Le policier Ibrahima Dieng acquitté après près de 4 ans d’incarcération
Après 3 ans et 9 mois de détention préventive, le brigadier de police Ibrahima Dieng, en service à l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) a été blanchi des faits de trafic de drogue et de blanchiment de capitaux pour lesquels il était écroué. La Chambre criminelle de Dakar a également acquitté ses co-accusés Awa Thiam et Sunday Obidima alias ‘’Junior’’.
‘’Un policier de l’Ocrtis arrêté pour trafic de drogue’’. Ce titre de plusieurs manchettes avait fait le buzz, en 2014. Après 30 ans de service, le brigadier de police Ibrahima Dieng voyait son nom trainé dans la boue. A l’époque, le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, avait jeté en pâture l’agent de l’Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis). ‘’Ce qui est constant, en aucune façon, il ne saurait y avoir de brebis galeuses. L’enquête est en cours. C’est un agent véreux qui a été incriminé. Sous ce rapport, toutes les conséquences en seront tirées’’, disait-il, en faisant fi de la présomption d’innocence et persuadé que l’agent était fautif.
Aujourd’hui, la justice a blanchi celui qui a été présenté, lors de son procès, comme l’un des trois meilleurs agents du Sénégal en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants.
Dans son verdict rendu hier, la Chambre criminelle de Dakar a acquitté Ibrahima Dieng. Alors que le parquet avait requis 12 ans de travaux forcés contre lui, il recouvre la liberté après 3 ans et 9 mois de détention préventive. Ses co-accusés, Awa Thiam et Sunday Obidima alias ‘’Junior’’, qui encouraient 15 ans de travaux forcés, sont également libres. Les juges ont également ordonné la restitution des objets saisis, notamment des véhicules et des bijoux en or appartenant à la mère d’Awa Thiam. D’ailleurs, c’est la seconde fois que cette dernière est acquittée par une juridiction criminelle pour des affaires liées au trafic de drogue.
Le trio avait été inculpé pour association de malfaiteurs, trafic de drogue et blanchiment de capitaux. Leur arrestation est partie d’un renseignement faisant état d’un vaste trafic de drogue dure entretenu par la nommée Awa Thiam et le policier Ibrahima Dieng. Exploitant l’information, les éléments de la section de recherches ont commencé à filer les suspects durant des semaines, avant de les arrêter le 12 mai 2014. Awa Thiam a été appréhendée, en premier, chez elle. Elle venait de recevoir d’un Nigérian du nom de George 53 grammes de 8 plaquettes de haschich d’un poids total de 655 grammes, avant de repartir. Le policier sera arrêté à son tour aux environs du domicile de la dame. Lors du procès, il a soutenu qu’il était sur place afin d’identifier le livreur de la drogue, puisque Awa Thiam était ‘’une source’’ avec qui il travaillait depuis 2012.
Victime collatérale
Par rapport aux 96 g de cocaïne et le cornet de chanvre indien retrouvés dans son véhicule, le policier indiquait aux juges qu’il ignorait même la quantité. Car la drogue provient d’une saisie qu’il avait faite à Yoff, avant de se rendre chez Awa. Le policier avait non seulement clamé son innocence, mais il avait laissé entendre avoir été victime du commissaire Cheikhouna Keïta qui l’aurait menacé. ‘’Un jour, il m’a appelé dans son bureau en me disant : ‘Si tu n’arrêtes pas d’interpeller les Nigérians, tu vas mourir. Ils vont te brûler vif dans ton véhicule’, alléguait l’agent d’infiltration. Il avait également soutenu devant les juges que l’ex-éphémère directeur de l’Ocrtis a même grillé la couverture dont bénéficiait Awa Thiam. ‘’Lorsqu’il a eu des liens avec les Nigérians, il est allé leur dire qu’Awa était l’indicatrice qui les dénonçait’’, déclarait le policier. Selon ses avocats, il est victime de la guéguerre qui minait l’Ocrtis.
Vrai ou faux, Ibrahima Dieng est sorti avec un acquittement, dans cette affaire.
FATOU SY