Publié le 8 Jun 2013 - 17:10
PROLONGEMENT DE 45 JOURS DES RÉVISIONS DES LISTES ÉLECTORALES

Vers un report des élections locales ?

 

 
À l'issue d'une concertation avec l'ensemble des acteurs politiques, le ministre de l'Intérieur, Pathé Seck, a décidé hier du renvoi de 45 jours de la clôture de la révision exceptionnelle des listes électorales. Cependant, cette prorogation semble annoncer un report des prochaines joutes électorales prévues le 16 mars 2014.

La prorogation de 45 jours de la révision exceptionnelle des listes électorales décidée hier par le ministre de l'Intérieur annonce-t-elle un report des élections locales de mars 2014 ? En tout cas, le ministre de l'Intérieur n'en exclut pas la possibilité. Lors d'une rencontre tenue hier à Dakar avec l'ensemble des partis politiques légalement structurés, pour une prise de contact, le général Pathé Seck a soutenu qu'il n'écarte pas un report des élections locales prévues le 16 mars 2014 prochain, même si le sujet n'est pour le moment pas à l'ordre du jour.

Si ce report intervient, le régime de Macky Sall n'aura pas échappé à la règle, vu que des indépendances à nos jours, la quasi totalité des élections législatives n'ont jamais été tenues à date échue. Elles ont toujours été reportées, soit pour des raisons politiques, soit pour des raisons économiques ou sociales.

Cependant, force est de constater qu'un report des élections n'a jamais fait l'unanimité de la classe politique. D'ores et déjà, le Parti démocratique sénégalais qui a pris part à ces concertations marque son désaccord. ''Nous sommes pour le maintien et le respect du calendrier républicain, conformément aux dispositions du Code électoral'', a déclaré d'emblée Modou Diagne Fada, venu représenter son parti.

''Le président de la République et le gouvernement sont dans une logique de respect du calendrier électoral'', a rétorqué le chargé des élections de l'Alliance pour la République, Benoît Sambou. Qui ajoute toutefois qu'''il peut subvenir, au cours du processus, des incidents ou des événements qui ne sont pas maîtrisés et qui peuvent occasionner un report des élections''. De même, ''le processus de réforme de l'acte 3 de la décentralisation engagé par l'État et qui devra sûrement nécessiter un redécoupage territorial, peut constituer une raison de repousser les élections locales''.

''C'est un lourd processus qui n'est pas seulement l'apanage du gouvernement, puisqu'il implique d'autres identités'', a-t-il expliqué, sans pour autant préciser que ''ce serait dans le sens de bien faire''. En tout cas, lâche Modou Diagne Fada, ''le Pds n'est pas favorable à un report des élections''. Néanmoins, il a marqué son accord pour une prorogation de la révision exceptionnelle des listes électorales, du fait qu'il n'y a pas encore de rush en ce qui concerne les inscriptions. ''Il serait mieux de prolonger la date de clôture prévue le 10 juin prochain pour permettre au maximum de Sénégalais de prendre part à ces élections '', a-t-il estimé.

Le débat ainsi posé, le ministre de l'Intérieur a jugé utile de réfléchir sur la mise en place d'un cadre efficace de dialogue et de partage, comme ce fut le cas avec le comité de veille et de suivi de l'application des recommandations issues de l'audit du processus électoral. Car, selon lui, ''la mise en place de cette structure pourrait permettre d'aborder en profondeur toutes les questions liées au processus électoral''.

Ainsi, le général Pathé Seck a instruit la Commission électorale nationale autonome  et les services du ministère de l'Intérieur de réfléchir sur les modalités de création de cette structure, en écartant les partis politiques. Ce qui n'est pas du goût de certains représentants des partis politiques dont le plénipotentiaire de Jëf Jël. Ndiaga Sylla, qui refuse qu'on pense à la place des partis politiques. ''On ne peut pas réfléchir pour les partis politiques, en les laissant de côté'', a-t-il martelé.

 

ASSANE MBAYE

 

INTERDIT D'ACCÈS À LA SALLE DE RÉUNION

Yoro Bâ joue le trouble-fête

Il faut dire que cette rencontre entre le ministre de l'Intérieur et les partis politiques a failli tourner en eau de boudin. Pour cause, interdit d'accès à la salle de concertation, le président d'une frange du Jëf Jël, Yoro Ba, a voulu employer les gros moyens en tentant d'entrer de force dans la salle. Il a été maîtrisé et tenu en respect par les préposés à la sécurité qui lui ont pourtant notifié qu'un représentant dudit parti est déjà sur place. Seulement, il s'est agi de Ndiaga Sylla, venu représenter une autre frange du Jëf Jël dirigée par Pape Ismaëla Keïta.
Un état de fait qui n'a pas du tout plu à Yoro Bâ qui a crié au scandale. Cela, dit-il, d'autant plus que ''des autorités du ministère lui ont fait comprendre qu’elles n’ont pas officiellement reçu la démission de Talla Sylla, ni le courrier du président de Jëf-Jël''. Tout en soutenant avoir adressé une correspondance aussi bien à Mbaye Ndiaye qu'au général Pathé Seck, le président du Jëf-Jël appelle les nouvelles autorités à prendre leurs responsabilités et à faire en sorte que la rupture qu'elles brandissent partout soit effective''.