Publié le 18 Jun 2015 - 13:55
ALIOUNE SOUARE, PORTE-PAROLE DES SIGNATAIRES DU MEMORANDUM

‘’La commission de discipline met en exécution des complots destinés à détruire des gens’’

 

Convoqué aujourd’hui à 16h30 devant la commission de discipline, Alioune Souaré refuse catégoriquement d’y déférer. Selon le porte-parole des signataires du fameux mémorandum initié par Modou Diagne Fada pour demander la restructuration du parti d’Abdoulaye Wade, cette commission de discipline n’a aucune base légale. Dans cet entretien avec EnQuête, il souligne même qu’elle traîne la mauvaise réputation de toujours mettre en exécution des complots destinés à détruire des responsables du parti, comme ce fut le cas avec Idrissa Seck.

 

Votre parti le Pds a décidé de vous traduire en commission de discipline. Avez-vous reçu votre convocation ?

Oui on m’a convoqué pour demain (NDLR : aujourd’hui) à 16h30. J’ai reçu la convocation aujourd’hui même (NDLR : hier).

Vous ont-ils simplement appelé comme c’est le cas avec certains d’entre vous ou vous ont-ils notifié cela sur papier ?

Ils m’ont convoqué sur papier. D’ailleurs, c’est cela que je voulais, parce que je vais les poursuivre devant la justice. 

Mais pourquoi ?

Ah non ! Mais ce qu’ils ont fait, c’est extrêmement grave. Ils se basent sur les accusations d’une seule personne pour individualiser l’affaire et donner des convocations, en évoquant des faits qu’ils nous reprochent. Ils nous accusent de corruption, d’accointance avec l’adversaire. Cela est extrêmement grave. Ils sont allés plus loin, en parlant de tentative de sabordage, suite à un marché conclu avec Macky Sall, président de l’Alliance pour la République (Apr) et d’activité fractionnelle.

Comment avez-vous accueilli toutes ces accusations ?

D’abord, la commission de discipline pose problème, du point de vue de la légalité.

En quoi cette commission n’est-elle pas légale ?

Il y a les statuts et règlements intérieurs du parti. Vous savez que le statut détermine le code de conduite. Dans le statut, nous avons 34 articles répartis en 9 chapitres. Dans aucun de ces chapitres, il n’est mentionné cette commission de discipline. Il n’y a qu’au niveau du chapitre 3 qu’on parle de discipline et de conflits, avec deux articles 25 et 26. Et dans aucune de ces dispositions, il n’est mentionné cette commission. Il faut souligner que cette commission de discipline a son histoire. Si vous vous en souvenez, c’est en 2010 qu’ils l’ont créée, quand ils ont voulu liquider Idrissa Seck. C’est une commission qui est créée pour exécuter certains complots. C’est cela le problème. Cette commission a cette réputation de mettre en exécution des complots ourdis et destinés effectivement à détruire des gens. Comme elle ne figure pas dans les statuts, on ne peut pas dire que cette commission a un fondement légal. C’est pour cela que par principe, comme nous pensons qu’aujourd’hui il faut revoir certains comportements, il faut une refondation du parti. J’ai décidé de ne pas déférer à la convocation, en attendant de discuter avec les autres.

Justement est-ce que les signataires du fameux mémorandum de Fada se sont concertés pour adopter une position commune par rapport à cette affaire ?

En principe, on doit se voir. D’ailleurs, il est prévu une rencontre demain (Ndrl : aujourd’hui) pour harmoniser nos positions. Cela d’autant que les convocations ont été envoyées individuellement. Ce n’est pas une convocation collective. Chacun a été individuellement convoqué.

Donc, ce sont tous les signataires du mémorandum qui ont été convoqués ?

Ça, je ne saurais le dire. Je ne sais pas exactement combien d’entre nous ont reçu leur convocation. Mais quelqu’un m’a dit que ce sont 17 personnes qui ont été convoquées. Mais nous faisons plus de 17 personnes. Déjà tous les militants au niveau national commencent à signer le mémorandum.

Au niveau des signataires du mémorandum, comment comptez-vous vous défendre ?

