Fass et Médina sous haute surveillance
À quelques jours du combat de lutte avec frappe Gris Bordeaux / Modou Lô, la tension est vive aux HLM Fass et à Médina, fiefs du 3e ''Tigre''. Comme recroquevillées sur elles-mêmes, ces deux localités interdisent leur accès aux étrangers, dont les journalistes. Pour des raisons de protection mystique. Reportage.
''Jamais un combat ne m'a aussi tenu à cœur que celui-ci'', avait laissé entendre le lutteur Gris Bordeaux lors de son deuxième fac-à-face avec Modou Lô. Et pour s'en rendre compte, il faut faire un tour à Fass et à Médina, fiefs du 3e ''Tigre''. À quelques jours du combat prévu dimanche, le décor est déjà campé, l'ambiance est survoltée de Fass à la Médina en passant par les rue 43, 31, 39, 15. Tee-shirts à l'effigie du chef de file de l'écurie de Fass bien en vue, débats sur la lutte, des jeunes postés à chaque coin de rue, filtrent les entrées et sorties. ''Depuis deux semaines, ici, à HLM Fass comme à la Médina, les jeunes ne dorment pas la nuit, ils ne font que veiller pour surveiller les rues'', confient le vieux Ibrahima Ndiaye.
Dans ce contexte, les étrangers ne sont pas les bienvenus dans ces localités où le climat est à la méfiance. ''Il y a quelque temps, des inconditionnels de Gris avaient bastonné une personne pendant la nuit, arguant que Modou Lô l'aurait envoyé pour combattre mystiquement son adversaire. Il n'a été relâché qu'après s'être lui-même présenté comme un simple voleur'', relate un habitant de la Médina qui a préféré gardé l'anonymat. Un autre informateur anonyme ajoute : ''La semaine dernière, la voiture de Gris a failli être caillassée par les jeunes vers 3 heures du matin ; ils l'avaient confondue avec celle de Modou Lô''.
Face à cet engouement des supporters, les confectionneurs de tee-shirts se frottent les mains. ''Je ne fabrique que des tee-shirts sur commande des supporters, se réjouit le tailleur El Hadji Kogna Diop, tout sourire. Pour l'instant j'ai vendu 45 tee-shirts à 3000 FCfa l'unité''.
École Abdoulaye Mathurin Diop de la Zone B, un bunker
Les mesures de sécurités pour protéger le lutteur sont encore plus drastiques à l'école Abdoulaye Mathurin Diop de la Zone B, lieu d'entraînement de Gris Bordeaux, qui ressemble à une forteresse impénétrable. Devant l'entrée principale de l'établissement, des proches habillées de t-shirt rouge à l'effigie du lutteur, visages fermés, avares en paroles aimables, filtrent le passage de plus d'une trentaine de curieux et fans de tous âges et tous sexes maintenus à une distance de 20 mètres de l'entrée par des barrières érigées pour contenir la foule elle aussi sous tension. ''Ici, nous sommes entre nous, personne ne peut nous infiltrer ou faire quoi que ce soit'', avance l'un d'entre eux, sûrement membre de l'Association des supporters de l'écurie Fass (Asef).
MAMADOU LAMINE SANÉ