La perpétuité pour les deux agresseurs
Auteurs d'une agression mortelle contre un étudiant béninois de l’Institut supérieur de management (ISM), Yankhoba Sima et Mballo Dieng passeront le reste de leur vie en prison, à l'issue de la première journée de la deuxième session de la Cour d’assises de Dakar.
Yao Marcel Savi de Tové nourrissait l'espoir de voir son fils Aurélien Savi de Tové faire une belle carrière après de brillantes études. Son rêve s’est effondré le 26 juin 2007, lorsque la direction de l’Institut supérieur de management (ISM) l’a appelé au téléphone pour lui annoncer l’agression mortelle de son fils de 21 ans. L’étudiant revenait d’une séance de révision avec deux de ses camarades de classe, lorsqu'ils sont tombés sur une bande d’agresseurs, dans la nuit du 25 au 26 juin 2007 à la Rue Aimée Césaire à Fann Résidence. Au nombre de quatre, les agresseurs ont mortellement poignardé Aurélien, avant de lui soutirer son téléphone portable ainsi que ceux de ses camarades de classe. Aurélien est décédé après son évacuation.
Près de cinq ans après, les agresseurs, du moins les deux (le 3e a été jugé devant le tribunal des mineurs et condamné à trois ans ferme tandis que le 4e, Houda Mbaye, est toujours en cavale) comparaissaient hier, devant la Cour d’assises pour association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec violence ayant entraîné la mort et détention illégale d’arme blanche.
L’ivresse comme argument de défense
Point de regret ! Au contraire, les accusés Yankhoba Sima et Mballo Dieng ont versé dans la dénégation systématique. Le dernier nommé a indiqué n’avoir pas participé à l’agression. ''J’étais avec eux, mais je suis rentré lorsque j’ai vu que Houda Mbaye détenait une arme blanche'', s’est défendu Mballo déchargé par son co-accusé. Mais celui-ci évoquant l’ivresse, s’est enlisé dans des explications tirées par les cheveux, au point d’irriter le président de la cour André Bop Sène. ''Est-ce que vous nous prenez pour des fous ? Il faut regretter votre acte, car dans cette affaire, il y a un étudiant qui a été tué à la fleur de l’âge comme vous, sauf que lui avait choisi le chemin des études''. Après cette remarque du président, Yankhoba Sima a consenti à reconnaître les faits tout en limitant sa responsabilité. ''J’ai juste brandi mon arme devant les filles pour les apeurer. C’est à ce moment que j’ai entendu la victime crier : ''Il m’a blessée'', a déclaré l’accusé qui, pourtant durant l’enquête, a avoué avoir perpétré l’agression en compagnie de Houda et Mballo, l'instigateur. A ce propos, il a indiqué avoir pris le téléphone de marque Panasonic de la victime, après avoir remis 5 000 francs à chacun de ses acolytes. Et d’ajouter que Houda a remis le téléphone Samsung récupéré sur l’une des étudiantes à Mballo en échange de 5 000 francs.
C’est fort de ces éléments que Me Christian Faye a demandé à la Cour de ne donner aucune chance aux accusés ''pour le restant de la vie''. Abondant dans le même sens, l’avocat général a requis les travaux forcés à perpétuité. Mais le défenseur de Mballo Dieng a estimé que son client doit être acquitté parce qu’il n’existe pas de preuves contre lui. Quant au conseil de Yankhoba Sima, il a plaidé la clémence après avoir écarté l’association de malfaiteurs.
Dans son délibéré, la Cour a suivi l’avocat général en condamnant les deux accusés aux travaux forcés à perpétuité, en sus du franc symbolique.
FATOU SY