Publié le 10 Feb 2018 - 17:42
A LA DECOUVERTE D’UN OFFICIER DE L’ARMEE

Mamadou Gaye, un colonel multidimensionnel

 

Officier de l’armée pétri de talents, le colonel Mamadou Gaye est l’auteur d’un ouvrage intitulé ‘’Education à la citoyenneté en milieu scolaire’’. Son passage en tant que commandant de la Zone militaire n°6, dans le Fouladou, a laissé une trace indélébile. Incarnant le concept armée-nation, il a, à son actif, plusieurs réalisations. Du Rwanda en passant par Ziguinchor où il a échappé à la mort miraculeusement, ‘’EnQuête’’ retrace son parcours très riche.

 

Le colonel Mamadou Gaye a été commandant de la Zone militaire n°6 pendant 2 années. Son départ de la région de Kolda a laissé un grand vide. Aujourd’hui encore, les Koldois regrettent son départ. Car il a laissé l’image d’un homme multidimensionnel qui restera à jamais gravé dans leurs mémoires. Tant il a fait montre d’un humaniste et d’une amabilité jamais vu de la part d’un militaire en poste dans la région.

Dans le Fouladou, il a donné corps et sens au concept armée-nation, en promouvant le civisme, surtout en milieu scolaire où il organisait plusieurs activités. Le commandant a aussi construit et fait réfectionner des stations-radio, des écoles, des mosquées et des églises. Car, selon lui, si l’on veut se rendre utile et rendre service à la société, il faut être compétent, être désintéressé dans tout ce qu’on fait et avoir une bonne éthique professionnelle.

La crise des valeurs et la montée de l’incivisme l’ont poussé à publier un ouvrage intitulé ‘’Education à la citoyenneté en milieu scolaire’’. Le colonel Mamadou Gaye a senti le besoin de redynamiser le sens du civisme. Il s’en explique : ‘’Les progrès scientifiques et techniques et la modernité ont influé sur les modes de vie, les mentalités et la hiérarchie des valeurs. Ce qui a fait que notre société a connu de profondes mutations caractérisées par l’avènement de l’ère de l’information et de la démocratie dont le fonctionnement est la liberté d’opinion et la libre circulation des personnes et des biens. Cette crise de civisme a eu pour conséquences, d’une part, l’individualisme qui a envahi nos cités avec le progrès matériel et, d’autre part, le sens du bien commun qui n’est pas inné chez les enfants.’’

L’officier est bien conscient que la société sénégalaise est minée par la perte de la notion de bien public, le manque de patriotisme, la crise morale, la dépravation des mœurs entretenue par les effets pervers de la mondialisation et l’aspiration à plus de libertés démocratiques. Aussi, dit-il que le Sénégal a besoin de sursaut patriotique, du fait que le réflexe civique et citoyen est en perte de vitesse dans notre pays. D’ailleurs, on le voit, selon lui, avec ‘’la pollution des trottoirs et des lieux publics, l’abstention électorale, la fraude fiscale, la montée de la délinquance. La déliquescence de certaines valeurs sociétales sénégalaises comme le sens de l’honneur, la discipline, la décence autoritaire, entre autres, sont perdues’’.

Ainsi, pour sauvegarder ces valeurs morales, le colonel Mamadou Gaye interpelle tout Sénégalais à promouvoir le respect de l’autorité, la discipline, le don de soi, le patriotisme…

En dehors de sa casquette militaire, l’homme de tenue maitrise le Coran et parle couramment l’arabe, le français, l’espagnol, l’italien et l’anglais. D’ailleurs, à Kolda, il a, à plusieurs reprises, marqué les esprits, lors de conférences religieuses, à travers de brillantes prises de parole. Dans lesquelles il prônait toujours le retour à Dieu, le respect des prescriptions de l’islam, l’amour du prochain et le culte du travail bien fait.

