INCULPÉS POUR ABUS DE CONFIANCE
L’ex-DG de Clairafrique et ses acolytes encourent un an
Un an de prison ferme. C’est la peine requise hier par le parquet à l'encontre de l’ex-directeur général de la librairie Clairafrique, Jean Charles Faye, ainsi que Guy Anoma et Théophile Coly, respectivement directeur administratif et financier et comptable de ladite librairie au moment des faits. Quant à l’informaticienne Liliane Maguette Thiaw, une peine de six mois et un mandat d’arrêt planent sur sa tête.
Après neuf mois de détention préventive, l’ex-directeur général de la librairie Clairafrique, Jean Charles Faye, a comparu hier, devant le tribunal correctionnel de Dakar. Si le tribunal suit le réquisitoire du parquet, l’ex- Dg, ainsi Guy Anoma et Théophile Coly, en prison depuis 2013 septembre, y resteront jusqu’au mois de septembre de cette année.
Le parquet a requis contre eux une peine d’un an ferme et six mois ferme contre Liliane Maguette Thiaw. Le mandat d’arrêt plane sur la tête de l’informaticienne qui a fait défaut. Les avocats de l’archidiocèse réclament la somme de trois milliards de francs Cfa au titre de dommages et intérêts. Ils estiment que le trio a dissipé le patrimoine de la librairie.
D’après les plaignants, le détournement a été découvert en janvier 2011, lorsque Mme Justine Badiane a pris la direction de la librairie, en remplacement de Jean Charles Faye, en poste depuis 2004. Selon Mme Badiane, toutes les données comptables avaient été supprimées de l’ordinateur utilisé par son prédécesseur. Le disque dur étant formaté. Il s’y ajoute qu’elle ne pouvait pas émettre d’appels vers l’extérieur. Intriguée par cette situation, elle en a fait part au Conseil d’administration de l’archidiocèse qui a commandité un audit sur la période de 2004-2010.
Résultats des audits
Les résultats des audits ont révélé que les prévenus avaient mis en place un système de gestion hors comptable. Ce qui leur avait permis de faire à leur profit des paiements injustifiés, au profit également de certains membres du personnel de la librairie et même de personnes étrangères à la boîte. En effet, les auditeurs ont trouvé qu'en 2006, des chèques d’un montant de 20 millions 752 mille francs Cfa, provenant des changes, n’ont pas été remis à l’encaissement à la banque, en décembre 2006.
Pour éviter aux employés de perdre du temps au niveau des banques, l’ex-DG avait instauré un système permettant à ceux-ci de se faire payer par la caisse de l’entreprise. Les chèques étaient ensuite reversées à la banque. Seulement, il se trouve que des étrangers, comme l’US Gorée par exemple, en ont bénéficié. L’audit a aussi décelé ‘’des écarts importants et non justifiés’’ au niveau, entre autres, de la trésorerie, des stocks, des ventes et chiffres d’affaires enregistrés sur IPREFACE et celui de la comptabilité.
A la barre, l’ex-DG a laissé entendre qu’il ne lui appartenait pas de faire le contrôle de ces opérations. ‘’C’était au comptable de veiller au suivi des encaissements. Moi, je ne réagissais que lorsque les écarts m’étaient soumis’’, s’est défendu Jean Charles Faye. Sur sa lancée, il a écarté toutes les accusations portées à son encontre.
Niant avoir détourné le plus petit centime, l’ex-DG a rejeté les rapports, arguant qu’ils ne sont pas contradictoires. ‘’Il n’y a jamais eu d’écarts significatifs, car tous les ans, le cabinet me délivrait un quitus pour ma gestion’’, s’est glorifié l’ex-DG qui a affirmé que les données supprimées sont personnelles et n’ont aucun lien avec la comptabilité de la librairie.
Citation abusive
Ses co-prévenus ont contesté les rapports les chargeant. Guy Anoma a laissé entendre qu’il n’avait aucun regard sur la gestion de Théophile Coly qui, dit-il, rendait compte directement au DG. En tant que comptable, M. Coly a soutenu que son tort a été d’avoir donné des chèques à certains de ses collègues, alors que lesdits chèques devaient être remis à la banque. La défense s’est inscrite dans la logique de ses clients pour critiquer les rapports d’audit et surtout celui fait par l’expert Cheikh Fall. Aussi les avocats ont contesté les détournements reprochés à leurs clients.
‘’Au moment où il était accusé d’avoir détourné 2 milliards, mon client Coly a été expulsé pour non-paiement d’arriérés de loyer’’, a argué Me Babacar Mbaye. Me Ousmane Sèye de renchérir, en déclarant que Jean Charles ne possède ni maison, ni véhicule. C’est pourquoi Me Bassène a demandé que justice soit rendue à leurs clients. Me El Hadj Amadou Sall a ensuite réclamé des dommages et intérêts d’un montant de 10 milliards de francs Cfa pour citation citation abusive.
FATOU SY
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