Publié le 18 Sep 2013 - 16:10
PÈLERINAGE À LA MECQUE

Pour les privés, l’Etat devra jouer le rôle de Police

 

 

Les titres de voyage pour le pèlerinage à la Mecque ont commencé à être distribués hier. Une occasion saisie par des voyagistes privés pour remettre sur le tapis la lancinante question de la privatisation du «hadj».

Il ne reste que quelques jours avant le premier vol pour la Mecque 2013. Mais il en a fallu de peu pour que des pèlerins sénégalais n’aient pas la chance de fouler le sol saoudien. En raison d’une «garantie» attendue de l'Etat par les autorités saoudiennes et finalement réglée par les Saoudiens eux-mêmes. «C’est une réalité. Par rapport aux conditions établies, je ne serai pas surpris de voir des Sénégalais laissés en rade (car) l’Etat a émis des bons à gauche et à droite sans contrôle alors que son quota est à la baisse cette année», déplore Cheikh Bamba Dioum, islamologue et voyagiste privé.

Selon la présidente du Consortium des organisateurs privés pour le pèlerinage à la Mecque, Mme Seck Safiétou Diongue, «le ministère de tutelle (NDLR : Affaires étrangères) et la Présidence de la République ont fait le trop-plein cette année. Ils ont dépassé les 2400 unités qui leur sont dévolus. Ils ont dû affréter un vol spécial pour cette catégorie de personnes ce samedi.»

Si ce scénario met de nouveau à nu le manque d’organisation de ce grand événement religieux qui propulse cette année 8400 Sénégalais aux lieux saints de l’Islam, il pousse les privés à remettre sur le tapis une vieille doléance : la privatisation du «hadj». «Avec cette option, le commissariat général sera maintenu. Il veillera au grain. Il sera là pour contrôler et mettre en place un cahier de charges avec des conditions bien établies», explique Cheikh Bamba Dioum.

 

«Des sociétés privées clandos»

«Actuellement, les privés sont laissés à eux-mêmes. La commission nationale n’a pas le temps de les contrôler. Tant qu’on ne supprimera pas le commissariat général sous sa forme actuelle, on notera toujours des failles», ajoute le voyagiste privé qui recommande «une privatisation avec de nouvelles normes de contrôle».

Pour sa part, Mme Safietou Diongue Seck souligne que la privatisation s’impose si on veut corriger les nombreux manquements notés chaque année. «L’Etat continue à octroyer une subvention énorme pour la réussite du hadj, mais des couacs sont toujours décelés. En confiant le hadj aux privés, il pourra jouer le rôle de police ; il en gagnerait plus», plaide-t-elle.

Devant la crainte nourrie d'une flambée incontrôlable des prix, les privés rassurent. «L’Etat se chargera d’homologuer ses prix, le commissaire général pourra en assurer la  surveillance», indique la présidence du consortium. Qui reconnaît au passage des l'existence de brebis galeuses dans les rangs. «Il y a des sociétés privées clandos qui ne respectent aucune norme. L’Etat n’aura qu’à choisir les privés les plus solvables et les surveiller sur le plan de la sécurité et du transport.»

 

Section: