Publié le 16 Mar 2016 - 21:58
MOMAR NDAO, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DES CONSOMMATEURS DU SENEGAL

‘’42% de la viande bovine mangée au Sénégal contient des résidus d’antibiotiques’’

 

La journée internationale des droits du consommateur a été célébrée hier. Une occasion saisie par le président de l’Association des Consommateurs du Sénégal, Momar Ndao, pour alerter sur la viande consommée au Sénégal. Il demande à l’Etat de mettre en place un système de contrôle permanent.

 

Pourquoi avez-vous choisi le thème ‘’non aux antibiotiques dans nos assiettes’’, pour célébrer la journée internationale du consommateur ?

Chaque année, depuis 1983, on célèbre la journée mondiale des droits des consommateurs. Cette journée est célébrée le 15 mars, parce qu’en 1962, le président John Kennedy avait adressé un message au congrès leur disant que les consommateurs doivent avoir des droits. Chaque année, nous avons un thème. Celui de cette année est : ‘’Non aux antibiotiques dans nos assiettes.’’ Nous avons vu qu’au Sénégal, la viande de volaille et la viande de bovine sont les plus consommées. Nous avons à peu près 48% de viande bovine, 22% de consommation de viande de volaille et 25% pour les ovins et les caprins. Il y a environ 5% de porc. Toutes ces productions sont soumises à des aléas sanitaires et économiques. Par exemple, parfois le prix augmente parce que celui des intrants a augmenté ou qu’il y a des morts dans les cheptels etc. Pour lutter contre les pathologies et améliorer les rendements, les éleveurs utilisent des produits parmi lesquels les antibiotiques.

Au niveau mondial, 50% des antibiotiques qui sont consommés le sont pour l’agriculture, c'est-à-dire l’élevage. Aux USA, 80% des antibiotiques qui sont consommés, sont utilisés dans l’agriculture. Le problème qui se pose est que beaucoup d’éleveurs traitent eux-mêmes leurs animaux. Alors que légalement, seuls les vétérinaires et les techniciens vétérinaires sont autorisés à délivrer des médicaments. Mais si on regarde ce qui se passe au Sénégal, 60% des éleveurs prennent l’initiative de traiter les cheptels, alors qu’ils ne sont pas des vétérinaires, ni des médecins. A force de donner ces médicaments au cheptel, ça devient de plus en plus grave, parce que ça crée des bactéries qui sont résistantes aux antibiotiques. Quand on donne un antibiotique à un animal et qu’on l’abatte, alors que celui-ci ne l’a pas encore éliminé de son organisme, il y a des résidus d’antibiotiques. Et ces résidus se retrouvent dans la viande ou dans le lait.

Quelles sont les conséquences pour l’homme ?

Ces résidus présentent des conséquences extrêmement graves. La présence de résidus d’antibiotiques a des risques cancérigènes pour certaines familles d’antibiotiques, des risques allergiques pour d’autres, des risques toxiques et des risques de résistance aux traitements. Par exemple, si vous êtes malade, les antibiotiques traditionnels ne pourront plus vous guérir. Au Sénégal, on voit de plus en plus de résistance aux antibiotiques. C’est ainsi que des études ont été faites par l’Institut Pasteur et l’école Inter-états de médecine vétérinaire. Les résultats ont montré que 42% de la viande bovine qui est mangée au Sénégal contient des résidus d’antibiotiques ; 11,4% pour les ovins et 3% pour les poulets. L’ensemble de ces études montrent que nous avons un réel problème de contamination de viande et de lait par les antibiotiques.

Cela crée beaucoup de difficultés et nous avons décidé, dans le cadre de la journée mondiale, de sensibiliser l’Etat et les différents acteurs. C’est pourquoi nous demandons aux autorités de surveiller particulièrement les pratiques. Quand les gens viennent acheter un animal, leur premier réflexe est de lui donner des antibiotiques. Il faut aussi que les éleveurs soient sensibilisés sur l’utilisation et les dangers des antibiotiques. Il faut que l’Etat mette en place un système de contrôle permanent pour vérifier la présence des résidus d’antibiotiques dans les viandes et le lait, mais aussi pour détecter les résistances bactériales. Il y a une étude qui a été faite dans ce sens-là qui montre que certaines bactéries sont devenues résistantes, du fait de la présence d’antibiotiques dans l’alimentation. Nous voulons aussi que le circuit de médicaments soit davantage surveillé. Ceux-ci doivent être administrés par des professionnels. Mais aujourd’hui, l’accès à ces médicaments n’est pas réglementé. Tout le monde peut acheter un médicament et le donner à n’importe quel animal. C’est ce qui pose toutes les difficultés que nous voyons.

Est-ce que des résidus ont été constatés dans les légumes ?

Pour les légumes, on a constaté des résidus de pesticides. Il y a deux niveaux, il y a l’engrais qui se met sur les feuilles. L’autre va dans le sol et est absorbé par les racines de la plante. Là aussi, il y a des risques. Nous avons voté une norme au Sénégal sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes. Nous avons été beaucoup plus sévères que les normes internationales. En matière de toxicologie, c’est la dose qui fait un poison. Donc, plus vous consommez un type de produit, plus vous avez des risques d’accumuler des résidus de pesticides. C’est pourquoi, sur les céréales, nous avons été plus sévères que la norme. A la place d’antibiotiques, on utilise des pesticides pour tuer les insectes et autres parasites.

La baisse du prix du carburant est effective, mais les transporteurs maintiennent leur tarif. Qu’est-ce qui est fait à votre niveau pour décanter la situation ?

Nous avions demandé la baisse du carburant. On a fait une première baisse, on a demandé une répercussion sur le transport. Quand on a fait le calcul, on s’est rendu compte que le prix n’était pas suffisamment bas pour impacter le transport. On a demandé une deuxième baisse que nous avons obtenue et qui n’était pas suffisante. C’est pourquoi on a eu une troisième baisse. Mais actuellement, c’est quand même suffisant. Nous pensons qu’il doit y avoir une baisse des prix.

Nous avons commencé à discuter avec le ministère des Transports qui est en train de finaliser les calculs pour que l’on puisse convoquer la réunion, afin d’appliquer la baisse sur le prix du transport. Nous pensons que les plus pauvres doivent pouvoir bénéficier de la baisse. Or actuellement, puisque les prix du transport n’ont pas diminué, c’est plutôt ceux qui ont des véhicules et les transporteurs qui bénéficient de la baisse. L’autre élément est que : quand il y a eu une baisse du prix du gasoil, il y a eu une baisse du prix de la farine. C’est pourquoi nous avons demandé au gouvernement de baisser aussi le prix du pain.

VIVIANE DIATTA

 

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