Publié le 21 Mar 2013 - 22:32
VENTE DE MÉDICAMENT AU SÉNÉGAL

Un système de pharmacovigilance en vue

Les entreprises du médicament (Leem) et les directeurs de la pharmacie et du médicament (DPM) comptent mettre en place une pharmacovigilance afin de mieux lutter contre le marché illicite et la contrefaçon, mais aussi de suivre l'évolution de la réglementation pharmaceutique.

 

Mettre au service des populations des médicaments de qualité. C'est le principal défi des entreprises du Médicament (Leem) qui ont tenu hier une rencontre annuelle avec les directeurs de la pharmacie et du médicament (DPM) de l'Afrique Subsaharienne francophone. Cette rencontre permet une mise à niveau dans différents secteurs comme le règlement pharmaceutique mais également de mettre en commun des moyens de lutte contre le marché illicite, la contrefaçon, par la mise en place d'un système de pharmacovigilance.

 

Selon le directeur du médicament et de la pharmacie du Sénégal Pape Amadou Diop, le problème, c'est d'abord l'accessibilité et un système d'assurance qualité pour permettre de soigner les malades sur toutes les pathologies. '' Le système d’homologation des médicaments au niveau de l'UEMOA vient d'être harmonisé. Il y a également des systèmes d'inspection pharmaceutique qui permettent de surveiller un certain nombre d’établissements pharmaceutiques, depuis les bonnes pratiques de fabrication et de distribution jusqu'aux bonnes pratiques de dispensation. Mais il y a également le système de contrôle technique de la qualité par les laboratoires de la qualité qui permettent de suivre un peu les médicaments dans le circuit de distribution pour voir s'il y a des non-conformités'', a souligné M Diop.

 

Pour lui, toutes ces mesures ne suffisent pas, et il faudrait une pharmacovigilance qui permet de remonter les effets inattendus des médicaments pour ensuite apporter des corrections. Le secrétaire général du ministère de la Santé Moussa Mbaye estime que le problème de la production pharmaceutique en Afrique de l'Ouest se situe au niveau de la protection de la propriété intellectuelle défavorable aux pays en développement. ''Il paraît dès lors important de renforcer la coopération Nord-Sud pour accéder à un meilleur niveau de satisfaction des besoins de nos populations, notamment par la mise en place d'un système de Couverture maladie universelle'', a dit Moussa Mbaye.

 

Les médicaments de la rue, un véritable obstacle

 

Selon le professeur Pape Amadou Diop, le problème principal, ce sont les médicaments de la rue qui peuvent être un terreau pour la contrefaçon. Il y a également un problème de communication envers les populations. ''Les populations doivent savoir que les médicaments sont un monopole pharmaceutique, qui sont distribués par des structures pharmaceutiques. Donc en dehors de ces structures, les médicaments deviennent un danger. Si ces médicaments de la rue sont utilisés, les conséquences sont très graves. On a des problèmes de résistance, on a des problèmes de maladies rénales, entre autres'', a-t-il expliqué.

 

Citant comme exemple la subvention de l’hémodialyse par le ministère, il a précisé que ceux qui bénéficient de cette subvention vont dans la rue prendre des médicaments qui ont des effets sur le rein, le foie et malheureusement, c'est ça ''le point faible du système. Mais le préjudice est de santé publique. Ce sont les maladies iatrogènes, les résistances aux médicaments, les dépenses inutiles de santé parce que vous achetez des produits qui ne vous guérissent pas. C'est ça le préjudice majeur et c'est là où l'on a besoin d'une volonté politique forte pour combattre ce fléau'', a indiqué Pape Diop.

 

Cependant, il y a des pertes énormes quand on se rapporte aux études faites par les USA qui disent que dans le monde, 10% des médicaments peuvent êtres des médicaments contrefaits et que dans les pays pauvres, ceux-ci peuvent aller jusqu'à 25%. ''Quand un marché de médicaments au Sénégal tourne autour de 75 ou 80 milliards, si on a 10% déjà de médicaments contrefaits, c'est un chiffre important.'' A cela, s'ajoute l'insuffisance d'inspecteurs en pharmacie. Le Sénégal compte 6 inspecteurs en formation, 6 dans la république dont 2 dans l'autorisation de réglementation.

 

Viviane DIATTA

 

 

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