La tête de file de l’écurie Falaye Baldé a finalement recouvré la liberté dans l’affaire l’opposant au policier Saliou Ngom. Ama Baldé écope d’une amende, recouvre la liberté et doit se préparer en perspective d’une confrontation dont seule une issue victorieuse l’aiderait à se faire pardonner son inconduite.

Amaéééééééé ! Amaééééééé ! Les supporteurs du lutteur pikinois ont encore entonné le chant de victoire de leur idole hier, lors d’un tout autre combat. Ama Baldé est en effet sorti des griffes de Dame Justice avec une tape sur les doigts. Une modique ‘‘amende de 50 000 F CFA avec sursis’’ vient clore une procédure intentée au fils de Falaye Baldé pour violences et voie de faits à agent de la force publique dans l’exercice de ses fonctions. ‘‘Ceci veut dire que d’ici 5 ans, si de tels faits sont réitérés, il devra d’abord payer cette amende avant de faire face au juge pour de nouveaux faits. C’est la peine la plus douce qui soit’’, explique l’un de ses conseils Me Bamba Cissé devant une foule de supporteurs en liesse qui l’ont élu séance tenante ‘‘meilleur avocat du Sénégal ’’. 

Si cet attroupement d’admirateurs, assez nombreux  était au rendez-vous hier au tribunal, le triomphalisme des supporters n’était pas d’une euphorie débordante. Une joie contenue due peut-être au ramadan, mais surtout à la présence dissuasive des forces de l’ordre. Leur présence massive a étouffé dans l’œuf toute velléité de contestation. Tenues vert-olive et képis bleus pour les gendarmes qui filtraient systématiquement les entrées à trois niveaux, l’entrée principale, le portail du rez-de-chaussée et la salle en question. Quant aux éléments du Groupement mobile d’intervention (GMI),  ils attendaient tranquillement dans leurs voitures dans le parking faisant face au tribunal. La longue file de personnes qui faisait la queue pour pénétrer dans un tribunal n’avait de pareille que l’affluence durant le verdict du procès contre Karim Wade. De part et d’autre de l’entrée principale des supporteurs du lutteur, mais aussi des citoyens lambda dossiers, classeurs ou journaux en main pour se protéger des fines gouttelettes de pluie.

La salle 5 où se tenait l’audience était tellement bondée que les fanatiques du lutteur pikinois ont dû squatter les couloirs du rez-de-chaussée du tribunal. Suffisant pour que les forces de l’ordre les évacuent de l’enceinte pour les contenir dehors, devant la grille d’entrée.

 Ce succès moyen est aussi de la faute, ou du mérite, de la Cour qui a annoncé le verdict en fin de rôle, c’est-à-dire vers 17 heures passées pour le rendre finalement à 15h37, au moment où beaucoup d’admirateurs s’y attendaient le moins. Il s’en est fallu de peu que les nombreux admirateurs, simples curieux, lutteurs pikinois, et animateurs sportifs présents pour témoigner leur solidarité au fils de Falaye Baldé manquent le prononcé du verdict.  Un jugement dans lequel tout le monde trouve son compte. Les différentes réactions après ce ‘combat’ montrent bien le soulagement de part et d’autre.  Même l’avocat de la partie civile, Me Aboubacry Barro, estime  que c’est un bon verdict.

‘‘Tout ce qu’on voulait, c’était la condamnation et le juge a retenu l’amende. Le plus important, c’est qu’Ama a regretté les faits et a promis que tel ne serait plus le cas à l’avenir. C’est la justice qui a gagné. C’est une décision satisfaisante dans la mesure où Ama a été déclaré coupable des faits pour lesquels il est poursuivi. Il a reconnu les délits à la barre et les a regrettés et du coup, a été condamné à cette amende. Le juge a estimé qu’appliquer une bonne politique criminelle n’était pas opportun. Il était plus judicieux de le condamner à une amende tout en le déclarant atteint et convaincu du délit pour lequel il est poursuivi ’’, déclare-t-il. Quant au conseil du lutteur, il se félicite de l’objectivité des juges.

Me Bamba Cissé estime que dans cette affaire, on a ‘‘eu la chance de tomber sur des magistrats expérimentés. C’est une décision qui intègre l’aspect humain. Il faut que les jeunes se conforment aux idéaux, au sens du civisme. Ama est dans une posture de regret. Un tel comportement ne doit plus se reproduire à l’avenir d’un côté ou  de l’autre’’.  Une invite à la retenue et à l’entente qui résonne aussi dans l’appel du reporter sportif Malick Thiandoum. Il a renvoyé les deux parties dos à dos quant au déclenchement de cette affaire. Si pour lui, les lutteurs contreviennent allègrement aux dispositions du Comité national de gestion (CNG) de lutte, et que le ‘‘monde de lutte doit faire son mea culpa’’, la sécurité policière est aussi à blâmer. ‘‘Les forces de police ne sont pas exemptes de reproches. Il y a des dérapages dans leur façon de maintenir l’ordre. Quelqu’un qui a le privilège de frapper, sans droit de riposte de la personne frappée, doit faire recours à la bastonnade en dernier lieu’’, dénonce-t-il.

‘‘ Il s’entraînait avec Bathie Séras en prison ’’

Selon lui, Ama est dans les dispositions physiques de livrer son prochain combat. ‘‘C’est à Ama d’être psychologiquement fort pour aborder cette journée car il n’a pas d’excuses valables. Sur le plan physique il s’entraînait en prison en compagnie de Bathie Séras et d’autres lutteurs incarcérés. Quelle que soit la situation, Ama doit être dans les dispositions de lutter pour le 26 juillet. Sauf cas de force majeure, cette date ne saurait être reportée. Puisqu’il n’y en a pas, cette journée doit obligatoirement être tenue’’, fait savoir le journaliste spécialiste de la lutte qui estime que la force mentale va être l’atout-maître de l’enfant de Pikine dans sa confrontation contre Gouy-gui après cette épreuve.

Ousmane Laye Diop