Les deux pays jouent la carte de l’apaisement
La guerre du bois n’aura pas lieu. C’est dans la plus grande discrétion que les autorités gambiennes et sénégalaises ont réussi à désamorcer la bombe, après l’arrestation de trois éléments des Eaux et Forêts du Sénégal en territoire gambien.
L’affaire des deux gardes des Eaux et Forêts (Cheikh Mar et Babacar Diakité) et du surveillant des forêts (Seydou Baldé), arrêtés en territoire gambien le 23 février dernier, a connu un dénouement heureux. Ces derniers ont été libérés le même jour par la police gambienne. Et on en sait un peu plus sur les circonstances de cette affaire qui a failli mettre un bémol dans les ‘’relations cordiales’’ notées entre les deux pays, depuis l’avènement du président Adama Barro.
Selon nos sources, le pari était loin d’être gagné d’avance. Mais toutes les autorités administratives, judiciaires et forestières de la région de Kolda se sont joint les mains pour la libération des détenus. Nos interlocuteurs informent que dès le début de cette affaire, instruction a été donnée au chef de secteur des Eaux et Forêts de Vélingara, le capitaine Dame Diop, de se rendre à Bassey où les agents ont été arrêtés, pour s’enquérir de la situation de leur détention et éventuellement négocier leur libération. Le capitaine, accompagné d’Ousseynou Sène, membre du comité transfrontalier Sénégal-Gambie-Guinée-Bissau-Guinée s’est rendu le même jour sur les lieux et a rencontré ses éléments qu’il a trouvés dans de bonnes conditions au commissariat de Bassey. En Gambie, la délégation sénégalaise a été reçue avec tous les honneurs. Les négociations ont surtout été axées, rapportent nos sources, sur la nécessité de préserver les relations de bon voisinage entre les deux Etats. Les Gambiens ayant renouvelé leur volonté de travailler avec le Sénégal dans le cadre de la lutte contre le trafic transfrontalier de bois.
Pour rappel, dans la matinée du 23 février, trois éléments de la Brigade forestière de Fafacourou, comme à l’accoutumée, étaient en patrouille. Dans ce cadre, ils avaient lancé une course-poursuite contre des trafiquants qui avaient fui vers la frontière gambienne. Après avoir interpellé un des mis en cause dénommé Zakaria Mballo, l’un des gardes a été chargé de le conduire au poste forestier de Badion. Les deux autres et le surveillant ont continué la chasse aux charretiers, jusqu’en territoire gambien sans s’en rendre compte. Là-bas, ils ont été pris à partie par des citoyens gambiens qui se sont rués vers eux. Pour les dissuader, un des gardes sénégalais a fait des tirs de sommation avec son arme de type M16. Ce qui n’a pas produit les effets escomptés puisque les Gambiens ont pu les maîtriser avant d’informer leurs autorités policières. En fait, expliquent nos interlocuteurs, le problème est que le village où les agents ont été arrêtés est à cheval entre les deux pays. Outre la libération des agents, la partie gambienne a aussi promis de remettre l’arme dans les plus brefs délais à l’ambassadeur du Sénégal à Banjul.
A signaler que cet épisode n’est pas encore complètement clos puisque les autorités gambiennes ont également formulé une demande de libération de leur compatriote. Le hic, c’est que son dossier était déjà entre les mains du procureur de Kolda, qui va certainement jouer, lui aussi, la carte de l’apaisement.
Mame Talla Diaw