L’ambassade du Canada engage le combat
L’ambassade du Canada mène de front la lutte contre les mariages d’enfants et grossesses précoces, dans la région de Kolda dont la prévalence était de 68%, en 2012. Elle a initié hier une marche de sensibilisation qui s’inscrit dans le cadre de la Journée mondiale de l’Enfance prévue le 16 juin à Kédougou.
« Tous contre les mariages d’enfants» ; « Stop ! Je suis trop jeune pour le mariage » ; « Disons Non aux mariages d’enfants et grossesses précoces ». Ce sont quelques-unes des pancartes brandies hier par les milliers de manifestants qui ont dit non aux mariages et grossesses précoces, dans la capitale du Fouladou. La marche a été initiée par l’ambassade du Canada au Sénégal, l’ambassade du Royaume des Pays-Bas, le Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA), entre autres.
En 2012, l’UNFPA a révélé que « le Sénégal possède l’un des taux les plus élevés de prévalence du mariage des enfants dans le monde. C’est dans la région de Kolda que la prévalence est la plus élevée, avec 68% ». Fort de ce constat, l’ambassade du Canada a fait de l’élimination du mariage des enfants, du mariage précoce et forcé, une priorité en matière de politique étrangère et de développement. « Lorsque les jeunes filles ne peuvent pas atteindre leur plein potentiel, tout le monde en souffre, les filles elles-mêmes, leur collectivité et leur pays. Les complications liées à la grossesse et à l’accouchement constituent la principale cause de décès, chez les filles de 15 à 19 ans, dans les pays en développement », a expliqué Madame Pamela Greenwell, conseillère politique à l’ambassade du Canada au Sénégal.
A l’en croire, le Canada fait partie des pays qui soutiennent l’élimination du mariage des enfants, du mariage précoce et du mariage forcé, d’ici 2030. Son pays en a fait une priorité dans son programme de développement de l’après-2015, afin de mobiliser de façon soutenue les ressources à l’échelle nationale, régionale et mondiale. Dans la même veine, le gouverneur de la région de Kolda, Al Hassan Sall, a regretté que les mariages forcés, les grossesses précoces et leurs corollaires, les suicides, soient devenus aujourd’hui des pratiques récurrentes dans la région de Kolda. « Les victimes sont principalement des élèves âgées de 12 à 17 ans », a-t-il souligné. Ce faisant, le chef de l’Exécutif régional a invité l’ensemble des forces vives de la région à ne ménager aucun effort pour protéger davantage les enfants.
Selon les organisateurs, 14 millions de filles sont mariées chaque année avant l’âge de 18 ans, à travers le monde. « Cela signifie qu’une fille sur trois, dans les pays en développement, se marie avant qu’elle ne soit majeure, et qu’une fille sur 9 se marie avant l’âge 15 ans. Au Sénégal, plus de 33% des filles se marient avant d’atteindre leurs 18 ans ».
EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)