Idrissa Seck soutient Baldé et tire sur la justice, Wade et Macky
Venu apporter son soutien au maire de Ziguinchor mis en demeure pour justifier la licéité de son patrimoine, Idrissa Seck a exprimé les mêmes craintes qu’Abdoulaye Baldé. Même s’il reste ‘’confiant’’ quant à l’innocence de son homologue maire, l’édile de Thiès craint que M. Baldé soit sacrifié sur l’autel de la politique. Il fonde ses craintes sur l’absence d’un Etat de droit. ‘’Je pense que le Sénégal doit devenir un Etat de droit. On en parle beaucoup, on le répète tout le temps, mais on en est encore très loin’’, a martelé l’ancien Premier ministre.
‘’Que veut dire l’Etat de droit ? Cela veut dire le règne de la loi, de la justice. Cela veut dire qu’un fort, soit par le pouvoir de l’argent ou le pouvoir politique, ne peut pas écraser un faible sans raison’’. Selon son argumentaire, ‘’un Etat de droit inclut le droit de résistance à l’oppression’’. ‘’C’est ce que j’ai fait en 2004’’, a souligné M. Seck, pour ressasser l’affaire des Chantiers de Thiès qui lui avait valu une détention préventive, avant de bénéficier d’un non-lieu.
A ce propos, le maire de Thiès a fait quelques confidences. ‘’Lorsque le patron de la DIC, le commissaire Assane Ndoye, avait terminé son enquête sur les Chantiers de Thiès et avait conclu qu’il n’y avait aucune preuve à charrier contre Idrissa Seck, on lui avait demandé d’attendre’’. La suite, a poursuivi Idrissa Seck : ‘’vers 13h, on lui envoie une autre lettre pour lui dire que les poursuites ne sont plus basées sur les Chantiers de Thiès, mais portaient sur l’atteinte à la sureté de l’Etat’’.
Ensuite, l’ancien patron de la DIC lui avait dit que tous ses droits sont éteints et qu’il était en mesure de le garder-à-vue 96 heures renouvelables et qu’il avait des pouvoirs illimités. ‘’Je lui ai rétorqué que ses pouvoirs sont très limités. Tout comme celui des deux ministres (Intérieur et Justice) dont il exécutait les décisions, mais également de celui de Macky Sall, leur Premier ministre par qui transitent les instructions du président de la République lequel n’a même pas de pouvoir sur mon destin, en tant qu’ancien spermatozoïde et futur cadavre’’, a confié l’ex-PM.
Après avoir fait ce rappel sur son cursus politique, il a plaidé pour l’indépendance de la magistrature. ‘’L’Etat de droit, c’est lorsqu’un commissaire de police ou un magistrat reçoit une instruction illégale, qu’il ait le courage de dire à son patron ministre ou président : je ne le fais pas’’, a-t-il soutenu. Dans le même ordre d’idée, il a ajouté : ‘’je veux lancer un appel au président. S’il veut faire une seule bonne chose pour le Sénégal, c’est de le doter du statut d’Etat de droit’’. En commençant ‘’par une justice traitée comme un pouvoir indépendant et responsable. Un pouvoir séparé de l’exécutif’’.
Après avoir fait le rapprochement entre un Etat de droit et le développement, Idrissa Seck s’est une nouvelle fois attaqué à la traque des biens mal acquis. ‘’Les touristes et les investisseurs ne viennent plus à cause de cette histoire qui ne veut rien dire’’, a fulminé M. Seck. Toutefois, a-t-il laissé entendre : ‘’des fois, on poursuit des gens sur la base d’accusation dont la preuve de la fausseté est prouvée’’. Donc à son avis, il est temps que l’Etat s’occupe de l’essentiel, à savoir les paysans qui font face à un hivernage en retard, les éleveurs qui démantèlent leurs cases pour nourrir leurs bêtes, et le virus Ebola qui menace la sous-région.