Publié le 30 Aug 2014 - 23:08
MBOUR -CIRCONCISION CHEZ LES MANDINGUES

La ville au rythme du kankourang

 

Le kankourang démarre dans la capitale de la Petite Côte, ce dimanche. La ville, comme chaque année, va vivre pendant trois mois au rythme de la fête de la circoncision chez les Mandingues. Cette année, des centaines de circoncis vont être initiés. Ils vont passer dans le couloir ‘’des hommes’’.  Du folklore, à la tradition, en passant par le faste économique et le libertinage sexuel, Mbour sera en ébullition.

 

La ville de Mbour va être ce dimanche matin le lieu de convergence de centaines de jeunes. Plus précisément au quartier Santessou qui accueille le ‘’leul‘’ ou rite des initiés de la collectivité mandingue. Ils se regroupent pour le ‘’diambadon’’ ou la danse des feuilles. Vêtues d’accoutrements traditionnels, les femmes vont danser au rythme du tam-tam. Les hommes déjà initiés vont accompagner les circoncis. On les appelle ‘’selbés’’. Il y a trois catégories : les ‘’selbés tioutie’’ sont les plus jeunes, il y a les adultes et les anciens qui sont les gardiens du temple. Ces derniers sont les dépositaires des pouvoirs mystiques. Ils gardent jalousement la tradition.

Dans le département, 6 sites sont autorisés à organiser le kankourang. Il y a les localités à forte communauté mandingue que sont Santessou, Diamaguène, Tiocé, Weika et le village de Mboulème (dans la communauté rural de Malikounda). A côté du kankourang qui marque la circoncision, il y a le nianka, un rite qui accompagne l’excision. Seulement, avec l’interdiction de cette pratique, ‘’les femmes vont partir à la mer pour se laver et revenir. Sur le chemin du retour, elles passeront à la préfecture pour saluer le préfet. Elles vont aussi partir au commissariat urbain, parce que dans la tradition mandingue, le respect des ainés et de l’autorité est une loi’’, selon le commissaire de la police à la retraite Kadialy Seydi.

 ‘’Même si le fond reste mandingue, le kankourang est devenu un patrimoine mbourois, voire mondial. Donc, nous avons la responsabilité de la conservation de la coutume. Nous sommes tous du troisième âge. Nous avons l’obligation de la conserver et de la léguer aux générations futures’’, dit Mamadou Diaboula, ancien gouverneur et membre du comité des sages. La culture du kankourang est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco.

Une période des bonnes affaires

Avec la période du kankourang, c’est tout une économie qui prend son envol. Les filles se ruent littéralement vers les vendeurs de tenues vestimentaires, avec une préférence pour les habits qui mettent en valeur leurs formes, en préparation des futures nuits blanches. Au marché central, le constat est fait. La clientèle a augmenté, si on en croit croire Djibril Sy, un vendeur de prêt-à-porter. ‘’Cette période nous permet de nous remplir les poche. Filles comme garçons achètent de nouveaux vêtements. Les hommes aiment les vêtements de couleur, des près du corps’’, dit-il. Un peu plus loin, son collègue Idy Mbaye s’échine à attirer la clientèle, par des applaudissements et des chansonnettes. Il ne vend que des articles pour filles : minijupes, bas, jeans serrés, hauts et chaussures. ‘’Chaque jour, je vends plus d’articles qu’auparavant’’, se félicite-t-il.

Il n’y a pas que les marchands d’habits qui tirent leur épingle du jeu. Les fast-foods et les boutiques en tirent aussi profit. Assane, un boutiquier, témoigne : ‘’au mois de septembre, nous différons nos heures de fermeture, parce que les jeunes veillent jusqu’au petit matin, chaque samedi, durant toute la période du kankourang. Nos chiffres d’affaires augmentent’’. Les fast-foods ne sont pas en reste. Dans ces lieux de dégustation, le constat est le même, le kankourang est la période des bonnes affaires. En veillant tard la nuit, les hordes de jeunes gagnés par la faim prennent d’assaut les fast-foods. En à croire Aloyse Ndiaye, un gérant de fast-food, ‘’les jeunes achètent pour la plupart des fataya, de la boisson et des sandwichs’’.   

André BAKHOUM

 

 

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