Publié le 27 Nov 2012 - 06:35
AVANT-PREMIÈRE

«Tey», une réplique des réalités sénégalaises

 

Manjak d'origine sénégalaise établi aux Usa depuis plusieurs années, Satché doit revenir au bercail pour y mourir, selon la tradition. «Tey» d'Alain Gomis retrace ainsi les contraintes de cette tradition à laquelle se soumet son héros, Saul Williams en personne.

 

 

Un regard absent, assez lourd mais captivant. C'est celui de Satché. Et c'est la première image que propose le film ''Tey''. A sa vue, l'on comprend nettement pourquoi le réalisateur Alain Gomis a choisi Saul Williams pour interpréter le rôle principal à travers Satché. Williams scotche son public avec ce regard. On s'en est bien rendu compte vendredi soir en avant-première au Grand Théâtre.

 

Satché, Manjak d'origine, est établi aux Etats-Unis depuis des années. Il est obligé de rentrer un beau jour car il doit mourir. Le film est en effet une sorte de conte. Dans le pays où l'histoire se déroule et auquel le Sénégal sert de cadre, particulièrement Dakar, «il arrive que la mort prévienne de sa venue». Celui qui est choisi doit, suivant la tradition, dormir et se réveiller dans la chambre de sa mère. Satché l'a fait. A son réveil, des pleurs l'accueillent, chacun voulant le toucher pour une dernière fois. Comme dans des funérailles, sauf que le mort est ici vivant.

 

Un mouton est égorgé toujours suivant la tradition. Satché va à la rencontre de ses amis et connaissances. Pour cette dernière journée, il est accompagné par tout son quartier jusqu'à un point X. On chante, on danse et on lui fait des cadeaux. Pendant son dernier jour, Satché retourne voir ses amis d'enfance qui, ne comprenant rien, lui demandent pourquoi il a quitté les Usa. Une problématique bien sénégalaise qui voudrait que ceux qui vont à l’étranger ne reviennent jamais définitivement au pays sous prétexte qu'ils ne pourront jamais y évoluer.

 

Après ses amis, c'est au tour d'une ancienne amie ou petite amie. Puis Satché fait cap chez son oncle, celui-là même qui se chargera de son lavage mortuaire. Il se nomme Thierno Ndiaye Dos, décédé il y a quelques mois. Dans ce film, Dos y parlait d'ailleurs de la mort avec philosophie. Prémonition ?

«Tey» présente en outre deux tableaux. Le premier relève la lourdeur de la journée de Satché qui doit se départir de tous ceux qu'il aime. Le deuxième constate des faits de société. Dans les différents plans et zones présentés par le réalisateur, émergent des phénomènes comme la condition des enfants talibés, l'hypocrisie sénégalaise, la saleté, le contraste entre la pauvreté et la richesse, la pauvreté dans divers ensembles.

 

Ce film d'environ 1h28 a enregistré la participation de cinéphiles, comédiens, acteurs mais aussi d'institutionnels. En plus de la présence de la directrice du Grand-Théâtre, Youma Fall, on a noté la présence du ministre de la Jeunesse Benoît Sambou représentant son collègue de la Culture. Les rappeurs ont bouclé la soirée devant une salle quasi-vide où il n'y avait que le réalisateur Alain Gomis et les membres de sa famille. Les gens ont déserté dès la fin de la projection.

 

BIGUÉ BOB

 

 

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