Publié le 4 Jun 2015 - 22:40
NIGERIA- LUTTE CONTRE LA SECTE BOKO HARAM

Amnesty International dénonce les atrocités de l’Armée

 

Le Nigeria est dans le collimateur d’Amnesty International. Il a été épinglé, non pour les exactions commises par les islamistes, mais pour des crimes de guerre qui portent les empreintes de neuf officiers supérieurs nigérians.  

 

Au Nigeria, les exactions ne sont pas seulement le fait des extrémistes de Boko Haram, les militaires de l’armée nationale s’illustrent également dans ce sens. Ils sont épinglés dans le nouveau rapport rendu public, hier, par Amnesty international. L’armée nigériane y est accusée d’avoir commis des crimes atroces avec, entre autres conséquences : ‘’quelque 8 000 personnes mortes assassinées, de faim, d'asphyxie ou sous la torture’’. Pour Amnesty international, l’Etat nigérian, qui affiche une certaine passivité, doit ouvrir des enquêtes en relation avec ces ‘’crimes de guerre, voire les crimes contre l'humanité, commis’’, dans la mesure où 9 officiers supérieurs nigérians sont impliqués dans ces exactions commises, dans le cadre de la croisade contre Boko Haram dans le nord-est du pays.

Entre autres officiers incriminés, figurent le Général de division John A. H. Ewansiha, le Général de division Obida T. Ethnan, le Général de division  Ahmadu Mohammed, le Général d'armée Austin O. Edokpayi et le Général d'armée Rufus O. Bamigboye. Amnesty demande au président nouvellement élu, Muhamadu Buhari, de même qu’à l’Union africaine et la communauté internationale ‘’d’initier d’urgence une enquête impartiale sur les crimes dénoncés dans le rapport et d’exiger que toutes les personnes responsables rendent des comptes, quels que soient leur grade ou leurs fonctions’’. Le rapport qui passe en revue les rôles et les possibles responsabilités pénales des différents maillons de la chaîne de commandement, notifie que ‘’depuis mars 2011, plus de 7 000 jeunes hommes et jeunes garçons sont morts en détention militaire et que, depuis février 2012, plus de 1 200 personnes ont été tuées dans des conditions contraires à la légalité’’.

20 000 jeunes gens arrêtés

Le Secrétaire général d’Amnesty international, Slil Sheyli tient aussi à ce que la responsabilité des hauts responsables militaires dans les crimes commis par leurs subordonnés soit tirée au clair. Il s’agit du Général Azubuike Ihejirika, chef de l'état-major de l'armée, de septembre 2010 à janvier 2014, Amiral Ola Sa'ad Ibrahim, chef de l'état-major de la Défense, d'octobre 2012 à janvier 2014, du Général d'armée aérienne Badeh, chef de l'état-major de la Défense depuis janvier 2014, et du Général Ken Minimah, chef de l'état-major de l'armée depuis janvier 2014. Pour Amnesty international, la série de violences qui accompagne la lutte contre la montée de l’islamisme ne se justifie pas. ‘’Les Forces Armées nigérianes ont arrêté au moins 20 000 jeunes gens et jeunes garçons, dont certains avaient à peine neuf ans. Ceux-ci ont dans la plupart des cas été arrêtés arbitrairement, souvent uniquement sur la foi d'une dénonciation faite par un informateur dont l'identité était tenue secrète.’’

Il s’y ajoute qu’‘’un officier supérieur a remis à Amnesty International la liste des noms de 683 détenus morts en détention, entre octobre 2012 et février 2013. Des centaines de personnes ont été tuées en détention, soit par balle, soit par étouffement’’. Amnesty International a pu vérifier qu'en une seule journée, le 19 juin 2013, 47 détenus avaient succombé par étouffement. Il s’y ajoute que des détenus ont perdu la vie, suite à des opérations de fumigation des locaux, une opération qui est à l'origine de la mort de nombreuses personnes détenues dans des cellules mal aérées. ‘’D'anciens détenus et des interlocuteurs haut placés dans la hiérarchie militaire ont affirmé que des détenus étaient fréquemment torturés à mort, suspendus à des poteaux au-dessus de brasiers, jetés dans des puits ou soumis à des interrogatoires à l'aide de matraques électriques’’.

Pire, ‘’alors qu'ils étaient informés des taux de mortalité et des conditions de détention, les responsables militaires nigérians n'ont rien fait pour remédier vraiment à la situation’’, dénonce le secrétaire général d’Amnesty international Salil Shetty.

Matel BOCOUM

 

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