Publié le 11 Mar 2018 - 02:44
CEREMONIE DE DEDICACES

Confessions intimes de Mankeur Ndiaye

 

A la place pendant 20 ans, Mankeur Ndiaye a connu des heures de gloire, mais aussi des moments chargés de tristesse. C’est d’ailleurs pendant ces moments de spleen profond, faisant suite au départ de Cheikh Tidiane Gadio du ministère des Affaires étrangères, qu’il a pris la résolution décrire son ouvrage sur la diplomatie sénégalaise. La cérémonie de dédicaces a réuni ce vendredi, sous la présidence du Premier ministre, tout le gotha de la République.

 

De loin, il a l’air d’un homme comblé, accompli, après une carrière bien remplie, sans aucune tache. Mais, de l’intérieur, le diplomate, malgré sa carapace en béton, a du mal à oublier certaines étapes de sa vie professionnelle. On sent encore une douleur intense, quand il en parle. La voix tremblotante, le visage on ne peut plus crispé, Mankeur Ndiaye brise le silence sur sa galère au ministère des Affaires étrangères sous l’ère Madické Niang.

Nous sommes en 2009. Un vent fort de changement souffle sur la place de l’Indépendance, siège du ministère des Affaires étrangères. Cheikh Tidiane Gadio vient d’être emporté. Me Madické Niang prend le poste. C’est le début du calvaire pour Mankeur Ndiaye, désormais ex-directeur de cabinet du Mae. Non seulement il quitte au mois de juin de la même année, mais il est mis au frigo. Tous les jours, il se rend au ministère à 8 h. Tous les jours, c’est pour se ronger les ongles. Contempler le décor. ‘’Après sept ans au poste de directeur de cabinet, je me retrouve comme ça, du jour au lendemain, sans aucune tâche. De novembre 2009 à juin 2010, je n’ai aucune activité. Aucun courrier à traiter, aucun dossier à étudier. Je ne participais à aucune mission…’’, confesse-t-il, la mort dans l’âme.

Pourtant, il aurait pu tellement apporter à la nouvelle équipe qui venait d’arriver. Hélas, sa disponibilité renouvelée n’a jamais été utilisée par l’équipe de Madické Niang. Pour couronner le tout, il est affecté à Bamako. Ce qui sonne, aux yeux de ses proches, comme une sanction. Ces derniers lui conseillent de ne pas l’accepter. Mais c’était ignorer une partie de l’homme. Fonctionnaire ‘’dévoué’’, serviteur ‘’émérite’’ de l’Etat, selon plusieurs témoignages, il est prêt à accepter même une affectation à Koulikoro, si c’était un Etat, s’explique-t-il devant une salle admirative.

De cette période obscure, affligeante, pleine de tristesse, jailliront deux perles de lumière qui illumineront l’itinéraire du diplomate, ancien instituteur dans le Diéry (Fouta), ‘’digne fils du Walo’’, selon son ami d’enfance Diomboss Diaw avec qui il a fait la classe de Ci.

D’abord, après des moments de profondes méditations, l’homme se rebiffe. Au lieu de continuer à contempler les plafonds à se morfondre de chagrin, il se penche sur son ordinateur, utilise ces temps de misère pour consigner dans un livre ses ‘’20 ans à la place’’. Un livre ‘’passionnant’’ pour le très rigoureux professeur de lettres Amadou Ly. Aux confluents entre le roman et l’autobiographie, le livre de Mankeur est digne d’intérêt, selon lui. ‘’Ce livre nous permet, en tant que profane, de se faire une idée sur le métier de diplomate. Nous apprenons également beaucoup sur la vie de ce personnage exceptionnel. Aussi, a-t-il une belle maitrise de la langue’’, déclare le professeur qui déflore quelques points saillants de l’ouvrage.

Mankeur parle, en effet, d’une partie de sa vie de Walo-Walo. Il retrace son parcours scolaire, professionnel, revient sur son itinéraire de militant de gauche. A ce titre, le professeur retient un passage très important du personnage qui, en tant que diplomate, a appris à servir un Etat, non un régime. Il en veut pour preuve son brillant parcours qui lui a permis de servir avec beaucoup d’aisance aussi bien sous l’ère du socialiste Abdou Diouf, du libéral Abdoulaye Wade et maintenant d’un troisième dont il ignore la véritable appartenance, peut-être libéral-social, raconte le présentateur du livre avec beaucoup d’humour, plongeant ainsi la salle dans l’hilarité…. Un livre à découvrir absolument, selon lui.

