Sénégal Airlines a 5 ans. Comme depuis 3 ans, la compagnie fête son anniversaire dans une ambiance délétère. Les responsables syndicaux sont  en bisbilles avec la Direction générale qui a  envoyé 100 jeunes employés en chômage technique.

Sénégal Airlines va de mal en pis, à en croire le collège des délégués de la compagnie. En conférence de presse hier, les syndicalistes ont dénoncé les conditions précaires dans lesquelles ils travaillent. Le coordonateur du collège des délégués, Moustapha Diakhaté, dit ne pas comprendre l’attitude de l’Etat. ‘’Parce que quand un Etat nous tympanise avec le PSE, en parlant d’émergence, et qu’une compagnie aérienne soit laissée pratiquement, un an dans le coma- c’est plus de trois ans, d’ailleurs- on ne peut pas parler d’émergence. Le tourisme et le transport aérien ont une place prépondérante dans le PSE. Alors, pourquoi laisser cette compagnie en rade ? Un Etat fort de droit qui échoue dans la restructuration d’une compagnie aérienne, c’est lamentable. Nous n’allons pas accepter cela’’.

En effet, nonobstant les épreuves que subissent certains des membres frappés de chômage technique, depuis plus de six mois, le collège des délégués de Sénégal Airlines a célébré le cinquième anniversaire de la compagnie créée en 2011. ‘’Ce sont des jeunes qui sont en chômage, pendant que paradoxalement, ce même Etat parle du problème de l’emploi des jeunes au Sénégal’’, fulmine Moustapha Diakhaté. Selon lui, c’est de ‘’l’acharnement’’, presque de la ‘’méchanceté’’ de la part de la direction générale. ‘’On ne peut pas comprendre, en fin d’année, pendant que le chef d’Etat joue au père noël, en donnant des appartements et des millions à des compatriotes sénégalais, que le directeur envoie des emails et des notifications aux jeunes, en leur signifiant la prolongation de 6 mois de leur chômage technique. Six mois, c’est trop. On a déjà souffert, mais dans la dignité. On nous parle de difficultés économiques conjoncturelles de plusieurs ordres. Alors que la direction ne fait pas cette économie’’, dénonce-t-il.

‘’On nous doit 4 mois de salaires’’

En outre, le coordonnateur du collège des délégués fustige le fait que la direction continue à garder des gens qui ont déjà atteint l’âge de la retraire. Depuis décembre 2014, il y a des employés à la retraite qu’on a maintenus. Leur salaire minimum, selon le syndicaliste, est d’un million. D’aucuns émargent à 4 millions. ‘’Nous disons que Sénégal Airlines est une Ipres bis. Parce qu’ils ne font que garder des retraités, alors qu’ils ont des pensions de retraite ; sont payés par la compagnie et prennent la place des jeunes. On a écrit à l’inspection du travail, au ministre, à la direction générale, pour dénoncer cela. On nous dit qu’il n’y a pas d’avion. Donc, pourquoi garder des retraités. On va se battre. On nous doit 4 mois de salaires, au moment où on vous parle. Nous avons un avion de 50 places et on continue à mettre une centaine de jeune dans la rue’’, déplore Moustapha Diakhaté qui demande à l’Etat de prendre ses responsabilités pour régler ce problème. ‘’Le Directeur général veut se séparer des personnes gênantes’’, affirme-til. 

Pour Jean Louis Ndiaye, représentant des pilotes, la situation de ces jeunes est gravissime, d’où l’urgence pour le président Macky Sall de réagir et mettre fin aux dérives du Directeur général. ‘’Nous ne pouvons pas encore résister à six mois de chômage technique de plus. Nous voulons la justice et l’équité. Ceux qui sont en chômage technique n’ont pas 100 mille francs par mois ‘’, révèle M. Ndiaye
De son côté, le coordonateur adjoint du collègue, Moustapha Fall, parle d’une existence d’amertume et d’inquiétude. ‘’Si aujourd’hui Macky Sall décide  que Sénégal Airlines va redécoller demain, la compagnie va redécoller. Tout dépend de la volonté politique du chef de l’Etat et il est temps qu’il siffle la fin de la récréation’’, estime M. Fall.

Avec ses camarades, ils rappellent au chef de l’Etat Macky Sall, sa promesse qu’il cite, ‘’nous allons sauver Sénégal Airlines. Il n’est pas question de mettre 250 pères de famille à la rue’’.  Mais, souligne Moustapha Fall, depuis lors, aucune action n’a été faite en ce sens.

VIVIANE DIATTA