Publié le 8 May 2016 - 01:48
136ème APPEL DE SEYDINA LIMAMOU LAYE

Les sites du pèlerinage fin prêts

 

C’est dans la ferveur que les fidèles de la confrérie layène s’apprêtent à célébrer l’Appel de Seydina Limamou Laye. Les localités côtières de Yoff et Ngor, deux des trois sites principaux de cette commémoration, sont parées et ne demandent qu’à être remplies demain et lundi.

 

Les ruelles de Yoff s’animent déjà des haut-parleurs qui diffusent les chants layènes. Un peu partout, depuis la Cité Apecsy jusqu’au domicile du Chérif Ousseynou Laye, un entrain qui sort de l’ordinaire montre l’imminence de la célébration de la plus grande fête de cette confrérie : l’Appel du fondateur Seydina Limamou Laye. Il y a 136 ans, (le 1er Cha’ban 1301 de l’Hégire, 22 mai 1883) cet homme de 40 ans qui se faisait appeler ‘‘Imamoul Mahdi’’, l’Imam des bien guidés, lançait son fameux appel aux hommes et aux djinns pour l’adoration du Seigneur dans un Yoff en proie au paganisme. Et les sites traditionnels qui commémorent cet événement sont dans leurs plus beaux atours pour accueillir les centaines de milliers de fidèles qui vont faire le pèlerinage entre Cambérène, Ngor et Yoff.

 ‘‘Je suis très contente. Ça fait plusieurs années que je célèbre l’Appel et à chaque fois, c’est un bonheur renouvelé’’, déclare Mbène Ndoye, qui vient de finir sa prière de l’après-midi, sur le sable fin de la place Diamalaye. En face de la mer, près du puits qui fait face au mausolée du fondateur, quelques rangées se dispersent à la fin de la prière. Yoff, qui est la dernière étape de cette célébration de deux jours, est déjà dans la ferveur. Les organisateurs s’attellent aux dernières retouches comme les grandes décorations blanches qui serviront de cadre à la cérémonie officielle. Sur les autres tribunes déjà installées, les enfants se faufilent entre les échafaudages ou se livrent à des courses-poursuites. Devant la maison de Chérif Ousseynou Laye, une exposition est improvisée. Des maquettes en bois, montrant les hauts lieux de l’histoire layène, sont prises d’assaut par des enfants qui enlèvent même les couvercles en verre pour tâter le bois.

A la maison du khalife Seydina Abdoulaye Thiaw Laye, c’est déjà la valse des autorités. ‘‘Nous allons recevoir énormément d’hôtes. Nous avons contribué à apporter de l’aide aux populations qui les accueillent. Nous avons mis en place un réseau de distribution d’eau pour que de manière globale les pèlerins n’aient pas de difficultés en approvisionnement’’, a déclaré le maire de la commune de Yoff, Abdoulaye Diouf Sarr, mercredi lors d’une visite de la délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale emmenée par le Dr Anta Sarr Diacko.

L’immanquable grotte de Ngor

A Ngor, un vent fort caresse les visages et fouette les arbres sur l’immense site de pèlerinage des Layènes. Loin de la petite effervescence yoffoise, les installations sont déjà prêtes à accueillir les fidèles dans l’après-midi du dimanche. Des tubes métalliques soutiennent de grandes tentes dont certaines sont aux couleurs nationales. Seules quelques femmes tamisent le sable fin dans le petit espace aménagé derrière l’estrade officielle. Près d’elles, une peinture murale de Seydina Issa Laye, premier khalife et fils du fondateur de la confrérie, est en train d’être retouchée par un artiste. ‘‘Vous voulez effectuer le pèlerinage ?’’ s’enquiert un des hommes préposés à la sécurité des lieux avant de nous présenter le conservateur, Alieu Samb Laye, après notre réponse affirmative. Juste derrière le présidium drapé aux couleurs nationales, est nichée la grotte sacrée de Ngor.

Dans cette excavation naturelle par laquelle on entre à l’aide d’une échelle métallique, le gardien de la caverne explique que le lieu a ‘‘accueilli la lumière du Mahdi pendant 1000 ans’’. Dans la croyance de la confrérie, les références des hadiths eschatologiques et les occurrences de la doctrine layène ne laissent pas de place au doute : Seydina Limamou Laye est bien le Mahdi annoncé pour la fin des temps. ‘‘Dans de nombreux hadiths authentiques, il est question d’un Mahdi qui apparaîtrait à l’extrême-Ouest de la Mecque. Le Sénégal et la partie la plus occidentale de l’Ouest, et les Almadies (déformation d’Al Mahdi), sont la pointe le plus occidentale du Sénégal. C’est dans cette grotte qu’il a séjourné pendant un millénaire avant d’apparaître’’, soutient le conservateur. Alieu Samb qui se délecte du fait que sur ce site, même les arbres s’orientent vers la qibla (sens de la prière musulmane), trouve que les accointances avec la vie prophétique ne sont pas pur hasard. ‘‘J’ai hâte inchAllah qu’on soit dimanche pour témoigner tout notre amour à cet homme qui nous a fait découvrir la foi en Dieu’’, confie-t-il.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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