Publié le 15 Sep 2013 - 22:35
VIOL SUR MINEUR

400 cas d'abus sexuels répertoriés en l'espace de deux ans

 

 

L'Association des femmes juristes du Sénégal a crié toute son indignation, vendredi, face à l’ampleur des abus sexuels, notamment sur les mineurs. A l'occasion, les parents des victimes ont raconté le drame de leurs enfants.

 

Côte d'alerte atteinte. Il a été répertorié ''400 cas'' d'abus sexuels sur des enfants en l'espace de deux ans au Sénégal, selon le directeur du Centre de guidance infantile et familiale (Cegid), le psychologue-clinicien Serigne Mor Mbaye. C'était hier lors d'une conférence de presse de l'Association des juristes du Sénégal (AJS). Une association qui lutte contre les viols sur mineur et les violences faites aux femmes.

A l'occasion, des témoignages de parents de victimes ont été projetés. Souleymane Diouf, père de famille, s'est confié le cœur meurtri. ''Ma fille de 16 ans a été abusée sexuellement par un jeune garçon qu'elle considérait comme un frère. Il profitait de nos absences pour abuser de ma fille qui a préféré ne rien dire au début''. Mais, a poursuivi le père, après plusieurs fois, la fille a prix son courage à deux mains et dénoncé le garçon auprès de son père. ''Tout ce que je voulais, c'est me venger, voire le tuer, tellement il m'a déçu. Je n'ai jamais pensé qu'il pouvait se comporter de la sorte'', a enragé le papa. Lequel dit être actuellement en mal avec toute sa famille qui lui reproche d'avoir porté l'affaire en justice en lieu et place d'un règlement à l'amiable. ''Personne ne m'adresse plus la parole chez moi, même ma maman que j'aimais par dessus tout m'a tourné le dos, mes sœur de même, juste parce que j'ai porté plainte'', s'est désolé M. Diouf.

Cet autre cas remonte à juste à deux mois. Astou Fall, une vieille dame, a vu sa petite-fille de 11 ans être violée par un homme de 50 ans. ''J’étais sortie avec sa maman pour un baptême, et le gars en a profité pour abuser de ma petite-fille a qui il avait l'habitude de donner des pièces de 50 et de 100 francs Cfa prétextant qu'elle ressemblait à sa sœur'', raconte la dame. D'une voix douce mais portant des mots chargés d'amertume, elle a ajouté : ''Quand j'ai interpellé sa famille, elle a voulu régler le problème à l'amiable en me proposant une somme de 500 000 F Cfa.'' Cela n'a pas empêché la dame déterminée de poursuivre l'affaire en justice. ''Une pauvre femme comme toi ne va jamais avoir raison à la police'', lui aurait jeté un membre de la famille du violeur présumé, rapporte Astou Fall. Mais la grand-mère dit avoir remué ciel et terre pour continuer jusqu'à ce que justice soit rendue. L'auteur du viol a été condamné à 10 ans de prison ferme avec une amende de 2 millions de francs Cfa, se console la vieille.

 

80% des abus dans le cadre familial

Derrière les enfants victimes, il y a des parents déboussolés, parfois des familles chamboulées ou même des familles qui se déchirent, car ''80% des agressions sexuel ont lieu dans l’environnement familiale'', renseigne M. Mbaye.

Pour sa part, l'AJS a demandé la mise en place d'un fonds d'indemnisation pour les victimes. L'association et le Cegid disent avoir adressé au Président Macky Sall une lettre pour ''susciter'' chez lui ''une préoccupation prioritaire pour endiguer le phénomène et participer à l'amélioration de l'offre de service pour les enfants victimes d’abus sexuels''.

 

 

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