Le formateur

Né il y a une cinquantaine d’années à Rufisque, le colonel Mamadou Gaye obtient son Baccalauréat en 1982. Il est orienté à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, à la faculté des Lettres, au Département d’anglais. Mais, piqué depuis son enfance par le virus militaire, il se présente au concours d’entrée à l’Ecole nationale des officiers d’active (Enoa), après trois années d’études. A l’Enoa, il fait un cursus de formation classique en officier d’infanterie de l’armée de terre. Il est de la 4e promotion de cet établissement devenu une école d’élite et principal creuset de formation des chefs militaires au Sénégal.

En 1984, le colonel Mamadou Gaye entame une carrière dans l’infanterie. Il accepte ainsi la clause de la mort pour défendre son pays. Avec fierté, il revêt l’uniforme et exerce sa mission. Il est affecté au 12e Bataillon d’instruction, communément appelé Dakar-Bango. L’école de formation de nos vaillants soldats. Pendant trois années, il forme, chaque année, avec ses camarades de classe, 2 000 soldats.

En 1989, il est détaché à la police comme formateur, après le fameux épisode de la radiation des policiers par l’ancien président du Sénégal Abdou Diouf. Il forme ainsi beaucoup de promotions qui vont servir dans les commissariats de police, dans les centres de formation à l’Ecole nationale de police et de la formation permanente, et surtout au Groupement mobile d’intervention où il a été commandant de compagnie. Un poste qui lui a permis de faire beaucoup d’interventions de maintien de l’ordre, de rétablissement de l’ordre en opération combinée ou conjointe avec la gendarmerie et avec les armées.

En 1997, il frôle la mort à Ziguinchor

En 1992, le colonel Mamadou Gaye est détaché à Ziguinchor comme policier du Gmi. Après ce passage à la police, il revient dans l’armée. Il est affecté à Saint-Louis, au 22e Bataillon de reconnaissance et d’appui. En 1994, il fait partie du premier contingent sénégalais envoyé au Rwanda pour mettre fin au fameux génocide. De retour au Sénégal en 1995, il atterrit à l’Etat-major des armées, au bureau de la formation.

En 1997, le colonel Mamadou Gaye est affecté de nouveau à Ziguinchor, cette fois-ci au 3e Bataillon d’infanterie. Dans cette région sud du Sénégal, l’officier a frôlé la mort. Sur le chemin de retour d’une mission, le véhicule qui le transporte avec 5 sous-officiers saute sur une mine. Cinq soldats périssent sur le coup. Il est le seul rescapé de cet accident. ‘’Je n’oublierai jamais ça’’, confie-t-il.

Après Ziguinchor, il est affecté à la présidence de la République comme chef de cabinet de l’inspecteur général des forces armées. Ensuite, il s’en va passer un stage à Bouaké, en Côte d’Ivoire, à l’issue d’un concours de l’Etat-major.

En 2000, il commande le 3e Bataillon d’infanterie de Kaolack. Il est ensuite réaffecté à Ziguinchor où il passe quatre ans (2002-2006). Entre-temps, il a passé le Dagos (Diplôme d’aptitude au grade d’officier supérieur). Un diplôme très sélectif, qui permet aux jeunes capitaines d’obtenir le grade de commandant. Son diplôme en poche, le néo-commandant est encore affecté à Kaolack, à l’Ecole nationale des sous-officiers d’actives de l’Insoa, comme commandant.

Chef des opérations militaires des Nations Unies au Congo

En 2009, il part en mission en République démocratique du Congo, en tant que chef des opérations militaires de la mission des Nations Unies, en même temps porte-parole militaire de la mission, pendant deux années. De retour au Sénégal, il est affecté à l’Ecole nationale des officiers d’active comme commandant. Après deux années, il quitte l’école pour se rendre à Kolda comme commandant de la Zone militaire n°6 qu’il a quittée en 2016.

Actuellement, il est en poste à Dakar, à l’Etat-major général des forces armées.

Un parcours scolaire, professionnel et militaire qui impose le respect.

EMMANUEL BOUBA YANGA

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