L’affectation au Mali

L’autre évènement majeur né des moments de spleen au cabinet du Mae, est son affectation à Bamako que d’aucuns considéraient comme un affront. Comme le dit si bien l’adage, à quelque chose malheur est bon. En l’éloignant dans le vaste et aride Mali, les ‘’bourreaux’’ de Mankeur étaient peut-être loin de se douter qu’ils le mettaient, sans le vouloir, sur le chemin de la consécration. C’est du moins la conviction forte du père de Maïmouna.

‘’C’est, en effet, à Bamako que j’ai mieux connu le président Macky Sall. Si je n’avais pas été là-bas, peut-être je n’aurais pas eu cette rencontre qui m’a permis d’être nommé ambassadeur à Paris, juste après sa prise de fonction. Après six mois seulement en France, je suis rappelé pour occuper le poste de ministre des Affaires étrangères’’, affirme le nouvel écrivain sous les vivats du public et de la voix ravie de Doudou Ndiaye Mbengue. Mais l’ancien militant du Parti africain pour l’indépendance ne décolère pas contre cette vile pratique du règlement de comptes qui ne sert pas la diplomatie.

‘’Il faut que les gens soient plus républicains, généreux même avec leurs prédécesseurs. C’est ainsi que l’on pourrait être mieux utile à notre pays’’, conseille-t-il avec plein de sagesse.

Cela dit, l’ancien étudiant au Département de français de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar n’a pas oublié de parler de certaines lacunes dans la formation des diplomates sénégalais. Il s’agit d’abord et avant tout de la lancinante question des langues étrangères. Deux ans d’apprentissage de l’anglais, c’est insuffisant, plaide-t-il. Car, sur la scène internationale, c’est cette langue qui est la plus usitée. Mais il ne faut pas s’arrêter au français et à ‘’Shakespeare’’. Il faut aussi introduire l’apprentissage d’autres langues comme le russe et le chinois à l’Ena. Parce que, ajoute-t-il, le chinois est une langue de l’avenir. D’ailleurs, à cet effet, le très taiseux conseiller diplomatique du président de la République Macky Sall, son binôme Omar Demba Ba, dira que Mankeur, dès qu’il est arrivé à New York, s’est inscrit pour apprendre le chinois. Ce qui n’a pas manqué de surprendre certains de ses collègues. C’est que, croit dur comme fer l’ancien ministre des Affaires étrangères, un diplomate doit connaitre les différentes langues du Conseil de sécurité. Mankeur Ndiaye estime également qu’il faut revoir le contenu de la formation…

Carriérisme

Au demeurant, le Walo-Walo est revenu sur l’indispensable nécessité de motiver les diplomates affectés dans les pays africains. A ce titre, il aura joué un rôle fondamental. Avec humour, il parle du secret des 4 saisons. Au Mae, ce que beaucoup ne savent pas dès qu’arrivait la période des affectations, l’ambiance devenait morose. Quand il avait la lourde tâche d’en décider, Mankeur a vu et entendu toutes sortes de prétextes venant des diplomates qui voulaient tous prendre les airs pour une affectation dans les pays où les 4 saisons de l’année sont encore de rigueur.

En Europe par exemple ou aux Etats-Unis. Il raconte : ‘’Il y en avait qui venaient vous dire que ma femme est malade, pouvez-vous me trouver un poste à Paris pour la soigner ? Mon enfant est malade, je veux rester à ses côtés…’’ Tous fuyaient les capitales africaines comme la peste. Une fois patron de la boite, Mankeur a tenu à renverser la tendance. Il propose et obtient une revalorisation des salaires des diplomates affectés en Afrique. Désormais, ces derniers ont les mêmes traitements. Et partant de ce fait, certains préfèrent maintenant revenir en Afrique pour être proches des leurs. ‘’Beaucoup veulent rester à Banjul qui est maintenant plein comme un œuf’’, révèle l’ancien ministre des Affaires étrangères et actuel patron du Comité national de l’initiative pour la transparence dans les industries extractives du Sénégal.

Mor Amar

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