Les mises au point du général Jean-Baptiste Tine
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Général Jean-Baptiste Tine, est revenu, hier, en large sur l’organisation du scrutin de dimanche, la violence électorale, les arrestations de nervis et les mesures prises, entre autres, pour un déroulement impeccable du vote sur tout le territoire national et la diaspora.
À 48 heures d’un scrutin très attendu et déterminant pour l’avenir de ce pays, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Général Jean-Baptiste Tine, a pris la parole hier pour faire le point sur les préparatifs. Mais, avant tout, il est revenu sur les événements sanglants qui ont marqué la campagne électorale qui s’achève. « Comme vous le savez, a déclaré le ministre, personne ne peut garantir une sécurité à 100 % et des incidents isolés ont été notés, les plus récents remontant à il y a juste quelques jours dans le cadre de la campagne électorale. Je condamne fermement ces incidents qui sont regrettables et qui ne reflètent pas le niveau de maturité de nos populations et de notre démocratie. »
À ses yeux, « la violence n'a pas sa place dans le jeu électoral où les acteurs ne devraient rivaliser qu'à travers des idées et des programmes politiques pour mieux servir leurs concitoyens. » S’agissant des événements sanglants notés, il a indiqué : « Si de tels incidents ont pu se produire, ce n'est pas faute d'avoir pris les dispositions idoines. » Ensuite, il a rappelé avoir signé le 22 octobre 2024 un arrêté interdisant le port d'armes de toutes catégories et de matières explosives, du 17 octobre au 17 décembre 2024.
« Après tout ce que le Sénégal a engrangé comme avancées en matière de démocratie et de conduite du processus électoral, il était difficilement imaginable, avant ces incidents, de devoir procéder à la fouille des caravanes des listes de candidats. Malheureusement, nous en sommes arrivés là par la force des choses et nous avons ainsi découvert, dans le cortège d'une liste en compétition, tout un arsenal destiné visiblement à commettre des actes de violence. C'est ainsi que les forces de sécurité ont neutralisé plus de 70 individus soupçonnés d'avoir enfreint la loi et les enquêtes sont en cours avant leur présentation éventuelle à l'autorité judiciaire qui décidera de leur sort, » a indiqué le Général Tine. Il prévient que les forces de sécurité veillent à ce que de tels événements ne se reproduisent.
« Des armes ont été saisies hier vers Tambacounda »
À ce propos, il a fait une révélation de taille : « Des armes ont été saisies hier (jeudi) vers Tambacounda, » a-t-il annoncé. Avant de lancer un appel à tous les acteurs du jeu politique : « Pour le reste de la campagne et pour toujours, je voudrais lancer un appel à tous afin qu'ensemble, nous fassions preuve de retenue et d'esprit de paix et de concertation, pour éviter de ternir l'image de notre démocratie. » Le ministre a ajouté qu’il compte sur tous les régulateurs sociaux, chefs religieux et coutumiers, société civile, organisations de jeunes, de femmes, mais également sur les acteurs de la presse pour relayer cet appel.
Il rappelle que dès son arrivée à la tête de ce département, conformément aux orientations du Président de la République, il a instruit les forces de police et de gendarmerie de prendre toutes les dispositions nécessaires pour veiller sur la sécurité des personnes et de leurs biens, notamment en luttant contre les accidents de la circulation, la délinquance urbaine, la criminalité et les divers trafics. Dans l'ensemble, dit-il, ces instructions ont été bien suivies, car des opérations de sécurisation sont ainsi quotidiennement menées, notamment dans les zones criminogènes et de contrôle.
« Tous les signaux permettant d'augurer d'une bonne organisation matérielle des élections sont présents »
S'agissant de l'organisation des élections, conformément aux directives du Chef de l'État, le Général Tine informe que toutes les dispositions nécessaires ont été prises et continuent de l'être pour la tenue d'un scrutin libre, transparent et inclusif, le dimanche 17 novembre 2024, aussi bien sur l'ensemble du territoire national qu'à l'étranger. Dès le début du processus, il rappelle avoir convié, le 29 septembre 2024, tous les acteurs politiques et la société civile, en présence de représentants de la CENA et du CNRA, à des concertations en vue d'aboutir à des élections sans contestation. Cet exercice a ensuite été répété chaque fois qu'il y a eu besoin, sur son initiative ou parfois à la demande de certains acteurs de la société civile dont les efforts inlassables pour l'apaisement du jeu électoral méritent, dit-il, d'être salués.
« À l’heure où je vous parle, à 48 heures de l'échéance, tous les signaux permettant d'augurer d'une bonne organisation matérielle des élections sont présents. L'État a pu mobiliser le budget nécessaire pour le financement malgré le nombre important de listes en compétition (41 listes) lié à la non-application du filtre du parrainage pour les élections législatives anticipées conformément à la décision du Conseil constitutionnel, » souligne le ministre.
