Publié le 29 Oct 2014 - 15:46
«DIALOGUE TRANSATLANTIQUE» 2014 A MARRAKECH

Aminata Touré revendique le titre de «femme normale» 

 

Invitée du «Dialogue Transatlantique» organisé cette année à Marrakech par le German Marshall Fund (GMF) des Etats-Unis d’Amérique, l’ex PM sénégalais s’est présentée comme une «femme normale» dans un contexte où le machisme aurait encore de beaux jours devant lui.

 

«Je ne suis pas une dame de fer. Je suis une femme qui travaille à défendre ses intérêts (…) tout en restant humain.» C’est ainsi que l’ancienne Première ministre du Sénégal, Aminata Touré, a répondu à la question initiale de Jim Kolbe, lors de son passage à la troisième édition du «Dialogue Transatlantique» qui vient de se tenir à Marrakech. Cet événement est organisé annuellement au Maroc par la «German Marshall Fund» des Etats-Unis d’Amérique, en collaboration avec la Fondation OCP (Office Chérifien des Phosphates).

Se présentant comme «une femme normale», l’ex PM a confié : «quand (une femme) atteint un leadership, les gens ne se posent plus de question relative au genre» la concernant. Après, «on vous évalue en tant que leader.» Néanmoins, «les femmes doivent être plus fortes que les hommes» pour espérer atteindre un certain niveau de reconnaissance.

La santé de la reproduction a été l’autre grand thème sur lequel Aminata Touré a été interrogée, en liaison avec l’autonomisation des femmes, sur le plan économique notamment, et le développement du continent africain. 300 000 enfants qui naissent chaque année, c’est un fardeau lourd à porter, selon elle. «Le taux de fertilité est un obstacle à la croissance en Afrique et au Sénégal», a-t-elle lâché. «Il augmente à un taux qui ne permet pas au gouvernement de suivre le rythme» de la natalité. A la suite, elle a proposé le renforcement de capacités au profit des femmes à travers l’éducation, avec des programmes visant à leur assurer l’autonomie économique et financière.

Dans une salle archicomble de l’immense Hôtel du Golfe, Aminata Touré s’est employée, en réponse aux questions posées par le modérateur et par le public, à réexpliquer tout en anglais la philosophie ayant sous-tendu la traque des biens présumés mal acquis lancée après l’arrivée au pouvoir d’un régime post-Wade. Au-delà du Sénégal, l’ex-Garde des Sceaux a affirmé que «c’est une urgence pour l’Afrique de s’assurer que les fonds publics sont utilisés à bon escient.» Et comme «les ressources disponibles ne sont pas nombreuses», a-t-elle ajouté, on crée des facteurs de désordre préjudiciables à la stabilité des pays africains.

Tout en rappelant que la corruption n’est pas un phénomène propre au continent et que, en même temps il n’y a pas toujours des instruments efficaces pour la combattre, Aminata Touré a plaidé pour «un système de reddition des comptes» qui fonctionne en permanence. «C’est un processus continu qui ne se termine jamais», a-t-elle indiqué.

Interpellée sur le procès en cours du fils de l’ancien président de la République, Abdoulaye Wade, devant la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), l’ancienne PM a préféré ne pas entrer dans les détails du sujet. Elle a simplement souligné que les gouvernants au Sénégal sont désormais en face de nouvelles générations de citoyens et d’une société civile qui rendent incontournable le principe de la reddition des comptes après exercice de responsabilités publiques.

Dans l’une de ses rares incursions sur les conflits régionaux, Aminata Touré a brièvement abordé la situation qui prévaut au Mali en disculpant le «dynamisme interne» comme cause exclusive du déclenchement de la crise politique et militaire. «Les raisons du conflit (dans ce pays) sont à chercher dans l’effondrement de la Libye après la chute de Mouammar Kadhafi» due aux interventions militaires aériennes massives de l’Otan puis de la France. 

MOMAR DIENG (DE RETOUR DE MARRAKECH)

 

 

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