A la recherche des causes et des enjeux
L’Afrique subsaharienne est passée d’une zone à forte migration interne à un point de départ des migrants vers l’Europe. Trouver la cause et les enjeux des déplacements irréguliers des populations est la cause d’un forum organisé hier par le Réseau africain pour la gouvernance des migrations.
Des milliers de décès dans la Méditerranée ont fini de donner à la mer le nom de plus grand cimetière au monde. La migration ne saurait donc occuper les dernières places dans la liste des priorités. Ce drame humain a fait l’objet hier d’un forum organisé par le Réseau africain pour la gouvernance des migrations (Ragm), en collaboration avec la fondation Friedrich Naumann. La rencontre a pour thème : ‘’Enjeux des migrations irrégulières.’’
La diversité des flux migratoires indique en effet les défis auxquels sont confrontés les gouvernants. C’est pour cette raison que Pape Saer Guèye le président du Ragm et ses partenaires ont voulu réunir les acteurs qui interviennent dans le domaine de la migration. Il s’agit de plusieurs acteurs, allant des décideurs à ceux qui sont sur le terrain, car l’émigration est une question transversale. Et pendant ce temps, Inge Herbert la directrice de la fondation Naumann note ‘’qu’il n’y a pas encore un document de politique intégré sur la question des migrations’’. Dès lors, sa prise en charge devient plus difficile. D’où la nécessité de mobiliser tout le monde par des témoignages, des projections et des échanges.
8,66 millions de migrants en Afrique de l’ouest
Mais la migration ne se limite pas uniquement à ceux qui désirent partir vers d’autres horizons plus cléments. Ça concerne également ceux qui se sont déjà établis dans les pays étrangers. Et s’il y a un point positif en ce qui concerne le transfert d’argent par les émigrés, une manne financière pouvant même financer une partie du développement du continent noir, le côté négatif reste très préoccupant. Il est question ici des mauvais traitements dont sont victimes les émigrés dans leur pays d’accueil, de la fuite de la main d’œuvre la plus qualifiée empêchant la création d’institutions fortes dans les pays de départ ainsi que le bouleversement des équilibres sociaux, avec une perte d’une partie de la population.
C’est justement à ce niveau que la situation est inquiétante. Car, si l’on en croit Mme Herbert, 5 Africains meurent chaque jour en essayant de traverser la mer ou lors d’un rapatriement. L’Afrique de l’ouest paye un lourd tribut car ses populations sont considérées comme les plus dynamiques au monde. Ce phénomène est toutefois récent, si l’on se fie à Pape Saer Guèye. D’après ce dernier, vers les années 1980, la partie ouest du continent était un espace d’immigration. Ce n’est que vers les années 90 que cette partie est devenue une zone émettrice d’importants flux migratoires.
Toutefois, la réalité est moins importante qu’on ne la présente. En effet, ‘’une étude de 2008 a confirmé qu’il y a 10 fois plus de mouvements migratoires au sein de l’Afrique de l’ouest que vers les pays occidentaux. C’est ainsi que les données statistiques estiment à près de 8,66 millions de migrants soit 2 à 3% de la population ouest africaine’’. Quoi qu’il en soit, le phénomène reste réel et mérite plus d’attention. Les organisateurs ont sans doute bien compris que la solution est plus économique qu’autre.
BABACAR WILLANE