Le rappeur Abass Khadim Al Rassoul Akar, plus connu sous le sobriquet de Agbess, a disparu de la scène musicale. Depuis le 10 Août 2012, il croupissait en prison, pour association de malfaiteurs et contrefaçon de signes monétaires ayant cours sur le territoire national ou à l’étranger.

La brigade de gendarmerie de Mbour a réussi une véritable prouesse, en 2012, en démantelant un réseau de trafic de faux billets. Hier la bande, composée d’Ibrahima Guèye, policier et chef de protocole au ministère de l’Intérieur, de Madiop Sène, un ancien flic, d'Ahmed Lamine Coly, de Modou Gueye et de deux intermédiaires Aly et Abass Akar, a comparu devant la Cour d'Assises de Thiès.

Ces membres voulaient blanchir et mettre en circulation de fausses monnaies. Près d’un milliard de Francs Fcfa, en provenance d’un pays en conflit. Selon les éléments de l'enquête, le Major Ibrahima Guèye, en service au Ministère de l’Intérieur, propriétaire de l'argent sale avait fait appel à son ami Madiop Sène, policer à la retraite, pour ‘’la décongélation’’ des billets de banque.

Ce dernier prit contact avec Aly Akar qui l'a présenté à son fils Abass Akar dit Agbess. Le rappeur fut chargé de trouver un laveur de billets noirs à ‘’ses oncles’’. Pour cela, il prit contact avec Ameth Lamine Coly qui le mit en rapport avec Modou Guèye.

Ce dernier devait s’en charger. Le tour étant joué, un rendez-vous fut fixé à Yoff. Les différents protagonistes, à l’exception d’Aly Akar, prirent part à la rencontre et les rôles furent distribués. Les modalités de partage des gains furent également fixées.

Ainsi, Ibrahima Guéye mit à la disposition de Modou Guèye, 9 billets noirs en coupures d’euros, de dollars et de francs cfa. En compagnie de Coly, ils se rendirent à Mbour, le 04 Août 2012, pour y rencontrer un certain Modou Moustapha Mbacké, dans l'optique de terminer le boulot. Ce dernier refusa le marché, pour avoir séjourné en prison pour les mêmes faits. Les choses tournant au vinaigre, Modou Guèye lâcha Ahmed Lamine Coly, après une violente dispute qui tomba dans les oreilles des gendarmes.

Ils interpellèrent Coly, alors qu'il s’apprêtait à rentrer à Dakar. Le faussaire révéla aux enquêteurs que ses acolytes se trouvaient à Dakar. Dans la capitale, les limiers procédèrent à la fouille du véhicule du Major Ibrahima Guèye. Ils y découvrirent une mallette contenant une machine destinée au lavage de billets, 7 coupures de billets noirs, une bouteille d’un litre de mercure et la somme de 1 500 000 Frs.

Devant la barre, le cerveau de la bande a nié toute implication, en soutenant que la mallette lui a été confiée par Modou Guèye. L'argent, dit-il, lui a été offert par Gaby Pereze, un ami vivant au Luxembourg. ‘’En tant que policier, j’ai infiltré la bande de faux monnayeurs, pour arrêter ses membres. J’avais l’information qu’elle voulait faire circuler de faux billets, c’est pourquoi j’ai agi de la sorte’’, s'est-il défendu.

Aly Akar a également réfuté toute implication,  en prétendant avoir une fois éconduit Madiop Séne qui le sollicitait pour une affaire de décongélation de billets noirs. Son fils, l’artiste Agbess a révélé qu’il a pris le numéro de Madiop Séne, dans le téléphone de son père, pour lui trouver un spécialiste capable de laver les billets noirs. 

''Cocktail explosif entre la naïveté de la race juvénile et la malice de la vieillesse''

‘’C’est une grosse association de création de faux billets. Une activité criminelle qui a été portée par Ibrahima Guèye, un enquêteur chevronné. Il a conceptualisé le projet à Dakar et a ensuite organisé des réunions pour distribuer les rôles. Avant de se déployer jusqu’à Mbour, pour finir le travail. La gendarmerie est intervenue et le projet a été assassiné’’, a plaidé l’avocat général Ibrahima Ndoye qui a requis une peine de 5 ans ferme pour la bande. 

‘’C’est un cocktail explosif entre la naïveté de la race juvénile et la malice de la vieillesse. Ils ont tenté, mais ils n’ont pas réussi’’, a ajouté le ministère public, avant de demander à la Cour de retenir les faits de tentative de fabrication de signes monétaires et complicité. Le rappeur Agbess, né le 12 août 1995, a été jugé la semaine dernière devant le tribunal pour enfant. Il sera fixé sur son sort, le 30 Janvier prochain.

Les avocats de la défense, Mes Ayi, Bathily, Cissé et Sonko ont estimé dans leur plaidoirie, que rien dans le dossier ne permet d’affirmer la contrefaçon. Faisant la différence entre les actes préparatoires d’une infraction et son début d’exécution, ils ont plaidé la requalification des faits et demandé à la cour de faire preuve de clémence à défaut d’une relaxe pure et simple.

La cour, après avoir délibéré et requalifié les faits en tentative de contrefaçon, a condamné Ibrahima Guèye à 2 ans dont 1 an ferme. Modou Guèye a écopé de 2 ans dont 10 mois ferme. Ameth Lamine Coly, Aly Akar et Madiop Sène ont chacun pris 2 ans dont 6 mois ferme. Ils ont retrouvé la liberté, après 17 mois passés en prison.

NDEYE FATOU NIANG (THIES)