Je ne sais pas pour le moment pour les autres, mais moi, en ce qui me concerne, j’ai décidé non seulement de ne pas déférer devant cette commission qui est illégale et qui viole nos statuts, mais j’ai pris des dispositions pour saisir le tribunal. J’entends effectivement porter plainte contre la commission. A mon niveau, j’ai pris toutes les dispositions nécessaires. Certainement, les autres vont en faire de même, parce que je ne vais pas laisser ces gens insulter mon honneur ou salir mon image. Je compte appeler Me Ndèye Fatou Touré pour voir comment engager la procédure.

Jusqu’où comptez-vous aller dans cette bataille ?

Actuellement, nous sommes en train de dérouler. Nous avons fait un mémorandum. Nous sommes restés dans ce sillage du mémorandum, c'est-à-dire la campagne de signature et de vulgarisation. Le mémorandum, en interne, s’adresse aux militants. Mais en externe, il s’adresse à l’opinion. Aujourd’hui, on est en train de collecter les signatures de tous ceux qui s’intéressent à ce mémorandum.

Jusqu’ici, combien de signataires avez-vous pu enregistrer ?

Je ne sais pas pour le moment. Il y a une commission qui s’occupe spécifiquement de cela. Cette commission, dite de contact, est en train de poursuivre la campagne de signature et de vulgarisation du mémorandum. Ce n’est qu’après avoir fini de collecter les signatures qu’on va évaluer pour voir comment les utiliser, par rapport aux textes du parti. Il y a une autre activité qu’on compte mener également. Nous sommes en train de préparer une journée consacrée à la préparation de notre contribution, pour la modernisation des textes du parti, notamment les statuts et règlements. Mais également l’offre politique du parti qui est le programme fondamental. Quand on pose des problèmes pour dire qu’il faut moderniser les textes, il faut proposer quelque chose. Nous sommes dans la formulation de notre contribution.

Récemment, Abdoulaye Wade a remanié le secrétariat du parti. N’est-ce pas là un début de restructuration ?

La restructuration du secrétariat national fait partie, entre autres, des points que nous avons soulevés. Mais, il n’y a pas que cela, parce que la réorganisation ne se limite pas seulement au réaménagement du secrétariat national. Il faut revoir les statuts et règlements du parti et travailler à convoquer le congrès pour le renouvellement des instances du parti. Ce sont les textes du parti qui disent que tous les deux ans, on doit procéder au renouvellement du parti. Le problème des renouvellements, le président Wade ne l’a pas abordé. Il a simplement remanié le secrétariat national. Sur les renouvellements, nous attendons encore.

En remaniant le secrétariat national du Pds, Abdoulaye Wade a coopté beaucoup de signataires du mémorandum. Est-ce que… (Il coupe)

Attendez, ce sont des gens qui ont été relégués à des positions minimes. Je donne mon cas. Aux dernières élections, j’avais représenté le parti à la révision du code électoral. Fada était le président de la commission chargée des élections et moi, j’étais le premier vice-président. A l’issue du dernier remaniement, on m’a ramené 4ème adjoint de cette même commission. Donc, vous avez vu. Il y en a d’autres qui sont de hauts cadres qui sont avec nous, qui ont des responsabilités au niveau de leurs localités respectives, mais qui ont été relégués au second plan. Il y a le cas de Babacar Bâ qui était ancien député, ancien maire de Khombole, coordonnateur de la fédération départementale de Thiès, qui a été complètement zappé dans le secrétariat. Il y a également d’autres qui ont été zappés. Les rares gens qu’ils ont intégrés, ils leur ont donné des postes insignifiants.

Est-ce que Wade n’a pas un peu réussi à semer la zizanie en votre sein ?

Non, je ne le pense pas, parce que les gens sont plus que jamais déterminés, malgré tout ce qui s’est passé. Nous tous nous connaissons Abdoulaye Wade pour l’avoir pratiqué. On a cheminé avec lui, depuis notre bas âge. On a été avec lui dans tous les grands combats. Nous le connaissons bien. Donc, il n’y a pas de désordre en notre sein.  

PAR ASSANE MBAYE

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