Gackou, grand perdant !
La consultation électorale de ce dimanche n’était pas une simple question de OUI ou NON entre Malick Gackou et Aliou Sall. En 2014, le patron du Grand Parti (GP) avait contribué à l’accession du frère du Président à la tête de la mairie de Guédiawaye, en renonçant à sa candidature. Un consensus qui se paye cher aujourd’hui, pour celui qui se considère comme le fils de la banlieue.
Le référendum constitutionnel d’avant-hier n’a pas été une simple consultation populaire chez les leaders politiques locaux. Le rendez-vous électoral a permis aux différents responsables rivaux de jauger leur cote de popularité dans leurs fiefs respectifs. A Guédiawaye, le maire de la ville, Aliou Sall et le président du Grand Parti (GP) en ‘’bataille’’ médiatique interposée, depuis un bout de temps, ont soldé leurs comptes dimanche dernier. Selon les premières tendances données par la Commission départementale de recensement de vote, le courant du OUI a raflé quatre des cinq communes que compte le département du Guédiawaye. Excepté Sahm-Notaire, le OUI a triomphé à Wakhinane Nimzatt, Médina Gounass, Golf Sud et Ndiarème Limamoulaye. Sur 64 961 suffrages valablement exprimés, le camp présidentiel a obtenu 34 954 voix contre 30 036 pour le courant de Malick Gackou et ses alliés.
Ce dernier n’a d’ailleurs pas attendu la proclamation des résultats par la Commission électorale nationale autonome (CENA) pour reconnaître ‘’démocratiquement’’ sa défaite et celle de sa coalition. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, l’ancien ministre du Commerce et des sports ‘’félicite le courant du OUI pour sa victoire’’. Le Patron du GP, qui s’était effacé sous les injonctions de son mentor Moustapha Niasse, lors des dernières élections locales au profit d’Aliou Sall, devenu aujourd’hui son adversaire politique, a ainsi raté une occasion en or de prendre sa revanche. ‘’Aliou Sall fait partie de Benno Bokk Yaakaar. Il n’y aura pas de duel entre lui et moi’’, avait-il laissé entendre en marge d’une rencontre à Guédiawaye.
L’ex-numéro deux de l’Alliance des forces de progrès (AFP) a tout de même sauvé l’honneur, en gagnant dans son centre de vote avec une différence de 436 voix sur 2646 suffrages valablement exprimés. Mieux, il remporte haut la main sa commune d’arrondissement. Mais suivant l’adage, en politique une erreur se paye cash.
De son côté, l’édile de la ville de Guédiawaye, taxé par ses adversaires politiques de maire ‘’parachuté’’ ou ‘’importé’’, a été édifié sur son poids politique dans cette partie de la banlieue dakaroise. Grâce à la victoire de son courant, Aliou Sall prouve que son accession à la tête de la ville de Guédiawaye n’est pas due à un concours de circonstances ou liée au soutien de Macky Sall. La victoire éclatante du OUI sur quatre communes dudit département éteint en effet toutes les suspicions supposées entourant l’ascension politique du président de l’Association des maires du Sénégal (AMS). Il réussit ainsi son pari d’infliger une défaite à son protagoniste qu’il avait qualifié de ‘’politicien ambulant’’.
Ainsi, Aliou Sall s’impose aujourd’hui comme l’unique ‘’maître’’ de Guédiawaye. D’ailleurs, depuis que leurs routes se sont séparées, il ne rate aucune occasion de lui faire regretter son ‘’erreur fatale’’ ou de lui jeter quelques piques. Malick Gackou a ‘’déserté le terrain politique’’, car ‘’il n’est pas intéressé par la mairie, mais par le Sénégal. Il dit qu’il a un candidat par défaut pour la ville de Guédiawaye’’, rappelait ironiquement l’homme fort de Guédiawaye, lors d’un meeting tenu à Medina Gounass.
Il faut dire que le patron du jeune Grand Parti peut nourrir des regrets. Car, par le biais de ce référendum, Aliou Sall a envoyé en effet un signal fort, en vue les élections législatives et locales à venir. Un avertissement qui n’est d’ailleurs pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Déjà, Malick Gackou entend tirer ‘’rapidement les enseignements de ce référendum et engager les perspectives de la conquête de nouvelles victoires’’. Une ambition qui fera sans doute sourire le nouveau patron de Guédiawaye, Aliou Sall.
MAMADOU DIALLO