Publié le 20 Dec 2018 - 02:59
UTILISATION D’INTERNET

Les usagers appelés à plus de responsabilité

 

L’hotel Savannah a abrité hier la conférence des Mardis du numérique organisée par Ibrahima Nour Eddine Diagne, président d’API African Performance Institute. Il s’est agi de relever les bienfaits et méfaits d’Internet et de proposer des solutions afin d’en faire un usage bénéfique à tout sénégalais et plus encore aux jeunes. 

 

C’est dans une salle remplie de jeunes étudiants que s’est déroulée la 10e édition des « Mardis du Numérique », autour du thème : « La société sénégalaise face aux défis du numérique ». Dès l’entame de son propos, la sociologue Fatou Sarr Sow a invité les Sénégalais à ne pas avoir peur d’internet et de plutôt relever ses bienfaits. Elle estime qu’aujourd’hui l’information et la connaissance sont accessibles à tous, grâce à internet. « Désormais, la distance entre les membres d’une même famille vivant aux quatre coins du monde n’existe plus, grâce aux réseaux sociaux ». Selon elle, internet est un indicateur de l’état mental de notre société et dont l’Etat peut se servir pour apporter des solutions aux frustrations des uns et des autres, au mal-être social.

Des échanges, l’on retient que ce n’est pas l’outil en lui-même qui est la cause des dérives sur le net, mais l’usage que chacun en fait, selon bien-sûr l’éducation qu’il ou elle a reçu. Mme Sarr de demander « une autocensure collective ». Et dans la foulée, Astou Ndiaye, jeune entrepreneure venue assister à la conférence, pense qu’il est temps que les jeunes Sénégalais en fassent un usage professionnel, en cherchant de l’emploi, grâce à des réseaux, mais aussi, en montrant au monde leurs talents, plutôt que de se limiter aux loisirs d’internet.  

L’outil internet dérange les régimes en exercice

Selon les panélistes, Internet pousse les Etats à faire leur propre révolution, parce qu’aujourd’hui toutes les informations sont connues des populations et non par un petit groupe de personnes. Ainsi, ces dernières créent une confrontation avec le pouvoir en place dont tous les dirigeants ont peur. L’enseignant chercheur à l’Ecole Supérieur polytechnique, Alex Corenthin, pour sa part, trouve que les inventeurs de cet outil n’avaient pas prévu le fait que l’utilisateur devienne un élément actif du système. « Le plus important, aujourd’hui, ce n’est pas la censure, mais l’utilisation du Net de manière intelligente en adéquation avec notre culture », a-t-il ajouté.

Répondant à question de la censure sur le Net, le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall a tranché : « il est inadmissible, dans un Etat qui se respecte, de laisser chacun insulter dire ou faire ce qu’il veut sur internet. Nous avons le devoir de réguler cet espace, de le contrôler ». A cet effet, l’article 27 de la loi sur les codes de communications électroniques récemment modifié et voté à l’Assemblée nationale fait encore couler beaucoup de salive. Il permet, entre autres aux opérateurs de ralentir le débit internet sur l’étendue du territoire ou encore de supprimer un site web.

Dans cette révolution numérique, les médias sénégalais ont été invités à s’approprier le numérique, en développant leurs contenus et en revoyant leur modèle économique. C’est un avis de Mamadou Ndiaye, directeur de la communication et du numérique de E-media invest. « En tant que journalistes, nous ne devons pas laisser les grands médias occidentaux avoir le monopole de l’information dans notre propre pays. Sinon, nous subirons les contenus des autres », a-t-il soutenu.

Emmanuella Marame FAYE

 

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