou n’existe qu’à travers ses propos. On se demande même s’il n’est pas propriétaire de cette drogue’’.
Par conséquent, la parquetière a demandé à la chambre de déclarer l’accusé coupable, car convaincue des faits qui lui sont reprochés et de le condamner à 15 ans de réclusion criminelle. Elle a exigé la confiscation et la destruction de la drogue saisie.
Les conseils de la défense, Maitres Khadim Cissé et Ousseynou Ngom ont sollicité l’acquittement pur et simple de leur client, ne serait-ce qu’au bénéfice du doute.
L’affaire mise en délibéré, le verdict sera rendu le 10 janvier.