Publié le 15 Dec 2012 - 04:47
PROFIL DES ACCUSÉS

Des bandits à cols blancs

 

Un économiste, un commerçant et un électromécanicien… Ce sont des accusés aux profils inhabituels qui ont comparu hier à la barre pour le 1er procès de la 3e session d’assises 2012 de Dakar. Inhabituels, d'autant plus que, pour commettre leurs larcins, ils ont eu à se faire passer pour… des policiers!

 

 

Association de malfaiteurs, vols en réunion commis la nuit avec usage de violence, d’arme et de véhicule, assassinat, usurpation de fonction et détention illégale d’arme, contrefaçon du sceau de l’État et de faux et usage de faux, recel… Difficile de croire, en voyant Cheikh Kane, Serigne Babacar Diène et Youssouf Badji, qu’ils auraient pu être capables d’autant de crimes. Et pourtant! Derrière leurs visages calmes, voire placides, se cacheraient de véritables bandits à cols blancs. C’est d’autant plus surprenant que rien, dans leur histoire personnelle et familiale, ne prédisposait les 3 hommes à prendre le chemin des ténèbres.

 

Le 1er à comparaître, Cheikh Kane, est une montagne de muscles. Le cou épais, le crâne rasé, il a des sourcils arqués, un nez presque aquilin et, sur la figure, l’air serein d’une force tranquille. Vêtu d’un boubou en basin huilé de couleur pourpre, il a répondu aux questions des juges et avocats sans se presser et dans un français limpide. «Dans ma vie, j’ai été électromécanicien, champion en arts martiaux, chauffeur, responsable de personnel et garde du corps. Professionnellement parlant, je voyage beaucoup dans la sous-région», a expliqué aux juges ce «self made man» de 43 ans. Marié, père de 3 enfants… bref, «responsable», cet habitant de la cité Sapco est aux antipodes de l’archétype du voyou.

 

À sa suite, l’accusé Serigne Babacar Diène a su tout autant montrer patte blanche… Le commerçant, domicilié à la Scat-Urbam, est né en 1958 à Dakar. Il a ému l’assistance par son histoire familiale qui a toute les allures d’un drame : marié, il est le père d’une petite fille décédée, sans avoir d’autres enfants, et son propre père a été rappelé à Dieu seulement une semaine avant son arrestation. Malgré tout, Serigne Babacar Diène a déclaré «remercier Dieu» d’être entouré d’une famille aimante qui vient régulièrement le voir en prison… À l’écouter, on se demanderait presque ce qu’il fait en détention.

 

Youssou Badji, enfin, est le plus étonnant de tous. Alors que ses complices peuvent se vanter, académiquement parlant, d’avoir atteint le niveau du secondaire, lui est titulaire d’un Bac+4 en économie! Employé à des postes importants dans le monde de la pêche industrielle. D’abord, en tant que comptable, puis en tant que chef du protocole chargé du transit des marins, l’accusé ne semble rien avoir d’un bandit. Tiré à 4 épingles, ce «monogame revendiqué» s’exprime avec aisance, parlant à profusion de son affection pour ses 4 enfants et de sa fierté d’être un «Diola de Thionckessyl». Difficile de croire que cette bande-là soit capable de cambrioler une famille chinoise avant d’empoisonner deux cambistes et de se débarrasser de leurs corps, en les cachant dans le coffre d’une Mercedes abandonnée…

 

Sophiane BENGELOUN

 

 

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