‘’Nous avons perdu tous les prélèvements faits en 2016’’
La lutte contre le Vih, dans la région de Ziguinchor, est bien engagée. Mais elle bute sur la rupture des réactifs pour la charge virale et sur des pannes de la machine. D’où la perte de 300 prélèvements effectués en 2016.
La prise en charge du Vih/sida a connu des avancées significatives dans la région de Ziguinchor. Cela s’explique par la décentralisation faite dans cette zone. C’est-à-dire la formation des infirmiers chefs de poste. Mais le problème qui existe dans le district du département de Ziguinchor est celui de la sauvegarde des données. ‘’Nous ne disposons que des données du district. Nous avons une cohorte de 994 patients sous Arv qui sont suivis. Nous avons un groupe de 1 393 Pvvih. Il est facile de voir le gap qui existe. Un gap que nous essayons de rattraper avec le Tatarsen. Parce qu’il est dit que toute personne dépistée positive doit être sous Arv. Depuis, nous sommes dans cette dynamique de rechercher ceux qui étaient déjà inscrits et qui ne sont pas sous traitement’’, a soutenu Jacques François Sambou, assistant social à l’hôpital Silence, par ailleurs gestionnaire de données.
L’autre difficulté sur laquelle se heurtent les prestataires, c’est par rapport à la charge virale pour les 3x90. Selon M. Sambou, depuis 2015, ils ont commencé à prélever des charges virales, mais il se pose un problème de rendu de résultats. ‘’Tous les prélèvements que nous avons faits durant l’année 2016, nous les avons perdus. Donc, il faut tout reprendre. Parce que ce sont des problèmes techniques. On parle de rupture de réactifs à l’hôpital de la Paix, des fois c’est la machine qui est en panne. Il y avait même des difficultés pour conserver les prélèvements à moins 80°’’, a révélé le gestionnaire de données. Actuellement, dit-il, ils sont en train de se rattraper. ‘’Nous avons envoyé 300 prélèvements à l’hôpital de la Paix. La semaine dernière, nous avons reçu 42 résultats. Hier (mercredi dernier) j’ai reçu une centaine de résultats que je n’ai pas encore dépouillés pour voir où mettre l’accent’’, a-t-il rassuré.
A l’en croire, cette période était difficile. Explications : ‘’En recevant un patient pour lui faire adhérer au traitement, nous lui faisons comprendre que s’il est observant à moins de 6 mois, il peut faire sa charge virale. Mais 6 mois après, s’il revient pour subir la charge et qu’il n’a pas les résultats, c’est un problème’’. L’infirmier de poursuivre : ‘’Nous avons un peu perdu de notre crédit envers ces patients. C’est tout un travail qu’il a fallu refaire. Parce que, eux, ne connaissent pas l’aspect technique. Ce qu’ils savent, c’est leur résultat. Nous avons même noté quatre refus de prélèvement pour les charges virales. Il y a un manque de confiance entre le prestataire et le patient, ce qui ne facilite pas vraiment le travail.’’
Cependant, il a souligné qu’ils sont dans une zone transfrontalière. Ce qui majore un peu le pourcentage du Vih et cela impacte aussi négativement sur le suivi. ‘’Si on fait la corrélation, la majeure partie des patients qui échappent au circuit nous viennent des zones transfrontalières. ‘’Ziguinchor s’est appropriée le Tatarsen et par rapport aux objectifs déjà fixés, le premier 90, nous l’avons dépassé depuis longtemps. Au niveau national, on nous avait fixé un objectif de 75 personnes à dépister dans le trimestre. Nous l’avons atteint en un mois’’.
Pour la mise sous Arv des patients, François Sambou a soutenu que depuis qu’ils ont commencé à décentraliser la prise en charge dans les postes les plus reculés, cela a un peu soulagé la charge de travail des structures de prise en charge. ‘’Pour les personnes dépistées positives, leur prise en charge ne pose pas problème. Elles viennent au centre juste pour le bilan et après, on les réfère dans les postes de santé pour faire le suivi. Au niveau national, on a beaucoup insisté sur la formation des prestataires’’, a-t-il conclu.
VIVIANE DIATTA (Envoyée spéciale)