L’autre question centrale est celle des cartes d'électeurs en souffrance dans les commissions. Il informe, en effet, que le stock à distribuer sur le territoire national s'élevait à 278 736 cartes au début du processus électoral. Qu’à la date du 8 novembre 2024, 16 660 cartes ont été retirées, soit 5,9 %. Le nombre de cartes restantes à distribuer est estimé à 262 076, soit 94,02 %, regrette le Général Jean-Baptiste Tine. Il précise que, pour améliorer les performances dans leur distribution, des messages importants liés à la mise en place et au retrait des cartes d'électeur ont fait, à chaque fois, l'objet de communiqués de presse, d'insertions dans les journaux, de spots radio ou télévisés, ou de capsules pour informer les citoyens, les membres de la société civile et les autres acteurs du processus électoral en utilisant plusieurs dialectes.
Parlant de l’organisation matérielle du scrutin de dimanche, le ministre de l’Intérieur informe que des missions de déploiement du matériel lourd ont été effectuées dans la période du 24 au 29 septembre 2024 dans les régions. « Depuis le 21 octobre 2024, le matériel électoral, bulletins de vote ainsi que les documents électoraux de l'étranger ont été conditionnés et mis à la disposition des prestataires retenus pour leur expédition auprès des représentations diplomatiques et consulaires. À ce jour, tout le matériel électoral destiné au scrutin du dimanche 17 novembre 2024 est mis à la disposition des autorités administratives, diplomatiques et consulaires, » renseigne le ministre.
Le Général Tine rappelle qu’au total, la carte électorale compte 7 048 lieux de vote et 16 440 bureaux de vote, alors que le fichier général des électeurs compte 7 371 890 électeurs, dont 7 033 850 sur le territoire et 338 040 à l'étranger.
Zones touchées par les crues du fleuve
Le ministre de l’Intérieur a aussi évoqué le cas des zones touchées par les crues du fleuve, il y a de cela quelques semaines. Il informe que toutes les écoles qui étaient inondées à la suite des crues ou qui étaient occupées par des populations sinistrées et qui étaient prévues comme lieux de vote sont aujourd'hui libérées. Il souligne que « la situation hydrologique et météorologique est scrutée et analysée en permanence pour permettre d'identifier et de préparer des actions préventives. »
Le Général Tine s’est ensuite appesanti sur le phénomène des inondations, qui est une conséquence du dérèglement climatique et touche plusieurs pays, aussi bien en Afrique que dans d'autres parties du monde. « Si les conséquences ont été plus graves dans ces pays, notamment à cause du grand nombre de personnes décédées, le Sénégal a pu relativement être épargné. Bien évidemment, la nature a été plus clémente sous nos cieux, mais aussi le sens de l'anticipation des autorités a permis, avant même la survenue des crues, d'élaborer un plan de riposte d'urgence, » souligne le ministre. Il informe qu’avec ce plan, un comité interministériel de gestion de la catastrophe a été institué au Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité publique et a tenu, une à deux fois par semaine, des réunions où ont pris part des représentants de tous les ministères, agences de l'État, organisations non gouvernementales et même des sociétés privées pouvant, de par leurs missions ou leur expertise, contribuer à la gestion des inondations.
Parmi les autres mesures prises, il informe qu’un poste de commandement fixe, une sorte de salle de veille regroupant les représentants de services régaliens comme les Sapeurs-pompiers, la Gendarmerie, les Armées, la Police ou des services techniques comme ceux du ministère en charge de l'Hydraulique, le centre de suivi écologique a également été mis en place. Ainsi, « à travers ces dispositifs, la situation hydrologique et météorologique est scrutée et analysée en permanence pour permettre d'identifier et de préparer des actions préventives. Ces dispositifs, qui travaillent en relation étroite avec des comités de crise instaurés par les gouverneurs des régions touchées, ont également permis de déterminer les besoins des populations sinistrées aussi bien en termes de besoins logistiques comme des tentes que de besoins alimentaires. À l'heure actuelle, avec la fin de la saison des pluies, le niveau de l'eau a entamé une baisse sur les fleuves Sénégal et Gambie et cette tendance, qui n'a cessé de se poursuivre ces derniers jours, nous fait penser que la situation est en train de revenir à la normale, » se félicite le ministre.
Même si, poursuit-il, la vigilance est toujours de mise à Saint-Louis où la côte d'alerte est relativement basse (1,75 m), alors que le niveau est actuellement à 1,50 m. « Avec la phase de décrue, les opérations de désinfection, de désinsectisation et de surveillance épidémiologique devront être assurées. Il en est de même de l'action humanitaire, de la reconstruction des infrastructures et du relèvement des activités génératrices de revenus’’, informe Général Tine.
CHEIKH THIAM