Aïssata Tall Sall rallie le courant du ‘’NON’’
L’Alliance pour la République (Apr) ne pourra pas compter sur le soutien d’Aïssata Tall Sall pour voter OUI au référendum constitutionnel prochain. La responsable socialiste a annoncé hier sa décision de battre campagne pour le vote négatif.
Après l’édile de la ville de Dakar, Khalifa Sall, Aïssata Tall Sall prend à son tour le contre-pied du Secrétaire général du Parti socialiste (Ps). En conférence de presse, hier à Dakar, la députée maire de Podor a annoncé qu’elle battrait campagne pour le NON au référendum constitutionnel du 20 mars prochain. ‘’Je voudrais ici ajouter ma voix à toutes celles qui ont marqué leur désaccord sur le référendum en appelant à voter NON’’, a-t-elle déclaré.
Cette position découle, selon elle, d’un engagement au service de la démocratie. ‘’La même liberté qui autorise certains à dire OUI m’autorise aussi à dire NON’’, a-t-elle rappelé. Ainsi, pour justifier son choix, l’avocate n’y est pas allée par quatre chemins. A l’en croire, au plan éthique et moral, le Chef de l’Etat est lié par sa parole. Elle cite dans ce sens l’article premier de la constitution qui instaure d’après elle une ligne de confiance entre le Président et les citoyens.
L’avocate regrette cependant la violation de ce principe constitutionnel par Macky Sall. ‘’Le référendum s’adosse à un reniement et à la violation d’un pacte que le président de la République a passé avec le Peuple qui l’a magistralement porté au pouvoir un soir de mars 2012’’, a-t-elle regretté. Et Aïssata Tall Sall de se demander : ‘’Mais que vaut la vertu du Chef sans le respect de sa parole, de sa parole publique, sa parole solennelle, celle-là même qu’il a déclamée urbi et orbi’’.
Ainsi, pour le maire de Podor, l’avis du Conseil constitutionnel relatif à la non-réduction du mandat en cours ne s’impose pas au Président. ‘’Cet avis ayant été rendu à titre consultatif ne saurait lier le Chef de l’Etat même si nous respectons sa volonté personnelle de s’y conformer !’’ s’est-elle exclamée, en parlant de volonté personnelle. Mais pour elle, le peuple est au-dessus de cette haute juridiction. ‘’Juridiquement, il s’agit donc d’un processus inachevé pour avoir été délibérément tronqué par le Chef de l’Etat’’, a-t-elle ajouté.
‘’Absence de débat’’
Aux yeux de la juriste, le moment et la voie choisis par le président de la République, Macky Sall pour faire une réforme constitutionnelle sont contestables. Elle trouve ainsi non pertinent d’organiser un référendum pour un projet de réforme dépourvu de la question de la réduction du mandat présidentiel en cours. ‘’A voir le résidu de questions soumises au Peuple, l’on s’interroge légitimement sur l’opportunité et même l’intérêt qu’il y a encore à tenir ce référendum, surtout au prix qu’il va coûter au pauvre contribuable’’, a-t-elle fustigé. De l’avis d’Aïssata Tall Sall, l’argent destinée à financer le référendum pouvait servir à satisfaire les revendications des fonctionnaires de l’Etat.
En outre, sur le plan social, la robe noire dénonce l’absence de débat sur le contenu de la réforme. Elle pense que le peuple doit d’abord s’approprier les différents points proposés avant d’être saisi pour une consultation populaire. D’où pour elle, la nécessité d’un débat publique, national et contradictoire ‘’afin que le peuple se prononce en toute connaissance de cause’’. ‘’Un NON pourrait avoir des conséquences politiques majeurs’’, a-t-elle lancé en guise d’avertissement.
AÏSSATA TALL SALL SUR LE SOUTIEN DU PS A L’APR ‘’Seule la position du Comité central peut être celle du parti’’ Aïssata Tall Sall ne partage pas l’idée du soutien du Parti socialiste à Macky Sall pour le référendum prévu le 20 mars prochain. Selon le député-maire, cette décision incombe à certaines instances de sa formation politique. ‘’Seule la position du Comité central peut être celle du parti même si certains hauts responsables du parti se sont prononcés en faveur du OUI’’, a déclaré l’avocate hier en conférence de presse. Elle recommande ainsi ses frères et sœurs de parti à tenir une réunion dans ce sens pour statuer définitivement sur la question. Mais aussi à se prononcer sur le compagnonnage du Ps avec l’Alliance pour la République (Apr). ‘’Il serait bon que le Ps convoque ses plus hautes instances délibérantes (congrès, Comité central) pour se prononcer sur des questions d’intérêt national’’, a-t-elle suggéré. D’ailleurs, elle soutient que l’alliance entre le parti présidentiel et le Parti socialiste n’est pas totalement acceptée au sein de sa formation politique. ‘’Nous n’avons pas encore fini d’assumer, de façon homogène, notre compagnonnage avec l’Apr. Il y a certains qui sont pour la poursuite du compagnonnage et d’autres qui sont contre’’, a-t-elle fait savoir, en qualifiant de secret de polichinelle cet état de fait. Selon la robe noire, c’est cette situation qui explique les positions divergentes des responsables politique de son parti. ‘’ En réalité, le compagnonnage n’a jamais été jaugé’’, a-t-elle poursuivi. Pour rappel, le Secrétaire général du Ps, Ousmane Tanor Dieng, avait annoncé officiellement le soutien du parti à l’Apr pour une victoire du OUI le 20 mars 2016. |
MAMADOU DIALLO